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18333 novembre 2014 – Les derniers événements (la Russie dans la crise ukrainienne, la réélection de Rousseff au Brésil dans les conditions qu’on sait) introduisent un facteur opérationnel fondamental que nous avons signalé dans notre texte du 1er novembre 2014. Non seulement la poussée de surpuissance déstructurante et dissolvante du Système sous sa forme de politique-Système a pris comme objectif spécifique le plus puissant et le plus important en termes de communication, de prestige et de puissance diplomatique et militaire (la Russie), mais aussi l’objectif global le plus représentatif et le plus divers (cela, défini par l’expression “tuer les BRICS”). Il s’agit d’une offensive extraordinaire de surpuissance, la plus radicale qu’on puisse imaginer, et déclenchée à une vitesse non moins extraordinaire, traduisant d’une part le besoin irrépressible d’une décision finale très rapide, d’autre part une inquiétude folle proche de l’angoisse de la faiblesse sinon de la contre-productivité des résultats obtenus dans des offensives précédentes. En ce sens, on dira que le Système déchaîne hystériquement toute la surpuissance dont il est capable, avec l’angoisse terrifiée (et d'ailleurs justifiée mais pas nécessairement réalisée comme telle) que cette surpuissance ne suscite une dynamique d’autodestruction à mesure. La conséquence directe est la formation tout aussi accélérée de ce que nous nommons pour l’instant un “bloc antiSystème”, avec des éléments tels que la Russie, les BRICS, et d’autres...
(L’évidence montrant la constitution du bloc antiSystème assez structuré pour former un phénomène majeur de la situation générale de la crise d’effondrement du Système pourrait nous conduire à intégrer l’expression dans notre arsenal dialectique. Nous pourrions alors utiliser l’acronyme BaS, pour “bloc BaS”, en contraste antagoniste avec le bloc BAO.)
Ce que nous voulons observer ici, c’est le rapport de ce phénomène structurellement nouveau d’un “bloc antiSystème” en cours d’institutionnalisation et d’affirmation en tant que tel avec ce que nous nommons l’“infrastructure crisique”, qui ne cesse de se renforcer. Pour ce dernier point, il s’agissait du constat que l’activisme constamment paroxystique du Système ne cesse de susciter des crises successives dont aucune ne s’apaise, ayant ainsi créé depuis plusieurs années (depuis 2008-2009 d’une façon systématique et paroxystique) que cette orientation est en marche, une “infrastructure crisique” qui finit par former non plus l’essentiel mais la seule caractérisation possible, conjoncturellement et surtout structurellement, des relations internationales.
Nous identifiions ce phénomène dès le 14 juin 2011, en notant la modification radicale du concept de crise à cette occasion : «Notre époque a changé la définition de l’événement qu’est une “crise”, en allongeant indéfiniment un phénomène caractérisé initialement par sa brièveté, en l’“institutionnalisant” par la durée, en le structurant en une “structure crisique” qui caractérise la situation du monde.» Quant au concept d’“infrastructure crisique”, la première définition que nous en donnions date du 27 mars 2013 : “[...N]ous dirions que nous assistons à une sorte de “solidification” des crises, d’éléments instables et de courte durée qu’elles étaient en éléments stables et de très longue durée, finissant ainsi par devenir la substance même d’une base fondamentale de la situation générale. [...] Il n’y a donc plus addition de crises, enchaînement de crises, temps [nouveau] caractérisé par la crise, – il y a autre chose, il y a une substance absolument nouvelle, d’une très grande force d’influence qui fait que tout ce qui se passe ne peut être que crisique. Tout ce qui naît, tout ce qui s’installe, tout ce qui se développe dans cette infrastructure devient instantanément “crise”.»
Pour ce travail, nous nous appuyons sur deux événements très récents concernant l’institutionnalisation de deux crises à deux stades différents. Il va sans dire qu’il s’agit de deux exemples au milieu de la myriade de crises plus ou moins en cours d’activation, plus ou moins paroxystiques, etc. (les états d'une crise intégrée dans l'infrastructure varient selon une sinusoïde), qui forment l’infrastructure crisique, soit les relations internationales. Ces deux exemples sont très spécifiques et permettent d’avancer sur la voie de l’analyse que nous voulons développer (rapports entre infrastructure crisique et bloc BaS). Il apparaît d’ailleurs que l’hypothèse d’une corrélation entre certains développements, au moins de l’une de ces deux crises prises comme exemple et apparaissant ainsi comme le cas le plus important, et le développement du bloc BaS est justifiée. Ce constat offre un argument essentiel à notre propos.
