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15962 août 2016 – Est-ce la coutume du mois d’août qui voulait que l’actualité du monde, sauf pour cas de Guerre Mondiale, se fasse in abstentia et que ce temps-là, de mon très vieux temps d’avant, était alors vécu comme une période d’indolence qui ne manquait pas d’un doux attrait ? (Dans ce temps-là où l’on chantait Paris au mois d’août et où l’épouvantable grouillement du tourisme globalisé n’avait pas encore posé son groin sinistre et son poids écrasant sur le monde, la capitale, où je passai ce mois-là une année ou l’autre, révélait un charme comme inactuel et magnifique, qui se savourait comme un délice de l’âme et du cœur. Nous vivions comme on fréquente un poème.) Cette année pour mon compte, – je parle de 2016, – c’est comme si le phénomène s’installait effectivement, – je ne parle plus de Paris mais plutôt d’une façon symbolique, au nom du veilleur de la communication que je suis devenu, – mais dans sa plus complète inversion. Le calme et le silence en un sens, mais comme un raté, un passage à vide qui se révélera très bref, bien en-deça du mois, dissimulant à peine les affreux bouillonnements qui se préparent.
Les lampions des fiestas américanistes que sont les conventions se sont éteintes. Elles ont montré le terrifiant volume de haine, de tromperie, de veulerie, de volonté de destruction qui marque aujourd’hui la bataille politique, pour des objectifs si incertains à moins qu’ils ne renvoient aux symboles les plus simples qu’on qualifiera également de terrifiants. (L’un des deux a décidé de qualifier sa concurrente du simple terme de Devil et le plus remarquable est que cette apostrophe ne paraît nullement outrée ni déplacée dans le climat régnant.) Les autres crises semblent également moins tonitruantes, que ce soit la Turquie, le terrorisme et son cortège d’outrances, d’impasses et d’aveuglement, le naufrage de l’Europe, les perspectives de guerre contre la Russie, et tout le chaos du monde en général. Tout cela n’apaise rien et ne fait que ressortir le silence de l’angoisse qui veille, et ne conduit qu’à cet avertissement exprimé comme l’évidence, venu du Ciel ou bien des entrailles du Mordor : “Vous ne perdez rien pour attendre...”
C’est un de ces moments d’entre-deux et d’entretemps comme l’on en connaît, mais dans ce cas si fortement symbolisé par le contraste avec le fracas de l’une ou l’autre semaine d’avant, par l’ivresse et le vertige d’où l’on croit sortir et où l’on sait qu’on retombera aussi vite. Pour cette fois, avec le calme nullement simulé de mon esprit et de ma plume, je suis dans cet état où il devient futile sinon impossible d’avancer un avis, une prédiction, etc., quelque chose comme “l’automne sera terrible”, “le calme avant la tempête” ou “l’œil du cyclone”... Rien qu’une lassitude temporaire, qui vous fait pourtant mesurer sa profondeur vertigineuse ; vous êtes à la fois spectateur et acteur, vous interrogeant vaguement et vainement sur le sens de ces événements que vous continuiez à observer hier et sur l’utilité de la bataille que vous continuerez à mener demain ; à la fois assuré de ne trouver aucune réponse qui satisfasse, et confirmé de l’importance dérisoire de cette insatisfaction. Les événements du monde dictent leur loi et nul ne peut prétendre ni l’ignorer ni la contourner. Le mois d’août nous chuchote notre destin.