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15741ermars 2016 – J’ai l’esprit un peu bouffon, pour ces heures courantes ; sans doute pour saluer “le mois des fous” et la crise la plus bouffonne qu’on puisse imaginer, puisque née d’un personnage que tout le monde s’entendait à considérer comme bouffon irrémédiablement bouffonnant. The Donald est apparu comme le bouffon postmoderne de la Grande République et de la Grande Crise réunies enfin dans un seul objet de dérision, et c’est ainsi qu’il a accompli le premier de ses grands exploits de héros antique adapté à la postmodernité. C’en est à ce point, selon le sentiment que j’en ai, que s’il disparaissait aujourd’hui dans un Super Tuesday catastrophique pour lui, comme dans un abracadabra toujours possible mais tout de même si improbable comme une bouffonnerie grossière et suspecte de trop (« A moins que, abracadabra, il disparaisse comme un lapin rentré illico dans le chapeau du patron, battu partout par ces Himalayas de l’intelligence, du brio et de la sincérité que sont Rubio & Cruz »), c’en est au point où l’on pourrait être conduit à constater que Trump a d’ores et déjà semé un trouble si considérable sinon apocalyptique au sein de ce joyau fondamental du Système qu’est le pouvoir-Système washingtonien, que la crise bouffonne vit d’ores et déjà hors de lui-même.
Aussi m’est-il venu, dans ces dernières vingt-quatre heures, une sorte de “légèreté de crise” fort inhabituelle et pas sans déplaisir puisque productrice d’une humeur particulièrement folâtre et ironique. C’est la réalisation, je suppose, de ce qui est noté par ailleurs et toujours selon la même référence, en prêtant bien son attention dans cet extrait à ce que le “depuis quelques jours” concerne bien le “quelque chose d’énorme... en train de se produire”, et nullement la réalisation de la chose venue sous la plume au fil de l’écrit qui est une pensée en soi, comme l’on sait : « Ce que nous éprouvons, nous, c’est la sensation vertigineuse de quelque chose d’énorme qui est, depuis quelques jours, en train de se produire, comme l’on voit une structure puissante en train de se défaire, au risque de la dissolution... ». Ce serait une formidable, une somptueuse gâterie du Ciel si l’engrenage final de la Grande crise démarrait à partir d’une “crise bouffonne” de cette sorte, sous l’impulsion complètement inconsciente, ou spontanée disons, d’un personnage de cette sorte.
The Donald est-il une sorte de “bouffon du roi postmoderne” qui serait un “bouffon de crise”, personnage excentrique, d’une tonitruance bouffonnante, plein de bling-bling, et pourtant mystérieux, étrange et absolument inattendu, qui, par son caractère même, sa formidable capacité à montrer le ridicule caché de cette monstruosité qu’est le Système en l’illustrant d’abord par son propre comportement, détient la clef du Grand Mystère ? Oh certes, sans le vouloir ni le savoir, mais qu’importe. Le “bouffon du roi postmoderne” devenu “bouffon de crise” emmenant, comme le “Joueur de Flûte de Hamelin” mais dans une occurrence invertie et vertueuse (diable, les braves sapiens ne sont pas des rats), le peuple derrière lui pour l’insurrection par les urnes, les sondages et les réseaux sociaux, pour installer la terreur-panique chez ceux qui alimentent aveuglément la Terreur moyennement-soft du Système.
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