• La première de ces deux crises en évolution exemplaire est celle de l’Écosse. Le résultat négatif du référendum sur l’indépendance de l’Écosse pouvait paraître clore le chapitre de cette tentative de sortie du modèle-Système londonien caractérisé par la prééminence de la City... Pourtant, dès les résultats acquis apparaissaient des signes d’une tendance contraire :
«... Curieuse façon de saluer une défaite, ou bien alors ce n’est pas tant la défaite qu’on croit, et peut-être que le SNP et ses nouveaux adhérents, ceux qui ont afflué et ceux qui continuent à affluer sont-ils tourné vers autre chose, vers quelque chose qui est à venir ... Un nouveau référendum, par exemple, ou bien l’indépendance unilatéralement déclarée, purement et simplement ? C’est ce qu'Alex Salmond, président démissionnaire du SNP, déclare sans ambages. Lui qui disait la semaine dernière qu’il n’y a un tel référendum qu’une fois par génération (“une fois tous les vingt ans”) déclare maintenant qu’un nouveau référendum pourrait très vite survenir, voire une déclaration unilatérale d’indépendance de l’Écosse. “Il y a toujours des facteurs qui modifient les circonstances”, dit-il pour justifier son changement d’avis.» (Le 23 septembre 2014.)
C’est dans ce contexte qu’on peut tenir pour importants les résultats de sondages concernant l’opinion écossaise, un mois et demi après le référendum. Les résultats sont notamment rapportés par le Guardian le 1er novembre 2014 et RT le 2 novembre 2014. Ces résultats montrent une très forte tendance générale, quelles que soient les questions posées, en faveur de l’indépendance. Il faut noter que jamais avant le référendum les résultats des sondages n’ont été aussi favorables à l’indépendance (un seul sondage avait donné une majorité en faveur de l’indépendance, mais moins que les résultats constatés ici.)
«Just six weeks after the referendum in which Scots rejected independence by 55 to 45 percent, a new YouGov poll for the Times has found that 52 percent now back a split from the union, as Labour sees its support in Scotland gradually diminish. The YouGov poll put support for the union at 48 percent. The figures will give more momentum to the pro-independence Scottish Nationalist Party (SNP), which wants to see another referendum as soon as possible...»
Ce que montre ce développement, selon notre conception et notre rangement d’analyse, c’est que la résilience de la situation de crise est telle que même un événement comme une réponse négative à un référendum ne parvient pas à enrayer la dynamique crisique. Aucun événement notable, aucune rupture ne sont intervenus entre le référendum et ces sondages, si bien qu’on peut juger qu’il y a une continuité opérationnelle entre les deux, et que cette continuité opérationnelle ne peut que renvoyer à l’idée de l’infrastructure crisique. Dès lors que la crise écossaise a été perçue comme clairement et droitement antiSystème, ce qui était un fait acquis pour le référendum après l’intervention massive durant la campagne des élites-Systèmes londoniennes (de la finance au show-biz, aux promesses des partis), elle entrait de plain-pied dans l’infrastructure crisique et s’institutionnalisait... Notre hypothèse est que c’est justement cette orientation antiSystème de la crise écossaise, – que nous décrivions dans nos textes du 16 septembre 2014 et du 23 septembre 2014, – qui a structuré la crise et l’a fait s’inscrire dans l’infrastructure crisique.
• Le deuxième cas est celui de l’Iran. Il est tout aussi illustratif que le cas écossais mais, en plus, il est absolument opérationnel et donc d’une importance immédiate beaucoup plus significative et considérable, et d’un effet également immédiat... On voit par ailleurs (ce 3 novembre 2014) un texte des époux Leverett sur les perspectives, très pessimistes, concernant les négociations de la fin novembre. Les Leverett mettent en accusation la politique implacable des USA, expression intangible de la politique-Système, comme principale cause de l’échec très probable de longues années de négociations. Cet échec entérinera un tournant radical de l’Iran, seize mois après l’élection du nouveau président iranien qui avait fait juger presque unanimement qu’un accord était probable pour mettre fin à une crise d’une durée quasiment sans précédent ; ce tournant, de l’Iran vers Pékin pour les Leverett, entérinerait la transformation accomplie de la crise iranienne en crise activement antiSystème. Les Leverett écrivent notamment :
«[T]he People’s Republic of China and the Islamic Republic of Iran have, over the last three decades, “forged multi-dimenstional cooperative relations, emphasizing energy, trade and investment, and regional security.” There are compelling reasons for this. Among other things, both political orders were born of revolutions dedicated to restoring their countries’ independence and sovereignty after extended periods of dominance by foreign—above all, Western—powers. Today, both are pursuing what we describe as “counter-hegemonic” foreign policies, especially vis-à-vis the United States...»
