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687819 avril 2022 (18H00) – Vue la formule choisie qui impliquait de mettre en ligne aussi vite que possible le texte de l’interview après traduction et ébarbage, je ne nous ai pas ménagés un peu de place pour dire dans un texte d’intro tout le bien que je pense, et de l’interviewé Jacques Baud, et du contenu de ses observations. Réparation est donc faite, et en détails, dans cette page du ‘Journal-dde.krisis’ (*) qui figurera chronologiquement quelques heures après l’interview, comme son commentaire bienveillant déroulé en même temps que l’interview, comme les Russes se réservent dans un affrontement de suivre parallèlement la voie militaire et la voie diplomatique de la possible et hypothétique négociation.
La dernière partie de cette interview est d’un particulier intérêt pour mon compte, cela tout en précisant que la chose reste de toutes les façons d’un grand intérêt spécifique dans son entièreté :
• D’abord, là où Baud nous explique comment fut réformée l’armée ukrainienne, entre les désastres de 2014 et une réelle résistance en 2022. Ce qui est précieux, bien entendu, est que notre espion-suisse travailla pour l’OTAN et fut un des organisateurs de cette réforme, où l’on voit que l’implication de l’OTAN est totale, où l’on voit exactement ce que sont les ‘ukronazis’ et à quoi ils servent, etc., d’une façon qui définit parfaitement ce que sont ces milices, – plutôt du type ‘Gestapo’ que du type ‘Wafen SS’ si l’on veut poursuivre l’analogie.
Rappel du passage sur cet aspect :
« Mais les solutions apportées par l'OTAN [pour la réforme de l'armée] étaient en fait des solutions institutionnelles qui prendraient du temps, et pour compenser le manque de personnel et probablement pour avoir un personnel militaire plus agressif, ils ont commencé à utiliser des internationalistes et des mercenaires, en fait. Personne ne connaît exactement le nombre de ces paramilitaires ou milices d'extrême droite. Reuters avance le chiffre de cent mille. Je ne suis pas en mesure de le vérifier, mais c’est un chiffre donné par Reuters. Et cela semble correspondre à ce que nous pouvons observer maintenant dans les différentes régions du pays. Ces paramilitaires ont donc joué [et jouent encore] un rôle majeur, non pas dans la guerre mobile, et je dirais même [non pas dans] la guerre de campagne normale, mais ils sont utilisés pour maintenir l'ordre dans les villes. Et c’est exactement ce que vous avez aujourd'hui à Marioupol, par exemple, où vous avez ces gens, les milices extrémistes, parce qu'ils ne sont pas équipés pour les opérations de terrain. Ils sont équipés pour la guerre urbaine. Ils ont un équipement léger, ils ont quelques véhicules blindés, mais ils n'ont pas vraiment de chars, rien de tout cela.
» Donc, ce sont définitivement des unités destinées à la guerre urbaine. C'est ce qu'ils font dans les grandes villes. Et ces types sont extrêmement fanatiques, on peut le dire, et ils sont extrêmement dangereux. Et cela explique ce qui se passe à Marioupol, les batailles et les combats extrêmement brutaux que vous avez à Marioupol, par exemple, et nous verrons probablement la même chose à Kharkov. »
• Il est très instructif, et en même temps très agréable, de lire et d’entendre un compte-rendu analytique dit sur un ton très posé, sans polémique, – un ton “neutre” pourrait-on dire, avec un clin d’œil pour le Suisse ; et en plus, compte-rendu appuyé sur une expérience aussi solide d’un homme de renseignement ayant travaillé avec l’ONU, et surtout avec l’OTAN pour la réforme de l’armée ukrainienne. Baud parle de cet aspect de la crise selon une approche très professionnelle, sans nulle passion ni emportement, où il ne semble nullement prendre partie. Mais certes, ce qu’il nous dit nous suffit, comme cela doit lui suffire à lui-même, pour se faire quasiment une opinion objective sur cette crise, sur cet avant-guerre et sur cette guerre, bref sur Ukrisis dans son entièreté, avec ce qui est derrière, le projet, le but, les responsabilités...
(On peut également écouter [en français] Jacques Baud dans une vidéo des éditions Max Milo, consacrée plus précisément à son livre ‘Poutine, maître du jeu ?’. Dans ce cas et un peu à la différence de l’interview de Maté, Baud y prend nettement position, très critique des projets et de l’activité “opérationnelle” des pays du bloc-BAO.)
