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434424 juillet 2022 (13H20) – Je tiens que le “mouvement” écologiste (une fois pour toutes les autres, des guillemets), lorsqu’il est devenu politique-politicien, est devenu l’archétype total, sinon totalitaire, de ce que je nomme ‘affectivisme” (voir notre ‘Glossaire.dde’) ; soit le fondement de leur politique réduite à l’affect et rien d’autre. (Bien d’autres domaines de la politique, sinon tous, sont plus ou moins touché par cette lèpre de l’esprit, mais chez les évcologistes c’est bien totalitaire.) Le mouvement écologiste lorsqu’il s’est institutionnalisé, lorsqu’il est devenu “force politique“, notamment et surtout pour le cas allemand présenté ici dans l’arène international, montre ce totalitarisme absolu de l’affectivisme, je dirais presque un “affectivisme à-la-prussienne”, mais à double facette comme toujours dans les totalitarismes, surtout allemand ; impitoyable et inflexible pour ceux qu’on domine, incroyablement soumis et zélés pour ceux qui vous dominent.
(Si vous pouvez avoir un Védrine hors de toute surveillance de la bienpensance, il vous en dirait des fameuses sur l’obséquiosité extraordinaire du ministre des affaires étrangères ‘Grünen’ d’alors, Joschka Fisher, vis-à-vis de Madeleine Albright, la Secrétaire d’État, dans des conférences télévisuelles à trois, lors de la guerre du Kosovo en 1999. Védrine n’en est jamais revenu...) .
Voilà les principes posés, passons maintenant à la démonstration in vivo. Je m’arrête à cette nouvelle qui est une interview de la ministre allemande des affaires étrangères Annalena Baerbock, écologiste ô combien-‘Grünen’. L’interview à ‘Bild’ est reprise dans ses toutes grandes lignes par RT, et cela suffit car l’essentiel est dit. Baerbock étouffe de fureur à la vision de la photo d’Erdogan avec Poutine (et le président iranien Raïssi, au cours du sommet du ‘Processus de Paix d’Astena’ qui rassemble les trois pays, concernant la Syrie). On laisse de côté les arrière-pensées, voltefaces, etc., des trois, pour ne garder que le fait que ce ‘Processus’ tient et qu’il fait sommet. Et Madame Baerbock en a des vapeurs d’intolérances qui la font sortir de ses gonds alors que gronde la croisade postmoderne en Ukraine, contre l’ennemi commun Poutine, toute cette vertu sanctifiée sous l’étendard glorieux de l’OTAN, derrière lequel devrait se ranger le traître Erdogan.
Voici ce qu’en dit succinctement RT, rapportant quelques-uns des propos de la ministre dans cette forme que les Anglo-Saxons qualifient si justement de « word salad » (“une salade de mots”) :
« La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a qualifié de défi à l'OTAN la récente photo conjointe de Vladimir Poutine et de Recep Tayyip Erdogan. L'image a été prise lors d'une rencontre entre les dirigeants russe et turc en Iran.
» La photo montre les trois présidents, avec l'hôte Ebrahim Raïssi au milieu, se tenant la main et souriant. Dans un entretien avec Bild publié samedi, Mme Baerbock a noté que cette photo est “plus qu'incompréhensible” pour elle, “surtout du point de vue d'un membre de l'OTAN”. [...]
» “Le fait que le président turc soit sur cette photo est un défi, et c'est un euphémisme”, a-t-elle déclaré. Selon elle, cette photo prouve l'importance de faire front “avec des partenaires de valeur” qui “non seulement croient aux règles internationales, mais les défendent”. “Parce qu'il y a d'autres acteurs qui ne défendent pas nos valeurs, et dans le doute, ils s'allient aussi”, a-t-elle expliqué. »
Je trouve que l’on trouve bien mis en évidence dans cette confusion (« word salad ») de mots et d’expressions bienpensantes une forme parfaite, – parfaite dans son in-formité, – de la position où en sont venus les écologistes, et plus encore les écologistes allemands. Ils sont probablement, avec les libéraux sociaux-démocrates, mais plus encore qu’eux, l’exemple jusqu’à la perfection de la complicité totale, presque jusqu’au délice, avec le capitalisme postmoderne globalisé et hyper-américanisé de cette « ideological salad » qu’est l’extrémisme de la formule libérale-libertaire, – justement représentée par eux-mêmes, les écologistes.
