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376923 mars 2021 – Madame Ramsay, responsable de la vaccination à Public Health England, l’organisme de santé publique du Royaume-Uni (UK) est de la bande des “sachants”. Nul ne peut l’ignorer et donc nul ne l’ignore, et surtout pas le gouvernement de Sa Majesté qui écoute ses conseils avec la plus grande attention. Je crois pourtant qu’on aurait préféré l’ignorer lorsqu’on l’entendit, dimanche, à la BBC. Elle nous disait : “mes petits agneaux chéris, vous en avez pour des années et des années”.
Enfin, je laisse la plume à RT.com (UK), pour un rapide compte-rendu assorti d’un clin d’œil à destination du front. (Car cela bastonne dur, à Londres, en Allemagne, à Marseille et ainsi de suite, en dépit de leur “dictature sanitaire” et des diverses interdictions et mesures de restriction et de contrainte qui l’accompagnent.)
« Les nouveaux cas de Covid-19 au Royaume-Uni ont été divisés par dix depuis début janvier, et plus de 27 million de Britanniques, – plus de la moitié de la population adulte - ont reçu leur première dose de vaccin contre le coronavirus. Par rapport à l'augmentation des cas sur le continent et à un taux de vaccination moyen de l'UE d'environ 10%, le Royaume-Uni semble gagner sa guerre contre le Covid-19.
» Les Britanniques qui espèrent un abandon de toutes les mesures de défense sanitaire devraient se retenir avant de soupirer d’aise.
» C'est ce qu'a implicitement laissé entendre Mary Ramsay, responsable de la vaccination à Public Health England. Mme Ramsay a déclaré à la BBC dimanche que des masques et un éloignement social pourraient être nécessaires pendant “plusieurs années”, ou “au moins jusqu'à ce que d'autres parties du monde soient aussi bien vaccinées que nous et que les chiffres aient baissé partout”.
» Les vaccins étant distribués de manière inégale dans le monde et les habitants des pays les plus pauvres devant attendre des années avant de se faire vacciner, la prédiction de Mme Ramsay pourrait être réaliste, si le gouvernement britannique suit ses conseils. […]
» Ramsay a affirmé que “les gens se sont habitués” à porter des masques et à pratiquer la distanciation sociale, déclarant à la BBC que “les gens peuvent vivre avec, et l'économie peut continuer à fonctionner avec ces restrictions moins sévères en place”.
» Cependant, le public pourrait ne pas être aussi docile qu'elle le suggère. Des milliers de personnes ont défilé samedi à Londres pour protester contre le verrouillage national et les restrictions liées au virus. La police a arrêté plus de 30 personnes pour avoir enfreint les règles du Covid. »
Certes, la perspective est très vague, comme tout l’est aujourd’hui dans le maxi-drame globalisé de la Covid, cette espèce de folie-sanitaire qui mêle le tragique kafkaïen au kafkaïen-bouffe. Hier, sur LCI, des gens aussi différents et aussi généralement “dans les clous” que Gérard Miller et Alexis Brézet n’en pouvaient plus de tourner en dérision les incroyables imbroglios des décisions, consignes incompréhensibles, conseils, fureurs, calculs, prévisions démenties, repentances, tournants à angle droit de la Macronie, de son gouvernement, de sa bureaucratie picrocolesquement enfoncée dans un rébus perdu dans un labyrinthe.
L’un disait que, « finalement, on est obligé de penser qu’ils ne font pas ça tout seul, qu’ils ont dû prendre des cours de maladresse » ; l’autre parlait du temps où des experts faisaient profession de comprendre les insondables énigmes de la politique du Kremlin (« une devinette enveloppée dans un mystère à l'intérieur d'une énigme », disait fameusement Churchill), et on les baptisait des kremlinologues ; et il poursuivait en observant qu’aujourd’hui l’on aurait besoin de macronologues ou de castexologues.
Il faut mettre ces divers éléments en balance. L’avertissement de madame Ramsay conforte indirectement ceux qui pensent, comme Naomi Wolf qui n’est pas “complotiste”, que nous sommes entrés dans une dictature fasciste qui ne dirait pas encore son nom, que nous y sommes d’ores et déjà. Mais il y a la réalité qui nous interpelle à chaque instant, cette extraordinaire dissonance entre la puissance de contrainte et d’ordre policier pour imposer l’obéissance par persuasion ou force qu’implique une dictature, et que l’on trouve si souvent déployées par les temps qui courent ; et la maladresse, les contradictions, le désordre, la prudence et l’irresponsabilité, l’incivilité et la désobéissance qui accompagnent la réalité de la crise de la Covid, et chaque jour davantage, chaque jour dans une vague de plus en plus forte de contestation pas vraiment réprimée et nullement contenue, chaque jour selon une montée de la tension qui est exactement le contraire de l’ordre intérieur impeccable et implacable qu’exige une dictature.