• La conclusion, enfin. Pour mon compte, le passage le plus appréciable, parce que concernant essentiellement la façon dont procède les directions civiles, nos gouvernants, des pays du bloc-BAO que l’on voit s’engager dans cette folle aventure et y prendre des décisions sans la moindre réflexion, sans la moindre considération pour l’éclaircissement des faits, sans la plus petite enquête pour commencer à les apprécier pour ce qu’ils sont. Relisez le passage ou bien passez-le si vous pensez l’avoir bien apprécié pour ce qu’il nous dit.
Aaron Maté : « Pour conclure, je voudrais vous interroger sur certaines des atrocités récentes qui nous ont été rapportées. Il y a eu des rapports sur des massacres de civils par la Russie dans la ville de Bucha et aussi des massacres de forces ukrainiennes, et puis vous avez eu l'attaque de la gare de Kramatorsk. Je me demande si vous avez évalué ces deux incidents et ce que vous en pensez. »
Jacques Baud : « Eh bien, il y a deux choses dans tout cela. La première est que les indications que nous avons sur les deux incidents indiquent que les Russes n'en sont pas responsables. Mais, en fait, nous ne savons pas. Je pense que c'est ce que nous devons dire. Je veux dire, si nous sommes honnêtes, nous ne savons pas ce qui s'est passé. Les indications que nous avons, tout, tous les éléments que nous avons tendent à désigner des responsabilités ukrainiennes, mais nous ne savons pas.
» Ce qui me dérange dans toute cette affaire, ce n'est pas tant que nous ne sachions pas, parce que dans une guerre, il y a toujours de telles situations, il y a toujours des situations où vous ne savez pas exactement qui est vraiment responsable. Ce qui me dérange, c'est que les dirigeants occidentaux ont commencé à prendre des décisions sans savoir ce qui se passe et ce qui s'est passé. Et c'est quelque chose qui me dérange assez profondément, qu'avant d'avoir le moindre résultat d'une enquête, d'une investigation, et je veux dire une enquête internationale, impartiale, sans cela nous commençons déjà à prendre des sanctions, à prendre des décisions, et je pense que cela illustre comment l'ensemble du processus décisionnel en Occident a été perverti. Depuis février ou même avant, en fait, parce que nous avons connu une situation similaire après le détournement d'avion - ou pas un détournement d'avion, d'ailleurs, ce n'était pas un détournement d'avion, – mais l'incident en Biélorussie avec ce vol Ryanair. Vous vous souvenez peut-être qu'en mai dernier, l'année dernière, les gens ont commencé à réagir quelques minutes seulement après que l'incident ait été rapporté dans la presse, même s'ils ne savaient pas ce qui se passait ! C'est donc cette façon de faire des dirigeants politiques en Europe, je veux dire dans l'Union européenne, mais aussi dans les pays européens. Cela me perturbe en tant qu'agent de renseignement. Comment pouvez-vous prendre une décision qui a un tel impact sur les populations ou sur des pays entiers et qui perturbe même nos propres économies ? Cela a donc tendance à se retourner contre nous. Mais nous prenons des décisions sans même savoir ce qui se passe, et cela, je pense, indique un leadership extrêmement immature que nous avons en Occident en général. C'est certainement le cas aux États-Unis, mais je pense que cet exemple de la crise ukrainienne montre que le leadership européen n'est pas meilleur que celui des États-Unis. C'est même parfois pire, je pense. C'est donc cela qui devrait nous inquiéter, le fait que des gens décident sur la base de rien, et c'est extrêmement dangereux. »
Aaron Maté : « Jacques Baud, ancien officier de renseignement stratégique au sein du Service suisse de renseignement stratégique, a également occupé plusieurs postes de direction en matière de sécurité et de conseil à l'OTAN, à l'ONU et dans l'armée suisse. Jacques, merci beaucoup pour votre temps et votre perspicacité. »
Bien entendu, on imagine avec quel empressement je souscris à l’analyse que fait notre espion-suisse de la psychologie hallucinée de nos dirigeants, – et encore plus lorsqu’ils juge finalement encore plus « immatures » les dirigeants européens d’allure si mesurée, si propres sur eux, que le pauvre Joe Biden avec ses bégaiements séniles. Je crois que c’est un thème que nos lecteurs doivent nécessairement bien reconnaître, s’ils suivent régulièrement ce site. Je crois même que l’on pourrait dire que c’est une marotte dans laquelle intervient quelques-uns de mes phénomènes favoris, tous développés sous l’empire de la désintégration de la réalité et de l’appel permanent à des jugements qui ne doivent plus s’embarrasser de cette réalité, mais manœuvrer selon des créations permanentes que les mauvais esprits s’obstinent à nommer “mensonge” (« Le mensonge proclamé créateur de l’histoire ») :
• le système de la communication et son extrême rapidité ;
• la psychologie, bien entendu, à la fois hystérique et hallucinée du fait des pressions de la communication ;
• la nécessité de fabriquer des narrative pour satisfaire aux exigences du système de la communication ;
• l’enfermement de l’esprit dans le déterminisme de ces narrative (“déterminisme-narrativiste”, crie le prophète halluciné)...
