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576810 août 2023 (12H30) – On commence par un article de CNN (du 8 août) qui a eu beaucoup d’échos. Plein de précautions de langage, de phrases farcies de conditionnels, de verbes et d’expressions tels que “sembler” et “il se pourrait que”, il présnte “sobrement” le naufrage des dernières illusions du simulacre que fut le conflit en Ukraine aux origines de l’affrontement, – lorsqu’il n’était pas insensé ni obscène, vous vous en rappelez, de prévoir que l’armée ukrainienne irait jusqu’aux murs de Moscou, à la poursuite d’une armée russe débandée, incompétente, armée de pétoires et de guenilles d’un autre temps.
Ainsi commence l’article de CNN :
« Des semaines après le début de la contre-offensive très attendue de l'Ukraine, les responsables occidentaux décrivent des évaluations de plus en plus “décevantes” quant à la capacité des forces ukrainiennes à reprendre des territoires importants, ont déclaré à CNN quatre hauts responsables américains et occidentaux informés des derniers renseignements.
» “Ils vont encore voir, au cours des deux prochaines semaines, s'il y a une chance de faire des progrès. Mais je pense qu'il est très, très improbable qu'ils en fassent suffisamment pour changer l’équilibre de ce conflit", a déclaré un haut diplomate occidental à CNN.
» “Nos réunions d'information [avec le Pentagone] donnent à réfléchir. On nous rappelle les défis auxquels ils sont confrontés”, a déclaré Mike Quigley, un élu démocrate de l'Illinois récemment rentré de réunions en Europe avec des commandants américains entraînant les forces blindées ukrainiennes. “C'est le temps le plus difficile de la guerre”. »
Joli phrase, “le temps le plus difficile de la guerre”, pour résumer symboliquement une évolution inéluctable de la perception du conflit ukrainien. Le phénomène actuel, dans la presseSystème américaniste, progresse sous la pression des nouvelles du théâtre de la guerre qu’il est devenu impossible de dissimuler, d’ignorer, de traficoter. On sait bien, et c’est pour moi un objet d’une profonde tristesse et d’un mépris inévitable, que cette évolution est beaucoup plus lente, sinon inexistante dans nombre de cas, dans la presseSystème en Europe ; – et malheureusement, et cause centrale de cette profonde tristesse et de cet inévitable mépris, “inexistante” surtout en France...
Note de PhG-Bis : « Grognements et grondements à voix basse de PhG : “ce pays, mon pays, avec ces élites totalement addictées à la narrative du simulacre, totalement perdu et à la dérive sur cette question russo-ukrainienne et la GrandeCrise ‘Ukrisis’, avec un président d’une si grande indigence intellectuelle qu’il en devient un président encore plus-neocon que le sénile Biden. Macron, c’est vraiment l’ultime et suprême calvaire que les dieux imposent à la France.” Amen. »
On revient aux cow-boys... Interrogé par ‘SputnikNews’, le journaliste indépendant Daniel Lazare (à gauche, toute) donne une explication générale du changement général de ton de la presseSystème américaniste, au long de ce qu’on désigne comme la “contre-offensive” ukrainienne. Il la justifie essentiellement, tactiquement je veux dire, par le fait que la situation ukrainienne commence à ressembler, du point de vue de l’impact possible sur le public, à la catastrophe de l’Afghanistan.
« Après deux mois de contre-offensive ukrainienne, la presse américaine se rend enfin compte que l'offensive se déroule extrêmement mal L'Ukraine a fait des gains minimes en raison des défenses russes très denses, y compris les mines et les essaims de drones, qui changent complètement l'équation du champ de bataille. C'est une nouvelle dévastatrice pour l'administration Biden qui, après la retraite désastreuse d'Afghanistan en août 2021, se retrouve deux ans plus tard face à une situation tout aussi dangereuse en Ukraine. »
Là-dessus, Lazare tente d’expliquer le comportement de la presseSystème. Son approche peut en étonner certains dans la mesure où il parle d’“honnêteté” et de “franchise” de cette presseSystème. Non, cela ne manque ni de sens, ni de justesse.
Lazare implique, selon ma perception dite en mots précis, que cette presseSystème vit dans le simulacre de sa soumission à la narrative officielle ; elle est “honnête” par rapport à cette soumission, et sa “franchise” renvoie à cette soumission. Il s’agit de le savoir pour faire la part des choses, et de saluer l’“honnêteté” et la “franchise” de l’esclave du simulacre. Il est par conséquent assez injuste de chercher un complot, d’y voir des mensonges délibérés et ainsi de suite. Il y a une croyance totale, une sorte d’ivesse, d’addiction au simulacre... Et maintenant, bon, il s’agit d’en sortir !
On serait presque attendri par cette présentation, qu’il faut à notre avis accepter comme une hypothèse très satisfaisante. Lazare ne les exonère d’ailleurs aucunement d’avoir exécuté une tâche mensongère et faussaire, il constate simplement l’excellent travail effectué de ce point de vue et la logique interne qui le caractérise. Maitenant, place à la souffrance de devoir sortir des griffes du simulacre. Pour notre compte et pour ma part, il est permis d’envisager de s’abstenir de trop verser de larmes sur leur pauvre sort ; il l’ont bien cherché, ils l’ont bien voulu, ils l’ont bien fait, – Ainsi soit-il...
« Ces articles ne sont pas un stratagème. Ce n'est pas ainsi que fonctionnent les médias américains. Ils sont honnêtes... CNN dit les choses telles qu'elle les voit, à sa manière limitée. Après des mois de propagande en faveur du Pentagone, où CNN a essentiellement suivi la ligne du ministère de la défense jusqu'au bout, elle se rend compte qu'elle ne peut plus le faire longtemps, car les faits lui sont fortement défavorables. CNN, le New York Times, Politico, etc. sont donc contraints de reconnaître la réalité de ce qui se passe en Ukraine. Et c'est extrêmement négatif du point de vue des États-Unis. Je pense qu'il s'agit d'un processus d’une sorte de désintoxication. Ils alertent leurs lecteurs sur le fait que la situation en Ukraine devient dangereuse et négative pour les intérêts stratégiques américains. Ils les préparent donc au pire. Mais c'est honnête dans le sens où personne ne corrompt CNN et où elle n'a pas d'arrière-pensée. Elle ne fait que dire la vérité à sa manière, à moitié folle et politiquement déformée. »
“La vérité à sa manière”, phrase décisive pour ces temps incertains. Je l’accepte pour mon compte puisque je n’ai pas (encore ?) la capacité de sortir de ces temps ni de les faire changer, et par conséquent je ne manquerai jamais de dire la “vérité à ma manière”. A bon entendeur ! Passez outre et muscade à la fois, et rendez-vous sur la tombe de notre-civilisation.
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