Holbrooke face à l’Afghanistan: un accablement significatif

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Ceci représente sans doute une certaine surprise. La prestation de Richard Holbrooke à la Wehrkunde de Munich ce week-end, a été, d’un certain point de vue, assez inattendue. Le ton employé par l’envoyé spécial de l’administration Obama au Pakistan et en Afghanistan a été assez différent de ce qu’on pouvait attendre d’un homme réputé pour sa brutalité et sa propension à bousculer les autres, spécialement ses alliés. Au lieu d’employer une rhétorique volontariste destiner à fustiger les alliés pour leur manque de coopération, Holbrooke s’est montré plutôt avec une certaine réserve de ce point de vue, s’employant surtout à des lamentations sur la situation en Afghanistan, en en rejetant implicitement la faute sur l’administration précédente et sur le comportement à l’intérieur de l’OTAN en général. («What is required in my view is new ideas, better coordination within the US government, better coordination with our NATO allies and other concerned countries, and the time to get it right.»)

Un rapide compte-rendu de BBC.News, le 8 février, en témoigne.

«President Obama's envoy to Afghanistan has said winning the conflict there will be “much tougher” than in Iraq. Richard Holbrooke told a conference in Munich: “I have never seen anything like the mess we have inherited.” […] The envoy, who is to embark on a tour of the region soon, also said: “It is like no other problem we have confronted, and in my view it's going to be much tougher than Iraq. It is going to be a long, difficult struggle.”»

Le général Petraeus, commandant Central Command, également à Munich, a adapté la rhétorique de la lutte contre la crise économique à l’Afghanistan: «Afghanistan [is] likely to get harder before things improved…»

Ces prises de position qui sont marquées par tout ce qu’on veut sauf une position triomphale et volontariste sont un peu l’écho d’indications diverses, notamment venues de Washington, selon lesquelles, finalement, Obama n’aurait encore rien décidé concernant l’Afghanistan. Selon le Sunday Times, hier, Obama voudrait se faire sa religion avant d’ordonner le renforcement annoncé de 30.000 hommes, ce qui indique un changement par rapport aux certitudes annoncées, – à savoir, qu’il ne s’est pas fait sa religion sur ce renforcement, justement: «There is concern among senior Democrats that the military is preparing to send up to 30,000 extra troops without a coherent plan or exit strategy.

»The Pentagon was set to announce the deployment of 17,000 extra soldiers and marines last week but Robert Gates, the defence secretary, postponed the decision after questions from Obama. The president was concerned by a lack of strategy at his first meeting with Gates and the US joint chiefs of staff last month in “the tank”, the secure conference room in the Pentagon. He asked: “What’s the endgame?” and did not receive a convincing answer.»

Alors, vient la question: que va faire Obama si les militaires ne peuvent répondre à sa question “What’s the endgame?”, – ce qui nous semble assez probable? C’est le problème fondamental de l’Afghanistan depuis quelques années: à quoi sert cette guerre? Y a-t-il une stratégie et, notamment, selon le terme affectionnée par les stratèges, une “stratégie de sortie”? Au lieu de montrer, comme elle l’avait annoncé, une détermination à poursuivre la guerre en en faisant le front central de la “guerre contre la terreur” (concept qui fait partie de “the mess we have inherited”, comme dit Holbrooke), l’administration Obama laisse voir des incertitudes notables et un accablement sous le poids de ce fardeau sans beaucoup de sens qu’est la guerre en Afghanistan. Cette situation semble laisser la porte ouverte à des changements de cap, par rapport à la détermination initiale d’Obama d’accentuer le rythme de la guerre.


Mis en ligne le 9 février 2009 à 06H36