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5174Avant-hier, le Parlement irakien a voté en faveur du retrait sans délai de toutes les troupes étrangères du territoire. Son vote antérieur, du 5 janvier, portait sur le retrait de ces forces selon les accords signés avec les pays impliqués, c’est-à-dire avec un délai d’un an pour effectuer ce départ. Constatant que son premier vote et les demandes du Premier ministre n’avaient pas été suivi d’effets, le Parlement a voté une recommandation pour exiger le départ sans délai.
Dans un texte précédent celui du que nous reproduisons ci-dessous (le 22 janvier 2020 : « Retrait immédiat des USA exigé pour avoir violé l’accord conclu avec l’Irak et bafoué la souveraineté du pays »), Elijah J. Magnier décrivait notamment les conditions et les dispositions de ce vote :
« Le parlement irakien a décidé d’appeler au retrait immédiat de toutes les forces étrangères du pays pour violation des conditions relatives à leur présence. Les USA n’ont pas respecté leurs obligations contractuelles envers le gouvernement de Bagdad et ont bafoué la souveraineté de l’Irak, mettant ainsi en péril sa stabilité. Une source au bureau du premier ministre a affirmé que “la demande de retrait est imminente. Les forces US ont violé l’accord, qui devient ainsi caduc. L’accord prévoit de donner aux forces US un délai d’un an, mais comme les USA ont violé les conditions de l’accord, cette échéance ne tient plus”.
» Le premier ministre Adel Abdel Mahdi a informé tous les pays ayant une présence militaire en Irak (les USA et leurs partenaires de la coalition, dont la G.-B., le Canada, la France, la Belgique et le Danemark) de l’urgence d’amorcer leur retrait le plus tôt possible. Jusqu’à maintenant, m’a-t-on dit, aucun pays n’a répondu favorablement à la requête via les canaux diplomatiques. Seuls les USA ont répondu au gouvernement irakien, en signifiant ouvertement leur refus de partir. Une pression intense et de l’intimidation sont exercées auprès du gouvernement pour le persuader de ne pas mettre à exécution la décision constitutionnelle votée par la majorité parlementaire.
» “Je ne vois qu’une seule solution : informer le pays que les États-Unis défient la volonté du peuple irakien et déclarer que les militaires US constituent une force d’occupation quand tous les moyens diplomatiques sont épuisés”, a déclaré notre source. »
Dans le texte ci-dessous, du 23 janvier 2020, Elijah J. Magnier décrit les préparatifs de mobilisation et des opérations de résistance d’un pays qui se considère désormais “en état de guerre” contre l’allié américain devenu occupant du fait de son refus de quitter le territoire irakien. Comme toujours dans notre époque d’hyperpuissance et d’hyper-rapidité de la communication, l’attention, toute entière portée sur l’Irak avec l’assassinat de Soleimani le 3 janvier, s’est déplacée très rapidement sur d’autres événements (Davos, le procès en destitution de Trump, etc.), laissant l’impression que la crise est désamorcée. Cela est évidemment faussaire. La crise n’est nullement close ni même apaisée ; il s’agit juste d’un épisode de cette crise qui s’est clos, et son effet est d’exacerber les conditions du prochain épisode. C’est sans doute le cas, et immédiatement comme on le lit dans le texte ci-dessous.
Il est manifeste, selon le compte-rendu qui nous est proposé, que notre attention va de nouveau être sollicitée par la situation en Irak qui devient, avec le Syrie en complément, « le champ de bataille choisie » par l’“Axe de la Résistance” anti-US, avec comme objectif de faire partir des forces US de la région. Il est également manifeste que les forces de la résistance irakienne ont voulu donner un aspect ordonné, légal et légitime à cette résistance, en envisageant de n’agir qu’une fois épuisées toutes les formes légales et pacifiques pour obtenir le départ des “forces étrangères” (essentiellement US, bien entendu).
Magnier, à qui nous avons plusieurs fois emprunté des textes, ne se cache certainement pas d’être partisan dans ses positions de fond. Il est absolument opposé à l’impérialisme US, à la présence US, etc., ce qui le conduit à être pro-Assad, pro-Iran, etc. Cet aspect de son travail, – qui aboutit tactiquement mais nécessairement à une position antiSystème, – ne nous gêne absolument pas, politiquement certes mais aussi du point de vue de l’éthique. Il y a désormais plusieurs années que la réalité a été désintégrée et que l’objectivité s’est découverte comme la chimère qu’elle est depuis longtemps sinon toujours, et en ce sens l’événement est bienvenu dans ce qu’il nous montre de la vérité-de-situation. Dans le cas de cette situation crisique générale, l’objectivité per se, c’est-à-dire l’absence de choix partisan, n’est pas acceptable. Les journalistes de la presseSystème sont ceux qui parlent le plus d’objectivité (et du “sérieux” de leur métier, bien entendu, avec toute l’arrogance-hybris qui importe) et il est évident qu’ils sont de parfaits zombieSystème, complètement corrompus ou/et manipulés par le Système. Aujourd’hui, l’engagement est une nécessité et une fatalité à la fois ; celui qui parle d’“objectivité” se fait en fait complice du Système qui est cette force qui a fracassé la réalité pour tenter d’imposer sa propre “réalité” au monde en montant un simulacre qu’il a baptisé “objectivité”.