La situation qui en découle est donc un mélange de ces éléments extrêmement contraignants : la rapidité de l’affichage de l’action, la décision “quoi qu’il en coûte”, la désintégration de ce qu’il reste d’esprit critique, la censure de toute divergence nécessairement jugée apostatique. Dans un tel traquenard, le jugement intellectuel, qui est le mélange d’une raison maîtrisée, de l’intuition et de l’expérience, n’a absolument plus sa place, – l’on s’en rit littéralement, comme d’une bonne blague d’un esprit immature ou d’une trahison d’un collabo de l’im-monde. Il est l’ennemi à abattre, comme “empêcheur de proclamer en rond”, comme “stipendié de l’ennemi”, comme “traître à ‘nos valeurs’”, etc. Pour réguler tout cela, il faut absolument en venir à la conclusion sans appel que le jugement intellectuel est absolument banni au profit de l’affectivisme ; aujourd’hui, l’affectivisme a atteint un degré qui nous fait effectivement évoluer, non pas entre hystérie et hallucination, mais avec l’hystérie et l’hallucination à la fois...
Je crois donc utile de compléter, ou plutôt d’appuyer les jugements de Jacques Baud sur nos dirigeants de quelques extraits du ‘Glossaire.dde’ sur l’“affectivisme-postmoderne”.. (On peut en effet donner une place entière au qualificatif “postmoderne” pour bien marquer qu’il s’agit d’une sorte très spécifique d’affectivisme, quelque chose de tout à fait nouveau, correspondant à une époque, à ces “temps-devenus-fous”, – bref, postmoderne.)
Je précise que je souscris plus que jamais à ce qui est mentionné dans ces extraits, qui est l’absence complète d’une façon générale, dans le chef de nos dirigeants, de plans élaborés, de manipulations minutieusement développées, même de conscience simplement effleurée de l’énormité de la chose, et cela malgré (ou à cause de ?) la ronde incessante et obsédante des “ismes” qui nous accablent en nous suggérant de telles explications bien rangées (globalisme, nationalisme, fascisme, gauchisme, souverainisme, etc.). Par rapport à l’époque où ce concept d’“affectivisme” fut exposé (2012, puis développement en 2016), une seule chose m’a pris de cours, dont toute la responsabilité est à faire porter au système de la communication comme outil de la chose, sans préjuger en rien de la cause fondamentale : la vitesse extraordinaire des événements, dans le sens de l’aggravation.
Qui aurait cru en effet, selon ma réflexion et ma mémoire, en 2012 ou en 2016, que nous en serions où nous en sommes en 2022, évoquant les perspectives les plus formidables, colossales, inimaginables ? La destruction de la Russie, la défaite de l’OTAN-Ukraine du fait de l’armée russe, la possibilité très ouverte (!) et nullement théorique d’un conflit nucléaire stratégique !
J’en suis tellement ébahi que je dirais volontiers : “Ils ont osé !”, puis aussitôt me réfrénant, du simple fait de l’évidence de la référence à ce que je nomme dans le texte du ‘Glossaire.dde’ sur l’“affectivisme-postmoderne”, la “doctrine Onfray-Audiard” à partir de la formule fameuse du seconde ; et cela donne, comme réponse à ma stupéfaction : “L’affectivisme ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnait”. L’on sait bien par ailleurs, que dans la formule originelle d’Audiard, et puisqu’il s’agit des “cons” qui “osent tout”, il ne saurait être question de la moindre conscience de la chose en train d’être faite, la grandeur remarquable de cette noble fonction (“être con”) étant justement que l’on fait sans comprendre, ni pourquoi, ni comment l’on fait ce que l’on fait dont on ne distingue rien des caractères principaux... Ainsi vont nos dirigeants-postmodernes actuels, en cohortes hystériques, pleines de feux hallucinés...
