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48627 janvier 2012 – Le site britannique The Daily Bell, qui a des engagements extrêmes dont certains peuvent plaire et d’autres moins, n’en représente pas moins un exemple remarquable de la guerre qu’est devenu Internet. Il s’agit de la guerre antiSystème, la guerre au cœur de notre crise unique, que nous désignons également comme “la crise haute” dans notre prochain numéro de dde.crisis. The Daily Bell, par ses réflexions de haute tenue, par la hauteur de l’enjeu qu’il décrit constamment et qui est au cœur de l’instrument qu’est devenu Internet, fournit un excellent exemple de la méthodologie que nous distinguons, pour notre compte, à dedefensa.org, dans ce champ de bataille ultime qu’est également Internet.
Le 21 janvier 2012, Anthony Wile publie un article sur “la Guerre pour Internet”. C’est un bon exemple de ce que nous précisons à l'instant : article de haute tenue dans la méthodologie qu’il décrit, dans la structure de l’événement qu’il envisage, en prenant comme un des exemples qu’il décrit une cause qui n’est certainement pas la nôtre (la polémique autour de global warming, comme complot monté par nos directions politiques). Peu importe ici les causes, compte essentiellement l’événement méthodologique décrit, – le “Internet est une guerre” de notre titre…
«In this article, I'll comment on the arrest of Kim Dotcom and try to show how this one action is actually the beginning of an entirely new phase of what we may call the Internet Wars. I'm not the first to notice this. As Kurt Nimmo and Alex Jones, of Infowars fame, pointed out in an article posted today entitled “The Great Internet Wars Have Begun,” we wake up to an entirely new Internet era this weekend.
»Yes, a war has been joined and human history shall never be the same. For one thing, the outcome is NOT certain – and the power elite that seeks to control and constrain the Internet may yet end up taking a step back – at least in these early rounds, anyway.
»For another, the directed history that the Anglosphere power elite has been so clever at inculcating over the past century is gradually fading away. That's perhaps an even more important point.»
Un autre article va dans le même sens, justement cité par Anthony Wile. C’est celui de Kurt Nimmo et d’Alex Jones, sur Infowars.com, le 20 janvier 2012. Il concerne la “grève” contre SOPA et PIPA (voir notre texte du 20 janvier 2012) et développe également le thème de la “Grande Guerre d’Internet”. Là aussi, l’argument (la cause, – l’affaire SOPA-PIPA) n’a pour nous qu’un intérêt secondaire. Là encore, l’essentiel est bien l’idée de l’affrontement et de la guerre, où l’on retrouve, toujours, le Système comme adversaire.
«In the video below, we note that the massive protest this week against SOPA and PIPA should not merely be about government and corporate curtailment of freedom of expression on the internet.
»It also crucial that it be about resistance against an all-out effort by the elite and their technocrats to turn the internet into an all-encompassing panopticon surveillance and control grid. Contrary to common belief, the internet was not built to be a networked computer system designed to withstand a nuclear war, but as a surveillance and control grid. It was not happenstance that the platform found its way into public use.
»In addition to a master networked surveillance tool, the internet is now a weaponized system that will be used to take out enemies of the state, as the Pentagon made abundantly clear following a concerted propaganda campaign hyping the dubious threat of cyber attacks on the power grid and national infrastructure. The system is not designed to attack remote cave dwelling terrorists, as the government would have us believe, but those of us designated as domestic terrorists…»
» The great internet wars have begun. It is our responsibility to confront each one decisively and not allow the controllers to divert us down a single path. We must realize that the battle to defeat SOPA and PIPA is part of a larger, more comprehensive fight to resist tyranny in all forms, not simply in Congress where the most obvious efforts appear with theatrical media fanfare.»
La conclusion de Nimmo-Jones est la suivante : «The great internet wars have begun. It is our responsibility to confront each one decisively and not allow the controllers to divert us down a single path. We must realize that the battle to defeat SOPA and PIPA is part of a larger, more comprehensive fight to resist tyranny in all forms, not simply in Congress where the most obvious efforts appear with theatrical media fanfare.»
