«I am cool and I know that you know that I am cool»

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«I am cool and I know that you know that I am cool»

Thomas H. Naylor est le fondateur de la Seconde République du Vermont (ainsi libéré de l’asservissement de Washington D.C.). Nous avons déjà parlé du néo-sécessionniste Naylor, que nous tenons en juste et forte estime (voir le 26 avril 2010 et le 27 avril 2010). Naylor est aussi professeur Emeritus d’économie à l’Université de Duke. Il est interrogé, par PressTV.com le 7 novembre 2012, à propos du pseudo-événement dont tout le monde parle.

Naylor nous livre notamment une analyse psychologique de Barack Obama devant l’histoire, – à moins qu’il n’arrive à ce président de prétendre, dans ses rêves secrets, avoir encore sa place dans la grande Histoire, la métahistoire ; auquel cas, il faudrait qu’il se presse. Naylor pense qu’Obama n’a aucune “vision” du futur, qu’il cantonne sa “vision” à sa propre personne, dont il semblerait qu’il fasse une sorte de philosophie pour son administration elle-même…

«“I am cool, and I know that you know that I am cool”… […] He would speak of a jobs program throughout the campaigns but the reality was that he had no jobs program. The United States does not have a coherent foreign policy; it has four different foreign policies. One for the middle-east, one for China and Russia, one for the NATO allies, and one for the rest of the world ... There is really no glue that holds the Obama administration together other than a kind of notion of what's above all, the most important thing is for Obama to appear to be cool.»

Se pourrait-il qu'on puisse réduire le mandat de BHO à la présidence, les quatre années écoulées et peut-être les quatre années à venir, et l’ambition du président réélu lui-même, à cette affirmation à garder pour les manuels d’histoire : il est le président le plus cool de l’histoire des États-Unis ? Ce n’est pas si bête puisque cela correspond bien à l’histoire courante telle que la machine le Système, à coups d’images et de stéréotypes du domaine de la communication et du show. Il suffisait de voir, comme nous l’avons vu lors d’un talk-show il y a un peu plus d’un an, la présentatrice de journaux télévisés Laurence Ferrari, discourir quasiment avec extase du caractère et du comportement cool du président Obama, pour comprendre effectivement dans quel sens vont les présentations qu’elle fait en général, à la télévision, des actes et décisions du grand homme. (Cela ne vaut-il pas, après tout, une autre analyse générale qui ne s’exprime pas ouvertement mais qui est dans tous les esprits de nos moineaux, selon laquelle la vertu historique du président BHO est d’être le premier président africain-américain de l’histoire des États-Unis ?) Dans tous les cas, on a déjà remarqué que le trait de caractère d’Obama le plus souvent mis en avant, à son avantage, est bien son calme, sa distance vis-à-vis des événements et des situations. (Parfois, cela inquiète un peu, puisque cette distance pourrait être prise, à l’extrême, – mais nous sommes dans une époque d’extrêmes, – pour de l’indifférence.)

Peut-on effectivement être conduit à définir une présidence, – celle qui a eu commencé avec le premier mandat et qui se poursuivra avec le second mandat, – avec un trait de caractère, et comme seule ambition de la personne en place la promotion et l’appréciation de ce caractère ainsi défini ? Cette question en apparence baroque est finalement à la mesure de l’esprit du temps, et, peut-être, de l’esprit de ce personnage à l’intelligence remarquable, peut-être une intelligence suffisante pour conclure qu’il n’y a rien à faire sur le fond et qu’il ne reste plus qu’à soigner la forme, par conséquent à se poudrer et à se farder pour apparaître encore plus cool que cool

Car il nous faut bien rappeler que c’est cet homme qui nous disait (voir le 20 septembre 2012, sur Washington Free Bacon) que s'il avait au moins appris une chose durant ces quatre années, c’est qu’on ne peut changer Washington de l’intérieur («“The most important lesson I’ve learned is that you can’t change Washington from the inside,” he told a Univision forum Thursday. “You can only change it from the outside.”»)… Alors, que fait-il donc à la Maison-Blanche, au cœur de Washington ? Rien, répondra-t-on logiquement, sinon soigner son “image”, son caractère cool, – et Naylor a raison à 100%. (La remarque du 20 septembre avait excité aussitôt chez certains l’attente d’une grosse polémique, comme on en affectionne dans les mondes autour des directions politiques. «[This] is perhaps Obama’s worst gaffe since he met Joe the Plumber…» “tweetait” Ben Smith, éditeur du site BuzzFeed, le même 20 septembre… Il se trompait : la remarque n’a intéressé personne, malgré ce qu’elle nous dit de l’estime dans laquelle Obama tient Washington, et par conséquent sa propre fonction et son choix de rester à Washington en sachant qu’il n’y pourra rien… On admettra alors que l’homme cool, à côté de la distance qui pourrait paraître de l’indifférence, a également largement cultivé le cynisme. Dans tous les cas, c’est marquer en réalité non point la force d’un caractère, mais son extrême faiblesse, ce qui rendrait finalement son intelligence inutile au mieux, et nuisible au pire. Qu’importe, Laurence Ferrari pourra continuer à rêver)

Ces diverses considérations rendent d’autant plus intéressantes les spéculations sur les perspectives de ce deuxième mandat, alors que d'aucuns fourbissent leurs arguments pour pronostiquer des innovations importantes, des actes audacieux, etc., parce qu’Obama n’est plus comptable de rien par rapport aux électeurs et au Système. Cette ritournelle a été dite mille fois déjà, à propos des autres, des prédécesseurs (Clinton et GW Bush, notamment), et n’a absolument pas répondu à l’attente qu’on semble y mettre. Il en est même qui, dans le cas d’Obama, disent le contraire : c’est justement parce qu’il n’a plus de comptes à rendre qu’Obama va être un épouvantable et catastrophique président… C’est le cas de l’éditeur du site Economic Collapse, ce 8 novembre 2012.