Magnier est un journaliste engagé. Il n’est pas nécessaire d’être en accord avec tout ce qu’il écrit mais il importe de reconnaître son engagement “objectivement” (!) antiSystème, et la valeur des sources dont il dispose. Il sait d’ailleurs être critique vis-à-vis de ceux de son parti qu’il juge critiquable, comme par exemple dans ce texte du 5 janvier 2020 où il dresse le tableau des faiblesses coupables de l’“Axe de la Résistance” qui ont permis l’assassinat de Soleimani. On identifie dans le texte ci-dessous certaines nuances de langage (mis en caractère gras par nous) qui signalent une certaine défiance en ce qui concerne la résolution de celui qui a pris la tête de la résistance : « Sayyed Moqtada al-Sadr a pris les commandes de la résistance contre la présence américaine. Il est aujourd’hui reconnu comme le leader de la résistance, en rassemblant sous son aile tous les groupes qui se sont battus contre Daech en Irak et en Syrie. C’est un poste qui convient à Sayyed Moqtada tant qu’il continuera à remplir son rôle. »
Ci-dessous, le texte de Elijah J. Magnier du 23 janvier 2020, sur son site ejmagnier.com., sous le titre « L’Iran prêt à attaquer de nouveau : les forces US quitteront-elles l’Irak ? »
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L’Irak s’apprête à tenir des manifestations regroupant un million de contestataires (*) en réponse à l’appel du leader chiite irakien Sayyed Moqtada al-Sadr, pour montrer la solidarité du peuple irakien à l’appel au retrait immédiat de la coalition dirigée par les USA et de toutes les forces étrangères basées dans le pays. Les préparations sont en cours pour amener les civils, les familles, les militants et les compagnons d’armes du commandant des Forces de mobilisation populaire (FMP) Abou Mahdi al-Muhandes à descendre dans les rues pour lancer un message aux forces étrangères dirigées par les USA. Il s’agit là d’un message pacifique, le premier du genre. Mais il est peu probable que les messages qui suivront soient très pacifiques. La coalition dirigée par les USA partira-t-elle en paix?
Selon un officier de haut rang au sein de l’Axe de la Résistance, « l’Iran s’est juré de venger ses officiers assassinés à l’aéroport de Bagdad, le major général Qassem Soleimani et ses compagnons, le brigadier général Hossein PourJafari, le colonel Shahroud Mozaffarinia, le major Hadi Taremi et le capitaine Vahid Zamanian. Cette attaque a porté un coup très dur. L’Iran ne s’attendait pas à ce que les USA se lancent dans une guerre ouverte alors que le président Donald Trump s’apprête à lancer sa campagne électorale. L’Iran n’avait pas prévu cette erreur de jugement des USA quant aux conséquences d’un acte de guerre pareil. L’Iran a maintenant fait le bilan de la situation, a assumé ses pertes et se prépare à faire en sorte que l’assassinat de ses officiers reste dans la mémoire des USA pendant de nombreuses années ».
Pour les forces US, quelles sont les options envisageables? Comment les Irakiens réagiront-ils à la présence de ces militaires sur le point d’être désignés comme une force occupante, légitimant ainsi toute attaque armée de la résistance contre les USA? L’Iran se prépare-t-il à une « guerre par l’entremise de ses alliés »?
Les options sont en fait très claires : soit que les forces US restent en Irak et subissent des attaques, soit qu’elles partent pour de bon. Les forces US ne peuvent rester dans les zones sous contrôle chiite. Elles pourraient bien rester à court terme dans le désert de l’Anbar à l’ouest, proche de la frontière syrienne, ou encore se déplacer dans le Kurdistan irakien.
Les bases US au Kurdistan ne sont pas à l’abri de représailles iraniennes éventuelles. Le bombardement iranien d’Ayn al-Assad et de la base US à Erbil était un message pour dire à Trump qu’aucune base en Irak n’est sûre. L’Iran a des amis et des alliés dans le Kurdistan irakien et peut rendre la vie dure aux forces US.
Toute tentative des USA de séparer le Kurdistan de Bagdad soulèvera de vives réactions de la part des Turcs et des Iraniens. Cela forcera aussi Bagdad à cesser d’aider financièrement la région et cela se ressentira à Kirkouk, riche en pétrole, qui est sous le contrôle des forces gouvernementales irakiennes et ne fait plus partie de la région irakienne du Kurdistan.