Bien entendu, ces textes viennent de centre activistes d’Internet, qui ont eux-mêmes des conceptions parfois grandioses du phénomène. (The Daily Bail nomme l’Internet the Great Reformation ou the Second Reformation, comparant ce phénomène de l’Internet à celui de la Réforme, au cœur de la Renaissance. Encore une fois, il n’est pas évident que la référence soit de notre choix.) On trouve également dans ces centres activistes une ligne de conduite antiSystème, même si pour des causes différentes, même si pour des causes dont nombre d’entre elles ne rencontrent pas vraiment nos sentiments ; en l’occurrence, le cas essentiel est bien entendu qu’il s’agit de cette “ligne antiSystème” qui, par ailleurs, caractérise le plus grand nombre des mouvements de contestation de l’Internet ; qui, dans tous les cas, met pour l’essentiel des évènements de l’Internet, les moyens déployés par le Système sur la défensive. Nous irions jusqu’à dire sans hésitation que l’Internet porte en lui-même la marque, la destinée, la nécessité de la contestation antiSystème, par sa forme même, et que ce fait nous semble sans aucun doute mystérieux au sens le plus haut du terme (en même temps que bienvenu, cela va de soi), – “mystérieux”, à moins de solliciter des explications qui dépassent le domaine étroit de la raison réduite à ses avatars subversifs.
Cette coloration de ces deux textes pris comme exemple, qui semblerait extrémiste pour qui néglige le contexte, en réalité représente une position dite mainstream sur l’Internet, confirmant cette “essence contestatrice” de l’Internet. Dans ce contexte, les attaques diverses portées contre l’Internet ne peuvent un seul instant être rangées sous la rubrique “remise en ordre“, ou “respect de la légalité”, ou “respect de la démocratie”, comme l’argumente un journaliste-Système type-Christian Barbier (l’homme de L’Express dont l’une des vertus est d’être ami de Carla Bruni-Sarkozy), éructant ses attaques contre Anonymous sur I-Télé puis au Grand Journal, soutenu par le gentil Frédéric Mitterrand, au nom de la liberté des créateurs (lois SOPA-PIPA et les inévitables équivalents français). Encore une fois en laissant l’argument de la cause de côté, tout cela constitue l’habituel écran de fumée des négationnistes de la crise, ceux qui veulent dissimuler par fractionnisme et réductionnisme la grande crise centrale dans la multitude de ses composants… Ainsi est-il vrai qu’Internet est une guerre et que la guerre est engagée, parce que le Système et les directions politiques perçoivent clairement et justement que cette essence contestatrice de l’Internet est destinée nécessairement à être tournée contre eux.
Au reste, l’on comprend combien nous sommes dans la logique du Système et des forces qui le composent, qui sont également les forces principales qui conditionnent et alimentent la puissance, et certaines de ses forces échappant à ses créateurs. Avec l’Internet, nous sommes en plein au cœur de l’effet Janus du système de la communication. La Grande Guerre de l’Internet est possible à cause de cet “effet-Janus”, – non, d’ailleurs, elle est inévitable, – plus encore, comme disent nos citations, elle est d’ores et déjà lancée et en cours.
Notre position, l’idée que nous voudrions proposer à nos lecteurs, est que vous ne pouvez pas lire cette sorte de site “de combat” sur Internet, et, bien entendu, dedefensa.org puisque c’est à lui que nous voulons arriver, comme vous lisez régulièrement la presse-Système, les livres du même tonneau, le courant de ceci et cela dans tous les cas, etc. Vous lisez nécessairement un instrument de combat, dont l’effet peut être puissant et dont la fragilité est avérée ; vous lisez un outil dont les références dépassent nécessairement les bornes médiocres de notre temps, et qui nous font retrouver des références oubliées et évidemment fondamentales. Il vous est difficile, en posant cet acte (votre lecture), de n’être pas partie prenante, d’une façon ou une autre, de ce combat (notre combat à tous, d’ailleurs).
