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247018 septembre 2016 – Un mot suffit-il ? J’ai trouvé remarquable, très riche et extrêmement féconde cette trouvaille des “Déplorables” (Deplorable), c’est-à-dire l’usage que les partisans de Trump (et nullement l’équipe Trump elle-même) ont fait et font désormais du mot d’Hillary les qualifiant, et eux-mêmes se reportant aux Misérables de Hugo/Broadway en plus... Il y a eu son attaque arrogante et méprisante (elle a lancé sa diatribe ricanante contre “the basket of deplorables” lors d’une réunion de donateurs, fric regnante et elle-même paraît-il un peu pompette, de champagne autant que de fric) ; voici leur réponse : “‘Déplorables’, nous ? Et alors, nous t’attendons de pied ferme, être de Système, monstrueuse Reine-corrompue, couverte de l’argent impie des ‘copains et des coquins’... Nous voilà, Hillary !”
Nous sommes à l’époque de la communication, il ne faut pas cesser de le répéter. Un mot, bien choisi c'est-à-dire dont le choix s'impose, aussi puissant dans sa signification que nerveux et superbe dans son phrasé, un mot qui claque comme un étendard peut à lui seul arranger les regroupements et enrichir décisivement l’esprit des actes et des luttes. “Déplorables”, qui a un double sens parfaitement bienvenu pour désigner indirectement l’adversaire et éviter à celui qui le choisit l’humiliation (“déplorable” : « Digne qu'on pleure sur son sort ; digne de pitié; qui mérite d’être déploré, en parlant des choses; qui est très mauvais »), “Deplorables” est un de ces mots-là.
Le mot-étendard découvre par effet indirect et boomerang la véritable âme sombre d’une Hillary mangée par l’argent, dans la moquerie arrogante qu’elle y a mise. Il transforme les “trumpistes” liés à un camp et à un homme en ces “révoltés” contre le Système, venus de tous horizons, qu’ils sont en vérité. Il est absolument, décisivement significatif que l’idée, le mot retourné contre l’adversaire, l’allusion formidable au monumental-officiel Hugo, le “plus-grand-poète-hélas” de la langue française et chantre officiel des miséreux du monde entier, que tout cela ait été choisi et voulu par les partisans de Trump eux-mêmes et non par l’équipe Trump et ses spécialistes de la com’. Cela s’appelle un élan collectif, un acte suprahumain parce qu’il exprime avec une force considérable le sens profond d’un courant grondant en train de grossir. Cela ancre décisivement cette campagne dans le camp des antiSystème, en la faisant sortir du seul contexte US, des querelles de personne et des finasseries de la com’, surtout en la faisant sortir des montages idéologiques grossiers qui ne sont qu’enfumage et narrative. La cause des “Déplorables” devient un symbole puissant de la bataille de l’antiSystème. J’espère que ceux qui doivent le comprendre, écartant un instant les objections avantageuses de leur intelligence si contente d’elle-même, le comprendront finalement.
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