Ils me payent mais il n'y faut pas voir malice…

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La question des livraisons d’armes importantes décidées le mois dernier par les USA (près de $80 milliards sur 10 ans) pour divers pays du Moyen-Orient reste dépendante d’une approbation du Congrès. Parmi les heureux bénéficiaires des livraisons d'armes se trouve l'Arabie. Les adversaires des livraisons d’armes à l’Arabie, malgré le “feu vert” d’Israël pour cette livraison (ainsi doit-on dire lorsqu’il s’agit de la politique des USA), restent nombreux au Congrès. L’effort de lobbying en faveur de ces livraisons continue donc avec opiniâtreté. Témoin, cet article du très renommé analyste Anthony H. Cordesman dans l’International Herald Tribune de ce jour; l'article, d'un intérêt limité, suit les lignes des arguments éculés habituels (il faut soutenir ses “amis” au MO, nous ne sommes pas dans un monde parfait et il faut s’armer contre les terribles forces qui nous menacent, — l’Iran bien entendu, — et ainsi de suite).

L’intérêt de l’article est ailleurs. Il se trouve nichée dans une petite note que Cordesman glisse dans son article, du type “je fais l’aveu par avance pour éviter des accusations contre moi”, et qui concerne, — hypothèse de notre part, simple spéclation sans responsabilité, — le CSIS (Center for Strategic & Intenational Security) de Georgetown University dont Cordesman est l’employé. Voici le passage, avec, soulignée en gras par nous, la note ci-dessus signalée :

«Washington cannot — and should not — try to bring security to the gulf without allies, and Saudi Arabia is the only meaningful military power there that can help deter and contain a steadily more aggressive Iran. (Disclosure: the nonprofit organization I work for receives financing from many sources, including the United States government, Saudi Arabia and Israel. No one from any of those sources has asked me to write this article.) We need the support of the smaller gulf states as well, but Saudi Arabia underpins any effort at regional security cooperation and in dealing with Iranian military adventures and acquisition of nuclear weapons.»

Entendons-nous bien: personne ne doute une seule seconde que personne n’a demandé à Cordesman d’écrire ni de publier cet article mais Cordesman l’a écrit et et l'a publié. Cela montre qu’il est à la fois avisé et prévoyant. Si l’on ajoute que d’autres financiers de la “nonprofit organization” que ne cite par Cordesman sont à trouver parmi les grands formats industriels du complexe militaro-industriel US, on admettra que l’analyste a bien fait son travail.

Cela écrit, il n’est pas le seul (à bien faire son travail). Il se chuchote que parmi les sources qui ont abouti aux recommandations de certains services de renseignement US en faveur de ces livraisons massives d’armement se trouvent les contributeurs privées qui participent désormais à cette sorte de rapports, en complet incognito pour protéger la virginité objective de ces rapports, et parmi eux les corporates qui alimentent également les “nonprofit organizations” dont l’une n’est pas citée par Cordesman. Pour rappel à ce propos, on peut retranscrire cette remarque de la journaliste R.J. Hillhouse à laquelle nous avions consacré un “bloc-notes” le 1er août:

«Corporate intelligence professionals from companies such as Lockheed Martin, Raytheon, Booz Allen Hamilton, SAIC and others are thoroughly integrated into analytical divisions throughout the intelligence community, including the Office of the Director of National Intelligence. It is the ODNI that produces the final document of the President's Daily Brief.»


Mis en ligne le 17 août 2007 à 13H01