Cette idée, nous l'avons eu et l’avons depuis longtemps, d’abord en gestation, mal définie, puis de plus en plus précise. Nous menons nécessairement une bataille qui est une guerre, qui est la guerre ultime. Pour cette raison qui nous semble impérative et se passer de tout argument de comptable, nous n’avons jamais vraiment accepté l’idée, à dedefensa.org, d’être simplement un de ces centres d’information de plus, de “journalisme ”, éventuellement activiste, – un point de plus dans un système déjà établi, où il y a également une “dissidence” presque institutionnalisée, où nous aurions eu notre place comme tels, – dissidents ou activistes professionnels, sans vraiment d’espoir d’avancer, devenus routiniers par conséquent… Notre intuition a toujours été, durant ces quelques années où nous nous sommes développés, que nous nous trouvions dans une époque particulière, semblable à aucune autre, même avec “un système déjà établi”, même avec sa “dissidence” et ses activistes dont nous aurions fait partie. Il s’agit de quelque chose de tout à fait autre.
Pour cette raison, nous avons pris le parti de tenter d’expliquer, d’explorer les mystères de ce temps à nul autre pareil, parfois sur des voies ambitieuses qui surprennent certains (nous entendons leur ricanement à défaut de critiques substantielles) et en ravissent d’autres. Ces “voies ambitieuses” ne sont pas aisées d’accès, leurs récompenses terrestres sont maigrichonnes, – et nos doutes à cet égard, à mesure. Mais elles marquent également l’exceptionnalité de ce temps historique devenu métahistorique sans comparaison avec aucun autre. Nous ne pouvons éviter ce destin, une fois que nous en avons distingué la perspective. C’est pourquoi notre itinéraire est d’abord une guerre, et nous sommes particulièrement assurés de ce combat en découvrant qu’avec nous, l’Internet est devenu lui-même une guerre et que la Grande Guerre a commencé.
C’est une guerre parce qu’il n’y a aucun autre moyen par où passer pour pousser aux feux grondants de “la grande crise terminale du Système”, de “la crise terminale de l’effondrement du Système”, selon les expressions que nous employons. Nous nous sentons à la fois solitaires et solidaires ; à la fois isolés, à la fois entourés ; éternellement balancés, dans cette période, dans les sentiments violemment contradictoires, qui font alterner les exaltations mesurées et les découragements qu’il faut saisir d’une main ferme avant qu’ils ne vous entraînent trop loin. C’est une guerre, sous la grande ombre du Système parvenu au faite de sa surpuissance, qui bascule dans son autodestruction, et qu’il s’agit de pousser, encore pousser, toujours pousser, sur cette pente fatale.
Arrivé à ce point, qui est celui du terme d’une explication et d’une plaidoirie où nos lecteurs les plus fidèles doivent se reconnaître aisément, vient l’aspect qu’on jugerait le plus trivial de la chose. La chute est toujours triviale, mais il ne s’agit ici que de la chute d’un article qui proclame que la Chute n’est pas pour nous mais pour le Système, et que nous devons nous battre pour que cette Chute se fasse. La chute est donc là, qui est d'attirer votre attention sur notre campagne de donation mensuelle, dont nous mettons à nouveau le graphique d’évolution, assez piètre ce mois-ci pour l'instant, en tête de notre page d’accueil. Nous établissons ce lien avec le constat beaucoup plus ambitieux qui précède, non sans une certaine réticence mais avec à l’esprit, très rapidement retrouvée, l’idée que c’est l’évidence qui parle.
Ne nous oubliez pas dans cette démarche nécessaire de nous soutenir. Si vous nous oubliez, nous nous sentirons de plus en plus seuls, et vous ressentirez également ce terrible sentiment de solitude. Que vous le vouliez ou non, nous sommes liés, car nos destinées individuelles, aujourd’hui, embrassent un destin commun.
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