«…Over the past several decades, nothing has really seemed to get any better no matter what faces we have sent to Washington. But this time there is really a feeling of “finality” to things. The American people have made their choices, and those choices are going to have consequences. There is no turning back now. The politicians that we have chosen reflect who we are as a nation. It is not just our leaders that have turned their backs on the U.S. Constitution and on the principles that this country was founded upon – the truth is that the majority of the American people have rejected them. We have willingly chosen our destiny, and there are no more excuses. […]

»Barack Obama, like many of our politicians, is a con man. He just doesn't have a few skeletons in his closet – he has a whole army of them. Over the course of two presidential campaigns he has refused to release his school records, there are very serious irregularities concerning his Social Security number, and he has managed to keep vast stretches of his past a total secret to the American people. Anyone applying for a decent job or trying to get into a decent school would have been required to disclose more background information than Barack Obama has revealed to the American people. What Obama has pulled off is completely and totally absurd. I truly believe that Barack Obama will someday be regarded as one of the greatest con men of all time.

»But even setting all of that aside, the outrageous things that Barack Obama has publicly said and done should be more than enough for every American that loves the U.S. Constitution to reject him. The truth is that no American should have ever cast a single vote for him for any political office under any circumstances. And yet now he is headed for a second term in the White House, and now he will feel absolutely no accountability to the voters since he will not be running in 2016. He can do whatever he wants over the next four years, and nobody can do anything about it...»

Ceux qui, finalement, attendent du nouveau du président Obama deuxième service, le font souvent a contrario et, en général, pour favoriser leur propre cause ou se lamenter sur elle. C’est le cas de DEBKAFiles, qui ne cesse de pousser le gouvernement israélien à l’intransigeance (Netanyahou y est souvent jugé trop “mou”) et qui estime catastrophique la réélection d’Obama, – justement, parce que le président US va changer radicalement sa politique iranienne. Le 8 novembre 2012, DEBKAFiles nous explique qu’Obama est pressé de lancer, au plus tard le mois prochain, une négociation bilatérale avec l'Iran pour aboutir à un accord au plus tard en mars 2013, et se débarrasser de la crise iranienne. La veille, le 7 novembre 2012, DEBKAFiles avait développé une analyse catastrophique pour Israël des suites de la réélection d’Obama, qui laisserait pratiquement Israël face à un Iran devenu nucléaire et une prolifération de pays arabes dirigés par les Frères Musulmans. L’analyse allait même plus loin, – sans pourtant prendre à son compte les considérations rapportées, – en citant un officiel du ministre de la défense, d’ailleurs identifié, dont le jugement indiquerait qu’on irait, avec la nouvelle présidence Obama vers un Iran nucléaire et une Égypte nucléaire avec l’aide de l’Iran, tout cela pour anéantir l'Etat d'Israël…

«…Only four days ago, senior Israeli Defense Ministry official Amos Gilead called the Brotherhood-ruled Egyptian government “a terrible dictatorship.” After years of close ties with Egyptian rulers and military chiefs, Gilead said: “There is no official contact between the top tiers of Egyptian and Israeli government, and I don’t think there will be.” According to DEBKAfile’s military and intelligence sources, Gilead offered a glimpse of a grimmer prospect which Israeli leaders are discussing behind close doors: They fear that the second Obama term will usher in a nuclear-armed Shiite Iran which will quickly reach out to the Sunni Muslim Brothers, starting with Egypt, for a joint bid to terminate the life of the Jewish state.»

Notre ami M K Bhadrakumar, lui, est vraiment optimiste. Le 6 novembre 2012, il envisageait, avec une victoire d’Obama, un accord avec l’Iran suivi d’une conférence générale aboutissant à une zone dénucléarisée où Israël figurerait aux côtés de l’Iran et d’autres. On sait, certes, que l’on parle de ces choses, y compris avec les Israéliens (voir le 7 novembre 2012) ; pourtant, nous craignons que l’analyse de M K Bhadrakumar sacrifie un peu trop au bon sens diplomatique dont il a lui-même une grande expérience, notamment parce qu’on n’a guère vu, ces dernières années, que les circonstances aient favorisé un tel usage.

Alors, puisqu'il faut bien une fin, nous serions tentés d'en revenir aux propos de Naylor cités au début de ce texte. La description que Naylor fait de la politique extérieure d'Obama, éclatée, sans coordination, sans ligne directrice et sans la moindre “vision” sinon celle assez pauvre de faire la promotion du côté cool du président, – cette description nous paraît assez juste, quelle que soit l'importance qu'on attache à l'interprétation de l'“image” du président qu'il faut protéger. Nous retrouverions alors l'idée de la déstructuration et du désordre, que nous avons souvent avancée ces dernières années.


Mis en ligne le 9 novembre 2012 à 16H26