Humeur de crise-22

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Humeur de crise-22

31 août 2016 – Excusez-moi, excusez-moi chers-compatriotes mais le burkini, non, je n’y arrive pas... Ils se sont mis à deux (Nouvel Obs & Rue89) pour décompter 2,4 millions de tweets là-dessus au mois d’août, “qu’il est temps de disséquer” ; le burkini, l’islamo-laïcisme, la France sur des charbons ardents, et quelque “cela révèle un malaise de société” (ou “sociétal”, c’est encore mieux) comme disaient Bouvard & Pécuchet sur les barricades de Mai, à gauche en sortant de Rue68. Désolé, je capitule, sans doute trop décoiffé, moi, par l'essentialité du propos.

Là-dessus, je retourne à mes bagatelles. Tiens, il y a quelque chose qui est en train de se former, avez-vous remarqué ? C’est comme une toile d’araignée qu’on est occupé à tisser, – “qu’il est temps de disséquer”, comme ils disent. Je veux parler de l’imposante centralité qu’est en train d’acquérir la crise des élections truquées-d’avance/jouées d’avance, USA-2016 : comme une araignée, elle aspire les autres crises pour les accoler à elle-même, car l’exceptionnalité d’une telle chose que sont les USA implique l’exceptionnalité de sa crise.

Aujourd’hui, les événements du chaudron qui s’enroule autour de cette colonne vertébrale que forment l’Euphrate et le Tigre évoluent de plus au plus au rythme américaniste : que va-t-on faire d’ici l’élection, selon l’élu(e), ou en tout état de cause quelle est la meilleure position à occuper ? Comment profiter des hallucinations paralysées des Obama’s boys (& girls) ? Les Russes sont sollicités de partout et on tient désormais Poutine comme le faiseur de roi, le Habemus Papam de Washington D.C. Jamais on n’aurait osé suggérer que l’énorme crise-bouffe Moscou-bloc-BAO pût s’ancrer si profondément dans les avatars de la campagne USA-2016. Qui Poutine va-t-il choisir ?

A Washington, on tire à vue sur le TPP, qu’Obama voudrait faire passer d’un maître-swing, en douce, entre novembre-2016 et janvier-2017. Le TTIP n’est pas non plus épargné (à D.C.), et certains Machiavels européens (Bouvard-Merkel & Hollande-Pécuchet) jugent habiles d’affirmer que le TTIP est cuit, comme si cela dépendait d’eux. Il n’empêche : Farage a été stupéfait, lors de deux visites aux USA, dont un co-discours avec Trump, de se voir assailli de questions sur le Brexit. Indeed, le Brexit est devenu une crise US et le porte-drapeau de Trump tandis qu’Hillary juge que l’UE est le modèle de la gouvernance mondiale. Soros, maître-araignée de l’ombre au clair-obscur de ses e-mails, trace sur sa propre toile où trône Hillary-emprisonnée le signe du Diable et il pourrait être cause d’une grave crise entre Israël et Washington.

La Grande Crise se rassemble, se tend comme un ressort. Elle se fait crise haute et elle va éclater pour tuer, “shoot to kill”, rassemblant et résumant en elle-seule toutes les autres. Autant en emporte les burkinis de l’été qui s’achève. Mon humeur de crise est plutôt roborative et je marche d’un bon pas : c’est la rentrée, mes chers-concitoyens, “il est temps de se disséquer”...