On complètera le propos des époux Leverett en constatant qu’en même temps qu’un rapprochement de la Chine, un échec des négociations accélérerait également un rapprochement de l’Iran et de la Russie, déjà perceptible à tel ou tel événement discret mais significatif (voir le 28 octobre 2014). C’est dire combien nous considérons que l’évolution de l’Iran serait en fait une évolution antiSystème fondamentale se plaçant dans la logique de l’évolution conjointe des BRICS et de l’Organisation de Coopération de Shanghai [OCS], qui feront d’ailleurs une sorte de “sommet commun” à Ufa, en Russie, en juillet 2015. (D’ores et déjà, l’Iran est candidat pour une position de membre complet au sein de l’OCS, où ce pays est déjà observateur.) C’est dire, encore plus précisément, que nous considérons l’évolution de l’Iran non pas d’un point de vue bilatéral, y compris éventuellement de plusieurs évolutions bilatérales avec la Chine et avec la Russie, mais d’un point de vue très largement collectif, notamment avec les BRICS et l’OCS (la Chine et la Russie sont d’ailleurs membres des deux organisations) et dans le sens absolument évident de l’organisation de la résistance antiSystème telle qu’on la mesure aujourd’hui.
Nous allons tenter d’interpréter le mouvement actuel que nous percevons, qui est celui de la formation d’un bloc antiSystème (BaS), par mécanisme logique d’antagonisme du bloc BAO et de sa politique-Système. Ce mécanisme se traduit par des crises multiples déclenchées par le bloc BAO, mais qui restaient jusqu’à il y a peu (jusqu’à la crise syrienne, par exemple) privées de sens opérationnel déterminé sinon celui de ce que nous avons nommé “hyper-désordre”, – affirmation paradoxale puisque l’hyper-désordre est par définition absence de sens. Ce que nous observons, c’est que les crises qui se développent désormais, et par là même l’infrastructure crisique qu’elles alimentent, commencent à favoriser un mouvement dont l’effet principal majeur est une dynamique de formation de ce que nous avons nommé un “bloc antiSystème” (BaS). C’est une opérationnalisation fondamentale de ce que nous nommons d’une façon générale le “facteur crisique”, – de cette façon que présentait le Glossaire.dde sur le sujet du même nom, le 30 avril 2013 :
«[...L]e “facteur crisique”, parfaitement réalisé dans l’“infrastructure crisique”, est sans aucun doute, si l’on emploie une image, l’arme institutionnalisée la plus antiSystème qu’on puisse imaginer. Le facteur crisique paralyse tout, emprisonne tout, interdit toute réforme “créatrice”, toute initiative autonome, etc., qui pourraient stabiliser sinon renforcer la dynamique désormais en constante dégradation produite par le Système, dynamique qui est, conformément au but du Système, objectivement déstructurante, dissolvante et à finalité d’entropisation de la situation du monde. (Il s’agit bien d’un affrontement entre deux processus de destruction, processus de destruction de la situation du monde par le Système, processus de destruction du Système par la force antiSystème opérationnalisant la dynamique d’autodestruction du Système.) Le facteur crisique jusqu’à l’infrastructure crisique constitue donc une formidable opérationnalisation de la dynamique d’autodestruction du Système, – au point qu’on peut avancer l’hypothèse qu’il est la transcription opérationnelle absolue dans la situation du monde de la dynamique d’autodestruction du Système. Cette formidable puissance antiSystème peut également alimenter l’hypothèse que le facteur crisique s’est détaché du “cosmos” hermétique du Système...»