Toutes les bases militaires en Irak sont occupées par deux forces distinctes : une partie est sous le contrôle des forces irakiennes et l’autre sous le contrôle des forces US. Le premier ministre irakien n’aura pas d’autre choix que d’ordonner le retrait de toutes les forces irakiennes des bases où les troupes US se sont établies une fois qu’elles seront officiellement désignées comme une force d’occupation qui refuse de s’en aller. Cela permettra à la résistance irakienne d’attaquer les bases sans risque de faire de victimes irakiennes.
De plus, il est dorénavant trop dangereux pour les USA de poursuivre leurs programmes d’entraînement militaire. Les forces US pourraient être attaquées pendant les séances d’entraînement par des Irakiens désireux de les voir partir. Les amis des membres des brigades 45 et 46, que les USA ont attaqués à la frontière irako-syrienne, et ceux qui sont fidèles à leur commandant Abou Mahdi, n’hésiteront pas à s’en prendre au personnel militaire américain à la première occasion.
Aucune société pétrolière américaine ne peut rester en Irak non plus, car les membres du personnel provenant des USA risquent de devenir des cibles vulnérables susceptibles de se faire enlever ou d’être tués par des Irakiens. Aucune force ne peut protéger les sociétés américaines et l’Irak n’aura aucune difficulté à permettre à la Chine de les remplacer (la Chine a déjà exprimé sa volonté de dédommager les sociétés étrangères prêtes à partir). Les assassinats ciblés auront des conséquences terribles pour les USA en général.
L’Iran a livré des missiles de précision aux Irakiens, qui sont prêts à venger leur commandant assassiné Abou Mahdi al-Muhandes en expulsant les USA hors de la Mésopotamie. L’Iran ne demande pas mieux que de livrer tous les missiles de précision qu’il faut pour remplir les entrepôts irakiens et voir le nombre de victimes américaines grimper juste avant le déclenchement officiel de la prochaine campagne présidentielle aux USA! Il y a peu d’espoir pour Trump qu’il termine ses années à la présidence sans morts ni blessés dans les rangs de ses forces en Irak et en Syrie.
En Syrie, les forces US sont présentes autour des champs pétrolifères, mais les USA en retirent peu d’avantages. Trump a dit ne pas avoir besoin du pétrole du Moyen-Orient, avouant ainsi que dans les faits, sa décision de rester ne repose que sur un seul objectif : plaire à Israël.
Israël tire avantage de la présence des USA à Al-Tanf et au nord-est de la Syrie en s’attaquant à des cibles en Syrie tout en violant l’espace aérien irakien. Israël se cache derrière la présence américaine pour intimider l’Iran et ses alliés et les dissuader d’user de représailles pour les centaines d’attaques menées contre eux ces dernières années. Trump aura beaucoup de difficulté à justifier les pertes dans les rangs du personnel militaire américain pour le motif de pouvoir voler le pétrole syrien. La présence américaine est une raison légitime pour les Syriens et leurs alliés de riposter contre les forces occupantes qui prennent de force le pétrole syrien et qui ont cessé de combattre Daech.
Toute tentative de mobiliser des protestataires et de mettre le feu aux bureaux et aux institutions du gouvernement ne sera plus prise à la légère sans rien faire par la résistance irakienne s’il y a des preuves d’une implication américaine dans les coulisses.
Sayyed Moqtada al-Sadr a pris les commandes de la résistance contre la présence américaine. Il est aujourd’hui reconnu comme le leader de la résistance, en rassemblant sous son aile tous les groupes qui se sont battus contre Daech en Irak et en Syrie. C’est un poste qui convient à Sayyed Moqtada tant qu’il continuera à remplir son rôle.
Les partisans sadristes peuvent facilement causer la pagaille dans les rangs des forces US. Moqtada al-Sadr possède une longue expérience de combat contre les USA et Washington le sait. S’il hésite, d’autres leaders se pointeront. Les alliés de l’Irak au sein de l’Axe de la Résistance sont également présents en Irak, prêts à intervenir. Les USA ne tarderont pas à prendre conscience des conséquences de leurs assassinats ciblés, de leurs violations de la souveraineté de l’Irak ET de leur véritable déclaration de guerre contre l’Iran.
La table est mise. Trump et l’Iran se livrent une guerre non déclarée. Les forces US occupent un terrain que l’Iran et ses alliés connaissent très bien, où ils peuvent de déplacer plus librement que les forces US. L’Irak d’abord, puis la Syrie, sont les champs de bataille choisis.
(*) Mise à jour : Voir ce jour, notamment sur RT.com.
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