Bref... Voici donc les extraits proposés à votre bienveillance, sous l’intertitre qui convient :
« Comment définissons-nous l’affectivisme à partir de sa première présentation de 2012 ? Il s’agit du constat de l’effacement complet de la raison en tant qu’outil structurant de l’esprit et de son jugement dans les attitudes politiques des directions du bloc-BAO... [...]
» Nous parlons bien entendu d’une raison que nous considérons comme subvertie (voir la “raison-subvertie”, dans le Glossaire.dde), donc extraordinairement affaiblie et surtout agissant en complète inversion de son orientation naturelle, sous l’influence du “déchaînement de la Matière” et du Système. Le constat est effectivement que l’effacement d’une raison efficace, une raison “loyale à la perception de la réalité”, ouvre la porte au déferlement de l’affect en termes psychologiques, ou pure affectivité, dans les réactions aux diverses situations de crise qui intéressent directement les esprits concernés, et conduit à une extrême rapidité de la prolifération et de l’opérationnalisation de ces réactions sous la pression de la communication. Cet affect n’est évidemment pas suscité par un plan général et humain de manipulation puisqu’on a vu que la raison, qui seule peut produire humainement de tels plans, est absente dans son rôle habituel de rangement des ambitions et des projets humains.
» L’affect prépondérant dans ces réactions est pourtant l’effet d’une manipulation ; il est le produit des intervention innombrables que nous estimons suprahumaines organisant constamment la désintégration de la réalité qui caractérisent le courant de la communication pro-Système ; installé, cet aspect prépondérant joue ensuite comme dans le cas précédent un rôle d’accélérateur. Ainsi sont créées de fausses réalités sous le terme que nous employons souvent de narrative, artefact complètement fabriqué, sans rapport avec ce qui serait la réalité, et dans la manufacture desquels l’affect devenu affectivisme joue un rôle prépondérant. Il s’agit “techniquement” d’une auto-manipulation, ou d’une auto-mésinformation, suscitées par une affectivité qui a complètement pris le dessus dans le fonctionnement de la psychologie, qui affecte l’observation des faits et le jugement selon des normes de type hystérique qu’on “idéologise” pour satisfaire l’apparence rationnelles ; eux-mêmes véhiculées, ces normes, dans la psychologie avant d’être transcrites en “idées” de type-standard et homogénéisées (droits de l’homme, humanitarisme, démocratie, etc.). En aucun cas, ce comportement n’est perçu en conscience et encore moins organisé de cette façon ; il est de nature inconsciente et il s’exprime comme s’il était la nature même de la pensée impliquée. Il n’est l’effet d’aucun calcul, d’aucune manipulation. Il devient la nature même de l’esprit lorsque l’esprit a été absolument subverti et inverti.
[...]
» L’absolutisme du concept nous fait penser [... qu’il s’agit] de l’usage massif d’informations déformées, fabriquées, inventées, développées et produites à une cadence très élevée, toujours quasi-inconsciemment quant à la signification intellectuelle et psychologique du processus, pour servir la cause politico-morale qui alimente et donne sa stature apparente à l’affectivisme, pour justifier cette cause, pour lui donner cohérence et apparence de réalité ; il s’agit donc d’une intervention faite sans le moindre esprit critique qui disparaît avec la raison, la rapidité du processus de la communication interdisant toute distance vis-à-vis du soi-disant fait exposé et favorisant exclusivement par conséquent la réaction émotive standard caractérisant l’affectivisme. La profusion de l’emploi des mêmes images, la standardisation des formules conduisant à des réflexes intellectuels de type pavlovien, les réactions d’affectivité devant ce kaléidoscope ultra-rapide des mêmes éléments de communication présentés comme strictement objectifs, etc., tout cela crée cette atmosphère immensément favorable à la réaction affective, et seulement affective, – et, au-delà, installe l’affectivisme comme seul moteur de la pensée, – et ainsi l’affectivisme règne... »
(*) Je me proposerais bien de remplacer, comme titre de ce ‘Journal’, le ‘c’ de “crisis” par le ‘k’ de “krisis”, soit le mot en anglais remplacé par le mot en latin et d’autant plus qu’il y a “Ukrisis”... Mais comment n’y ai-je pas pensé plus tôt, moi qui ait tant d’affection pour les Anciens, pour la Tradition, etc. ? Bref, nous allons faire cela, dans les prochaines heures ou les prochains jours car il y a des manœuvres compliquées pour mes faibles connaissances des dédales de l’informatique.
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