... C’est effectivement ce qui est en train de se réaliser, notamment avec les deux crises citées ... L’une, la crise écossaise, ne devait être au départ qu’un avatar dont les acteurs eux-mêmes (notamment les indépendantistes du NPR) restaient dans la logique du Système ; la crise écossaise ne devient “crise” et ne persiste comme telle en s’inscrivant dans l’infrastructure crisique, que parce qu’elle est devenue antiSystème sur la fin de la campagne du référendum lorsque le Système est intervenu si massivement. Les signes (les sondages) que nous découvrons aujourd’hui indiquent que cet évènement est plus que jamais une crise, que le premier référendum n’a été qu’ne réplique en amont du paroxysme qui se prépare, et que ce paroxysme sera nécessairement, – ne peut être qu’antiSystème et antiSystème actif. C’est la réalisation des orientations nouvelles, “activement” antiSystème, que prennent désormais les crises. La “crise écossaise” continuée n’est bien entendu pas un facteur central, mais elle est un signe de l’évolution en cours.
... Avec la crise iranienne, le cas est bien sûr plus net, beaucoup plus large, central pour tout dire, et d'une opérationnalité immédiate et fondamentale. Il s’agit de la dynamique en cours de cette crise, dans tous les cas si l’on suit la prospective des Leverett qui correspond à notre conviction profonde dès le premier jour de l’arrivée du président Rouhani. (Cette conviction concerne l’impossibilité pour l’Iran de jamais parvenir à une entente générale établissant des rapports “normaux” avec les USA, à cause du blocage de cette puissance [les USA] dans les rets de la politique-Système, de la paralysie et de l’impuissance de son pouvoir washingtonien, de l’hybris étouffant sa psychologie, – tout cela interdisant la moindre “normalité” des rapports avec elle.) Ce que le nouveau président iranien, en qui de si grands espoirs d’arrangement étaient placés, aurait dans l’hypothèse que nous évoquons involontairement mis à jour avec le nouveau round de négociations, c’est que, d’une part, le bloc BAO, avec les USA particulièrement, entend réinstaller l’Iran au cœur de la communauté internationale ; mais que, d’autre part, cette réinstallation devrait se faire nécessairement aux conditions du bloc BAO, c'est-à-dire essentiellement des USA, qui impliquent au départ une abdication plus ou moins conséquente de sa souveraineté nationale par l’Iran, c’est-à-dire au bout du compte une abdication complète parce que la souveraineté nationale n’est pas une chose qui se saucissonne, elle est ou elle n’est pas... Cet épisode ne fait que consacrer, illustrer, concrétiser, la tendance irrépressible et irréversible de la politique-Système à imposer sa loi, à n’accepter aucun compromis, à imposer une logique et une pression déstructurantes et dissolvantes qui met à mal tout ce qui est principiel et identitaire. On voit mal que l’Iran puisse accepter un tel marché, qui signerait une crise intérieure majeure.
D’où la tournure prise par les perspectives, selon les appréciations des Leverett, et la mise en évidence de l’alternative antiSystème... C’est-à-dire qu’en cas d’échec de l’actuelle phase des négociations, et même si certains tentaient de camoufler cet échec par quelque raccroc, en faisant traîner d’autres négociations, la transformation de la crise iranienne semble écrite. C’est-à-dire qu’avec ses liens avec la Chine et avec la Russie, puissances elles-mêmes désormais à la fois moteurs de l’évolution vers un bloc antiSystème et entraînées par cette évolution qui se nourrit désormais d’elle-même, l’Iran lui-même se trouve inscrit dans un flux qui n’est plus une politique contrôlable. Ce pays, avec sa crise, devrait entrer dans une dynamique qui secoue les grands ensembles en formations, – BRICS et OCS notamment, – et qui se définit par le fait même de l’antiSystème. Cela apparaît d’autant plus évident que le bloc BAO (le Système) a précipité lui-même, avec une brutalité considérable, la dynamique générale en s’attaquant directement aux plus gros adversaires possibles (la Russie, le Brésil, les BRICS), voire même en les “légitimant” quasi-institutionnellement dans le rôle d’adversaire antiSystème par cette attaque (les BRICS à la suite de l’affaire brésilienne et la réélection de Rousseff).
Avec cette orientation nouvelle, l’Iran avec sa crise se trouverait extirpé du bourbier moyen-oriental pour ce qui est de la centralité de sa politique extérieure, et pleinement ouvert à la perspective que ce point fondamental («“counter-hegemonic” foreign [policy], especially vis-à-vis the United States...») définisse désormais cette centralité. C’est-à-dire, pour résumer et donner sa vraie dimension à la chose, que la politique extérieure de l’Iran deviendrait pleinement et ouvertement antiSystème. Cela se ferait, comme dans le cas de la Russie, selon une dynamique incontrôlable qui obligerait la politique extérieure iranienne, d’habitude subtile et nuancée comme la politique extérieure russe en général, à suivre une ligne plus radicale, effectivement une ligne antiSystème.
