Israël et l’“amour vache”

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C’est dans tous les cas le sens du titre de l’article de Seema Sirohi, journaliste correspondant basé à Jérusalem, dans son article daté du 24 juin 2009 sur Atimes.com… En gros (le titre): “Israël assommé par l’‘amour vache’ d’Obama” («Israel stunned by Obama's tough love»: si l’expression “tough love” peut s’autoriser d’une adaptation en “amour vache”, – et le sens des choses nous semble effectivement donner cette autorisation).

Sirohi s’attache surtout à décrire le climat en Israël, après les quelques mois de “repositionnement” de la politique israélienne des USA, sous la direction du nouveau Guide éclairé, Barack Hussein Obama (on se doute que le “Hussein” du H de BHO fait fortune aujourd’hui en Israël). Il n’apporte aucun élément particulièrement nouveau mais rend compte de la perception, notamment du public, de l’action du président Obama dans le domaine de sa politique israélienne.

«Obama's speech to the Muslim world in Cairo, advocating a separate state for Palestine was a dramatic opening salvo, a frank admission of what needs to be done. He equated Palestinian and Jewish suffering, speaking of the two peoples in the same breath, something no other American president has done. He humanized and elevated the Palestinians who have long languished in the netherworld of neglected priorities of both the West and the Arab world.

»Obama also loudly demanded an end to Jewish settlements in the occupied West Bank as a prerequisite to restarting the peace process. A future Palestine weighed down by illegal Jewish settlements is a recipe for more, not less, conflict. It is also an issue where Israel has no cover - international law bars any demographic changes in the occupied territories.

»No wonder Washington's new stance has rattled the Israeli government, lit up the Jewish blogosphere and made the religious right angry. Posters calling Obama “anti-Semitic” and wearing the kaffiyeh (scarf) are being waved at rallies in Jerusalem while YouTube videos filled with anti-Obama hate speech are multiplying.

»That his middle name is “Hussein” has suddenly become a potent cry in Israel. A recent poll indicated that 51% of Israelis think he is pro-Palestinian. Many say he is pushing Israel to score “points with the Muslim world”.»

Il s’agit plus d’un témoignage d’une évolution à fleur de peau que d’une analyse ou d’une enquête fournissant des informations nouvelles. Il n’empêche, son intérêt est sans doute de faire indirectement prendre conscience et mesurer l’extrême et paradoxale fragilité de l’alliance israélo-américaine, pourtant nécessairement décrite comme quelque chose d’indestructible et de fondamental. Il y a effectivement un aspect fascinant dans cette fragilité côtoyant immédiatement l’aspect quasi-indestructible, ce contraste, – qui est du notamment à la rhétorique incroyablement enflée qui a servi à justifier cette alliance pendant toutes les années Bush, – lorsque la rhétorique a disparu.

A propos du discours de Netanyahou, censé répondre à Obama après le discours du Caire, Sirohi cite un commentaire de David Grossman, auteur et activiste pacifiste israélien, dans Haaretz : «He persuaded no one that he really intends to fight for peace. He did not lead Israel to a new future. He only collaborated with its old, familiar anxieties…» Le terme de “vieilles anxiétés familières” pour décrire la rhétorique de Netanyahou correspond assez bien à la position politique du Likoud et de la droite israélienne, maintenant que Bush et les neocons sont partis, et avec eux la mystique de la guerre contre la terreur. L’alliance des “vieilles anxiétés familières” a également concerné finalement la partie américaniste, où s’étaient retrouvées également diverses anxiétés, et l’alliance USA-Israël a semblé prospérer sur ce levain commun, en imposant des conditions radicales, en déchargeant Israël de toutes les contraintes d’un Etat normal, vis-à-vis de la légalité et du droit international. Aujourd’hui que les “vieilles anxiétés familières” ont disparu de la direction US préoccupée par d'autres problèmes pressants, la situation se retrouve dénudée des arguments de la terreur et les Israéliens mesurent ce qu'ils jugent être les fragilités de l’alliance US. Il nous semble tout à fait possible que le paroxysme bushiste, en laissant quitte l’un ou/et l’autre de certaines de ses obligations, ait subrepticement vidé cette alliance d’une partie importante de sa substance; le paroxysme disparu, il se pourrait que le roi soit nu.


Mis en ligne le 23 juin 2009 à 16H24

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