Humeur de crise-9

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Humeur de crise-9

30 mars 2016 – Plutôt qu’“humeur-de-crise”, d’ailleurs, il faudrait employer cette fois la formule “humeur-de-la-crise”, qui s’impose à mon esprit sans que je sache bien de quelle couleur est cette humeur, – sinon qu'elle ne peut-être qu’une nuance de l’arc crépusculaire qui caractérise la situation du monde. En même temps, toutes les crises qui forment une sorte de floraison du tronc central de la Grande Crise ont effectivement cette coloration crépusculaire. La crise syrienne elle-même, qu’on aurait pu croire éclairée par la reprise de Palmyre à Daesh a montré, par les réactions du Système, que l’antagonisme fondamental entre le bloc-BAO et les autres est plus profond que jamais. Le bloc-BAO est totalement sous la coupe du Système et ne répond plus qu’à ses impulsions maléfiques qui dépassent la mesure humaine.

En Europe, la crise est devenue ontologique et existentielle et affecte toutes les populations, entre crise terroriste et crise des migrants-réfugiés qui opposent des désordres qui touchent aux aspects fondamentaux de ce qu’on nomme “civilisation” (bien que la nôtre soit en vérité contre-civilisation). L’Europe est déchirée entre un courant islamophobe (attentats) et un climat christianophobe (migrants-réfugiés) suscitant non plus le désordre mais le chaos. Aux USA, la crise des présidentielles prend également une allure crépusculaire, avec l’aggravation des tensions, l’impuissance du pouvoir en place et la montée aux extrêmes des factions qui, prétendant remplacer ce pouvoir, sont conduits à des perspectives d’affrontements violents. Là aussi, le désordre de ces derniers mois  est entré dans la phase nouvelle et ultime du chaos, même s’il faut tenter à tout prix de distinguer ce qui est pro-Système et antiSystème. On reviendra très rapidement à ce que je considère comme le phénomène dominant de cette période transitoire : la transformation du désordre, et même de l’hyperdésordre en chaos.

Tout cela est rapidement schématisé, et mon humeur se trouve affectée dans le sens de l’incertitude crépusculaire : savoir où se trouve l’essentiel et où se trouve l’accessoire, accepter l’appréciation du premier dans le travail constant et écarter celle du second dans l’inconnaissance. Il est extrêmement difficile d’empêcher le découragement désespéré et la fureur nihiliste contre le nihilisme d’entropisation du Système. Il faut à tout prix lutter pour conserver son sang-froid, la mesure dans le jugement et surtout la fermeté extrême dans le caractère. Mon humeur-de-crise aujourd’hui est celle d’un grand affrontement pour éviter que la lutte plus que jamais nécessaire que mène l’ordre de l’esprit ne dégénère en désordre de l’esprit. Il faut l’ordre de l’esprit pour reconnaître le chaos et l’explorer comme il doit l’être.