Insulte suprême, de Netanyahou à BHO

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Le Premier ministre israélien Netanyahou a décidé de ne pas se rendre en personne au sommet de Washington sur la non-prolifération nucléaire, les 12 et 13 avril. L’argument officiel pour cette décision est que des bruits circulent selon lesquels des pays arabes voudraient mettre Israël sur la sellette à propos de son arsenal nucléaire “non déclaré” (entre 200 et 300 têtes nucléaires). Netanyahou sera remplacé par le vice-Premier mnistre et ministre de l’Energie Dan Meridor.

Selon le Daily Telegraph du 9 avril 2010

«Israeli officials said Benjamin Netanyahu decided to send a minister in his place after reports that Muslim nations in the Middle East would single out Israel's undeclared nuclear programme for criticism. The White House tried to downplay the cancellation, but will be privately furious at a very public snub by Mr Netanyahu, who may have been looking for such an opportunity after a recent tete-a-tete with Mr Obama behind closed doors in Washington. […]

»Egypt and Turkey were believed to be the states contemplating an attempt to shame Israel, though the chances of them doing so as guests of Mr Obama were remote.

»Muslim nations including Egypt, which has a peace treaty with Israel have often complained about Israel's nuclear programme. The Jewish state has not admitted to possessing nuclear weapons, preferring a policy it calls “ambiguity.” International experts have estimated that Israel has dozens, possibly hundreds, of nuclear bombs.»

Notre commentaire

@PAYANT La brouille entre Netanyahou et Barack Obama n’est pas une simple passade ni un incident de parcours. Il y a, entre les deux hommes, désormais, une rancune tenace, pour ne pas parler de haine, avec les effets sur les relations entre Israël et les USA. La décision de Netanyahou de ne pas se rendre en personne au sommet de Washington sur la non-prolifération nucléaire, les 12 et 13 avril, alors que le Premier ministre israélien sait parfaitement qu’il s’agit d’un événement auquel le président US tient comme à la prunelle de ses yeux, est une marque effectivement convaincante des mauvaises relations entre les deux hommes.

En même temps, la raison avancée implique un autre problème qui n’en est pas moins sensible, qui est la mise en cause d’Israël par des pays musulmans, pour l’arsenal nucléaire israélien qui occupe le statut si étrange d’être officiellement “non existant“ alors que tout le monde connaît son existence et qu’il fait d’Israël, de loin, la puissance dominante de la région. Qu’en plus, la Turquie soit l’un des deux pays musulmans cités ajoute à la délicatesse du cas, en raisin de l’importance de ce pays, de ses rapports avec l’Ouest et avec le Moyen-Orient, de ses rapports actuellement très bons avec l’Iran d’une part, avec la Russie d’autre par, de sa quasi-rupture avec Israël, tout aussi récente, d’autre part.

Il s’agit donc d’une affaire qui a de multiples volets et divers prolongements possibles, et qui risque de plonger la puissante invitante (les USA) dans un cruel embarras.

• D’une part, Netanyahou signifie à Barack Obama qu’il ne tient guère à faire le moindre effort pour renouer des liens avec lui, après les incidents du mois de mars. Son refus de venir à la conférence de Washington est un revers sérieux pour Obama, du point de vue de la communication, et la mise en évidence publique de la crise entre Israël et les USA, d’une façon qui n’est pas avantageuse pour le président US. Les autres pays, surtout ceux qui jugent avec sévérité les liens entre les USA et Israël et, bien entendu, la position d’Israël, jugeront qu’Israël évite dans ce cas une confrontation dans une arène internationale où il n’aurait pas le dessus. Obama continuera à figurer comme le président d’un pays qui protège et soutien Israël malgré la position fautive d’Israël, alors qu’en même temps la décision de Netanyahou constitue un affront personnel qui tend à réduire son prestige et à compromettre la réunion de Washington.

• D’un autre côté, il est probable que l’absence de Netanyahou n’empêchera nullement les pays qui ont cette intention, de mettre en avant le cas d’Israël, et ils le feraient d’autant plus volontiers qu’Israël n’aurait personne de poids pour défendre sa position. Dans ce cas-là, que fera Obama? Se chargera-t-il lui-même de défendre Israël, et de quelle façon? Un fonctionnaire européen, commentant la décision de Netanyahou, affirmait ce matin: «Cette décision est une façon de dire à Obama, de la part d’un homme qui est sûr d’avoir un soutien considérable au Congrès US par le biais de son lobby: “débrouillez-vous pour nous défendre, puisque c’est votre conférence et que nous allons y être attaqués”… C’est un drôle de cadeau empoisonné.»

La décision du Premier ministre israélien est typique de l’extrémisme de sa politique et de son tempérament extrêmement emporté. Elle consiste autant à humilier Obama qu’à exiger d’Obama qu’il défende Israël. Mais l’effet peut être surtout de mettre en évidence le problème d’Israël et de ses têtes nucléaires illégales selon le statut des traités divers, et de rendre d’autant plus délicate la crédibilité du cas de la condamnation de l’Iran, accusé par tant de pays de vouloir “rayer de la carte” Israël et avec ses 200-300 têtes nucléaires, avec lui-même une arme nucléaire qui n’existe pas encore. La présence parmi les accusateurs d’Israël de la Turquie, pays stratégique important avec lequel les USA ne veulent pas avoir trop de problèmes, est une circonstance extrêmement intéressante, qui complique encore la position d’Obama, qui rend encore plus possible que le débat autour d’Israël et de ses têtes nucléaires prenne un tour extrêmement polémique. On sait que la Turquie défend la thèse d’une zone dénucléarisée pour résoudre le problème iranien, cette thèse conduisant évidemment à remplacer le problème iranien, aujourd’hui artificiellement posé, par le problème israélien, bien réel et qu’on a jusqu’ici cherché soigneusement à écarter.

Bref, tout cela nous offre brusquement la possibilité que la conférence de Washington, jusqu’alors essentiellement outil de relations publiques pour Barack Obama, puisse devenir une réunion intéressante.


Mis en ligne le 9 avril 2010 à 17H02

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