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1620De plus en plus de commentaires apparaissent sur la question du nucléaire israélien dont on parle désormais régulièrement depuis trois semaines (voir notre Bloc-Notes du 18 avril 2009, signalant un article de Wayne Madsen du 13 avril 2009, première occurrence à notre connaissance d’évocation de cette question). Justin Raimondo, sur Antiwar.com le 8 mai 2009, traite le sujet, ainsi que Helena Cobban, le 9 mai 2009, sur le même site.
Raimondo, dont on connaît les positions très radicales, anti-guerre, hostile à la politique israélienne et à l’influence du Lobby sioniste (AIPAC), extrêmement critique d’Obama, examine les plus récents éléments apparus dans cette problématique et admet qu’il existe désormais une évolution. Faisant allusion à une déclaration officielle de l’administration Obama, lors d’une conférence de l’ONU sur le traité de non-prolifération (TNP) de 1970, il conclut fort justement sur la question de la question de la détermination d’Obama:
«We’ll see, however, if that determination is somewhat blunted in the coming months, under relentless pressure from the Lobby, which will go all out to crush this initiative before it gets off the ground. President Obama is being tested. Here is a man who has all the mannerisms of greatness, but whether he’s merely aped these, like any second-rate actor is capable of doing, or is the real thing, has been a matter of some debate. The next few months should be enough for us to see what he is made of. If he lasts that long without capitulating entirely, I’ll be surprised – and honestly delighted.»
La déclaration officielle dont il est question est celle de Rose Gottemoeller, du département d’Etat. Cobban en rapporte les circonstances: «On Tuesday, U.S. Assistant Secretary of State Rose Gottemoeller spelled out that this policy would apply to Israel, as well. Speaking at a conference on the 1970 Nuclear Non-Proliferation Treaty (NPT), Gottemoeller said that “Universal adherence to the NPT itself, including by India, Israel, Pakistan and North Korea … remains a fundamental objective of the United States.”»
C’est là un point très intéressant. On a déjà vu les enjeux divers de la question du nucléaire entre Washington et Israël, mais l’intérêt de la déclaration est que la question est écartée de ces seules relations pour être introduites dans le cadre multilatéral d’un traité général sur la non-prolifération. Le paradoxe est qu’il pourrait y avoir, d’une certaine façon, une contradiction tactique entre la question du règlement du problème israélo-palestinien et la question du nucléaire israélien.
«Many advocates of a more evenhanded U.S. policy to the Middle East welcomed Gottemoeller’s statement, seeing it as chipping away the damaging double standard that Washington has long employed in Israel’s favor.
»Other commentators, more focused on the need to achieve real progress in the peacemaking between Israel and its Arab neighbors, welcome the signs of a new evenhandedness toward Israel. But they warn that the focus on nuclear questions should not eclipse the need for speedy U.S. actions to curb Israeli settlement construction and get the final Israeli-Palestinians peace talks back onto a hopeful track.
»One Palestinian security-affairs analyst here said, “It doesn’t have to be an ‘either-or’. Obama should continue to pursue his nonproliferation agenda. But our priority is to win a decent future for our people, in our homeland. I don’t see Israel’s nuclear weapons, however many there are, as having a direct impact on that. So let’s keep our focus on the peacemaking.”»
Effectivement, on peut concevoir que, pour régler la question palestinienne, les USA doivent rechercher une combinaison de pressions et de concessions vers les Israéliens, tandis que la question nucléaire, qui suppose une action puissante vers un but d’une importance considérable, s’exerce dans un autre domaine qui implique une pression maximale sur Israël qui ne susciterait pas nécessairement la bonne volonté d’Israël dans la question palestinienne, voire même contrarierait son éventuelle évolution. Mais il y a bien sûr un autre élément: la question nucléaire (NPT) implique plusieurs problèmes, d'où son extrême importance; il y a notamment le but supplémentaire d’une “zone dénucléarisée” au Moyen-Orient, qui concerne aussi bien la question iranienne que la question israélienne pour le domaine central du nucléaire.
Quelle voie doit-on privilégier, si les deux problèmes ne peuvent être menés de front? Il semble que l’aspect nucléaire est le plus tentant. Outre le fait lui-même, la dénucléarisation de la zone (même, le seul fait de mettre ainsi en débat international le nucléaire israélien) conduirait à un affaiblissement de la domination politico-militaire israélienne de la région en même temps qu'à une réévaluation des relations Israël-USA, les deux aspects mettant Israël dans une position où il lui deviendrait extrêmement difficible de ne pas accepter de coopérer à une résolution du problème palestinien.
Dans ce cas comme dans d’autres, on commence à distinguer une démarche stratégique importante de l’administration Obama: tenter de sortir, grâce à son déplacement vers un problème stratégique à un niveau supérieur, d'une crise régionale devenue très difficile à dénouer à son seul niveau. La démarche possible pour le nucléaire israélien par rapport à la crise israélo-palestinienne pourrait ressembler à ce qu’on commence à distinguer de la démarche Russie-USA concernant les anti-missiles en Europe. Là aussi, le problème tend à être sorti de son cadre régional pour être inclus dans une négociation stratégique au plus haut niveau, où il pourrait être beaucoup plus aisément résolu.
Mis en ligne le 9 mai 2009 à 17H48