Nous observons actuellement un processus extrêmement rapide dont la cause est la perception psychologique soudaine de la volonté du Système de “tuer les BRICS”, après la perception psychologique tout aussi rapide de la volonté du Système de “tuer la Russie”, entraînant une évolution d’une rapidité à mesure des esprits et des jugements. La question ici n’est pas de savoir s’il s’agit ou non d’une possibilité opérationnelle concrète, – qu’il s’agisse de “tuer a Russie“ et de “tuer les BRICS”, ce qui constitue un projet d’une vastitude si considérable qu’il en est effectivement irréaliste sinon surréaliste... La question est bien de réaliser la puissance de cette hypothèse, de réaliser qu’elle correspond parfaitement au comportement du Système et à sa politique-Système, de réaliser et de mesurer le choc subi alors par les psychologies. A partir de là, le processus de la mise en place d’une conception antiSystème se fait selon la perception de plus en plus évidente de la nouvelle dynamique ainsi perçue. Cette perception pénètre les psychologies, elle oriente les jugements.
Nous sommes dans un moment important où sont prises en compte des réalités de communication qu’on tendait jusqu’alors à écarter en les tenant simplement pour des hypothèses non confirmées, simplement à cause de l’inconfort évident qu’elles procurent à l’esprit, aux énigmes considérables qu’elles proposent à la raison et qui laissent celle-ci incapable de conclure. La puissance des propos d’un Vladimir Davidoff, – «The current situation shows that there are attempts to suppress not only Russia but also the BRICS given that the global role of this association has only intensified... » (le 1er novembre 2014), – cette puissance témoigne de cette évolution qu’on évoque ici, évolution elle-même d’une telle puissance qu’elle suscite et opérationnalise ce phénomène nouveau : l’entrée des crises diverses, voire de l’infrastructure crisique, dans l’affrontement Système-antiSystème, comme aliment puissant de formation d’un bloc antiSystème.
«Ma question est, – pourquoi font-ils cela?», interrogeait Poutine à Valdaï (voir le 25 octobre 2014), à propos de l’action du bloc BAO et essentiellement des USA ; et le président russe trouvait aussitôt une hypothèse qui pouvait servir de raison ; mais plutôt raison de circonstance, raison accessoire, parce que la cause de l’activité formidable du Système ne peut être réduit à un résidu négligeable de sa politique-Système... Ainsi serions-nous tentés de citer ici un autre extrait du Glossaire.dde sur le “facteur crisique”, qui complète l’extrait précédemment cité, et cela à la lumière du constat que le “facteur crisique” est en train de trouver sa dimension opérationnelle dans une fonction antiSystème dont le principal caractère est de favoriser la marche à l’autodestruction du Système :«...Il ne fait en effet guère de doute pour nous, selon cette démarche intellectuelle que nous poussons au terme de sa logique, que cette expansion du facteur crisique est une dynamique animée par des forces extérieures pour créer des conditions irrésistibles pour permettre l’acte concret d’autodestruction du Système, c’est-à-dire opérationnaliser cette tendance fondamentale du Système qui passe de la surpuissance à l’autodestruction, en utilisant cette surpuissance pour animer son autodestruction. C’est dire l’importance du facteur crisique dans notre dispositif : même si ce facteur crisique n’est pas une explication métaphysique conceptualisée de l’autodestruction du Système, il en est le moyen cosmique fondamental et, comme tel, contient des éléments essentiels de cette explication.»
C’est dire que le cri de guerre “Tuer les BRICS” (“Kill the BRICS”) annonce moins un affrontement selon les termes habituels jusqu’à des conflits d’où pourrait sortir un vainqueur, – idéalement les BRICS ou toute autre forme de rassemblement antiSystème, – qu’une séquence ultime, essentiellement de communication parce que la communication règle la perception et tout le reste, dont le seul effet raisonnablement souhaitable est l’accélération décisive du processus d’autodestruction du Système. La voie “nécessaire et suffisante” n’est certainement pas de passer d’un univers-Système à un univers-BRICS (ou, plus largement, univers-antiSystème), mais à un univers débarrassé du Système. Voie “nécessaire et suffisante”, et par conséquent condition sine qua non de toute évolution décisive, sans rien pouvoir préjuger de ce qui s’ensuivrait, ni même des troubles et des bouleversements qui l’accompagneraient tout aussi nécessairement.
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