C’est cela qui me rend perplexe. Il ne fait aucun doute que bien des dirigeants ont eu des pensées secrètes et condamnable depuis le début de la pandémie ; mais, à mon avis, moins que l’on imagine et que l’on dénonce, la surprise des événements impliquant une pression constante qui empêche de rêver ces petits esprits enfermés dans des stéréotypes ; ces esprits faibles, bas, sans imagination ni audace, ces esprits faits pour des temps de faillite et de mollesse, continuellement emportés de contrepieds où leurs belles assurances en papier mâché ne cesse de se heurter au démentis cruels des événements que nul d’entre eux ne peut prévoir.
Ce qui me frappe, au contraire et me paraissant bien plus ferme et résolu, c’est l’extraordinaire désordre, de tous les côtés, que ce soit du côté des dirigeants qui ne savent quelle décision décisive et définitive prendre ; que ce soit du côté des médecins qui pressent pour l’aspect sanitaire et qui se divisent de plus en plus ; que ce soit du côté des gens pas contents, voire malades d’autre chose que la Covid mais à cause de la Covid (effets sur la psychologie, certes).
D’un côté, je comprends fort bien madame Ramsay, qui entend, en bonne anglo-saxonne, obtenir la capitulation sans condition du virus, – on ne fait pas de prisonnier, et passez-moi tout cela au fil de la seringue ! Je pense que son avis prévisionniste sera rencontré chez nombre de ses collègues versés dans la rigueur et la prudence sanitaires, et que les dirigeants politiques, qui ne savent que faire, jugeront prudents d’avaliser son jugement. Mais au-delà…
Car d’un autre côté, il y a le reste et il est inutile de vous faire un dessin ni de m’attarder à cet égard. Je ne crois pas une seconde qu’avec cet appareil extraordinaire de narrative, de bavardages incessants sur la démocratie et les droits de l’homme, de fantastiques moyens et technologies de la communication à notre disposition, on parvienne à une contrainte policière de quelque façon que ce soit. Voyez leurs activités censoreuse, dans le cadre de Big Tech : elle est tellement bête, stupide, pavlovienne, qu’elle intervient à tout propos, certes sur des cas justifiés selon elle, mais également sur une infinité de peccadilles, de plaisanteries, d’actes de bonne foi tous interprétés méchamment par leurs immensément stupides algorithmes qui se prennent pour autant de guillotines ; à chaque occasion, suscitant un peu plus la contestation, la dénonciation, le rébellion par des gens paisibles et innocents qui se trouvent soudain furieux de l’injustice de l’aveugle et grossière bêtise de la machinerie, et ainsi grossissant les rangs de la dissidence.
Comment voulez-vous construire une dictature stable dans ces conditions, – car enfin, une dictature doit être stable, – Société du spectacle, j’entends bien, mais dont le spectacle doit chaque jour être plébiscité, à l’occasion faire salle comble dans l’enthousiasme. Pour réussir, la Société du spectacle doit nous donner chaque soir l’espoir de ce que fut le Cyrano de Bergerac de Rostand lors de ses premières représentations, dont tout-Paris parlait et résonnait au son de ses fières paroles ! Au lieu de quoi, Macron et ses conseils de maintien, “Zuck” le gamin parano qui croit tenir le monde, Biden “homme le plus puissant du monde” trébuchant et marmonnant, c’est le four garanti, l’affiche déchirée, la salle désertée et reconfinée…
Ainsi, je ne crois pas à leur projet de dictature, ni que nous soyons en dictature assurée. Je ne crois pas non plus au contraire, dictature renversée et dénoncée, – puisqu’il n’y a pas de dictature ! Et je suis conduit plus que jamais à mon cul-de-sac opérationnel et rationnel, cul-de-sac selon la raison dans le jugement… Mais je ne crois pas à la raison-seule qui est raison-subvertie, alors… Alors, je m’incline bien volontiers devant l’inconnu absolu, suprahumain, de notre destin.
Nous sommes dans un piège extraordinaire dont nous avons-nous-mêmes noué les liens, scellés les barreaux. Nous sommes prisonniers d’une gigantesque impasse et nous ne pouvons supporter cela, presque au bord de la folie, du délire maniaque, de la suicidaire dépression, conduit par des directions qui ne peuvent accepter de tels désordres de l’esprit et de la psychologie, qui s’agitent donc en tous sens pour contenir cette rage affreuse. Ils nous tiennent prisonniers et nous hurlons à cette infamie ! Or, la condition de leur recette idéologique, c’est que, prisonniers certes, nous disions notre bonheur, notre bien-être, notre satisfaction infinie d’en être là ; et eux, bien entendu, complètement prisonniers de cette exigence qu’ils ne parviennent pas à satisfaire...
Ne voyez-vous pas cette terrible impasse, cet affreux cul-de-sac ? Je suis donc conduit à vous dire que viendra le paroxysme libérateur comme toute toutes ces choses organisées dans l’infini du cosmos, mais nous ne verrons rien venir, nous n’en saurons rien avant que ne se soit produite la chose… Ainsi parlait Zarathoustra en vérité, derrière sa splendide exhortation à la volonté de libération, nous ouvrant la perspective de l’harmonie, de l’équilibre et de l’ordre. Il faut savoir lire Zarathoustra entre les lignes.
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