Surtout chez les Allemands dis-je, car on ne trouve pas à la fois plus pro-américaniste tendance-Pentagone et plus bellicistes-impérialistes tendance-R2P que les écologistes allemands, aujourd’hui au pouvoir, et tenant des postes-clef. Leur proximité absolument irrésistible de l’Ukraine-Zelenskistan illustre le schéma d’une façon absolument renversante, je dirais même bouleversante :
• D’un côté, ils satisfont la postmodernité-LGTBQ+ qui triomphe chez Zelenski et dans son Zelenskistan, et cette adhésion ukrainienne étant l’une des conditions du soutien des USA, et de Biden en particulier lors d’entretiens en septembre 2021 où il demanda au président ukrainien son engagement sans faille pour cette tendance que je trouve très « societal salad ». La chose est actée du côté ukrainien par la puissance du lobby homosexuel, comme déjà vu et conclu depuis un certain temps, – et plein d’enseignement.
• L’Ukraine-Zelenskistan prolonge en lui donnant de “bizarres” lettres de noblesse cette présence du lobby homosexuel/LGTBQ+ auquel les écolos allemands ne peuvent être que très sensibles, en les associant de diverses façons aux Ukronazies, selon la tradition de la puissance du mouvement homosexuel (Röhm et les SA) jusqu’en 1934 dans le NSDAP de Hitler (Hitler-Röhm au départ).
Ces deux points justifient parfaitement le jugement de “bizarre” concernant l’ukronazisme, que porte Ezequiel Corral, dans son texte sur Poutine repris sur ce site le 22 juillet 2022, à partir du site ‘grupominerva.com.ar’, avec le relais en traduction française du site ‘euro-synergie.hautefort.com’.
« La Russie prétend dépoussiérer ses prouesses historiques contre le nazisme et ressuscite un mort qui est loin d'être analogue. En plus de se défendre contre les intentions conquérantes de l’OTAN, elle lutte contre un nazisme ukrainien bizarre, qui est soutenu par le pouvoir libéral et par un président juif. »
Ainsi sont bien mieux ensemble, par une belle mayonnaise de meilleure tenue que toute autre formule et équation d’élégance idéologique, le postmodernisme des Ukronazis et des LGTBQ+ du Zelenskistan, et celui de l’OTAN, l’un et l’autre constituant parfaitement l’orientation idéologique complètement conforme à la bonne marche des affaires de l’hypercapitalisme néo-libéral... Certes, la mayonnaise écologique, car c’est d’elle dont il est question, fait tenir bien mieux qu’aucune autre recette l’« ideological salad » que constitue pour ces gens l’événement-Ukrisis.
La ministre Baerbock en oublie évidemment toutes ses habituelles mignardises concernant l’immigration et les différentes tendances islamistes que l’on pourrait après tout reconnaître et identifier dans ce rassemblement Erdogan-Raïssi-Poutine ; non, ce qui lui importe, c’est de rassembler l’ensemble dans une haine antirusse très conforme à la postmodernité aussi bien otanienne que LGTBQiste, qu’Ukronazie enfin. C’est un bien sympathique rassemblement que l’on trouve ainsi chez la ministre, qui en dit long sur le développement au galop de notre occidentale civilisation en pleine cascade de dégénérescence.
A cette occasion (la cascade, je veux dire), la ministre nous étale comme un brailleur dans un souk toutes les nuances patchworkisées et confiturées de toutes les tares idéologiques sanglantes que nous avons développées dans la dernière centaine d’années, et un peu au-delà... Et certes, qui les représente mieux que cette ministre des affaires étrangères si bouillonnante d’écologie guerrière, rassembleuse sous la coupole du réchauffement climatique de toutes nos monstruosités, partisane de classer la Russie comme État-terroriste, avec ses Dostoïevski, ses Pouchkine et ses Soljenitsyne comme autant de terroristes à fusiller sur le champ ? Ainsi est-il constaté avec une stupéfaction incrédule que cet effort partout acclamé comme sublime (notre civilisation née de la Renaissance et des ‘Lumières éteintes’ [Jean Dutourd]) exista pour accoucher, en fin de parcours, ce “bizarre” avorton...
« “Moi, j’ai dit bizarre ? Comme c’est bizarre... »
A cette lumière-là, souffrez alors que cette vieille crapule d’Erdogan m’apparaisse finalement bien sympathique et que le Grand Remplacement des Allemands par des immigrés turcs me fasse plutôt sourire que soupirer sur ‘Le déclin de l’Occident’. Il en faudra beaucoup, voyez-vous, pour faire renaître chez moi le grand souffle des chevaliers qui se croisèrent au Moyen-Âge pour partir lutter contre les Ottomans ; simplement parce que ce souvenir-là déboucha sur les merveilles du “Temps des Cathédrales”, ce qui fait accepter et pardonner bien des écarts et des excès, tandis que la dynamique qu’on veut similaire débouche aujourd’hui sur la perversité totalitaire que représente la ministre écologique des affaires étrangères Annalena Baerbock.
Quelle triste destinée il nous faut supporter : finir dans un tel saladier ! (Poutine a son sourire impassible : la “salade russe”, lui, il maîtrise.)
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