Israël et le JSF: plus très loin de la crise

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C’est à nouveau l’alerte concernant Israël et le JSF (F-35). Un signe clair de la chose est cet article de Haaretz du 17 avril 2009, qui renouvelle les très graves réserves de la force aérienne israélienne concernant les “conditions” que les Américains feraient aux Israéliens (on a déjà divers échos très précis de ces problèmes, notamment au mois de février):

• Le prix fixé pour les Israéliens, dont la situation est variable comme tout dans le cas du JSF, mais dans tous les cas beaucoup trop élevé pour les Israéliens. Dans l’article cité, on parle de $100 millions et plus l’exemplaire et on a reparle d’une enveloppe de $15 milliards pour 75 avions, qu'on avait déjà notée, ce qui confirme généreusement ce “plus de” $100 millions.

• Le refus confirmé et ferme des Américains de permettre aux Israéliens d’installer leurs propres systèmes électroniques, ou d’intervenir dans l’équipement électronique et de l'armement de l’avion. La position ferme des USA est que seuls les USA doivent avoir les moyens d’intervenir sur ces équipements.

«The defense establishment is reconsidering the purchase of American F-35 fighter jets due to the unexpected high cost and disagreements with the manufacturer regarding the installation of Israeli systems in the planes.

»“This is undoubtedly the ideal fighter plane, and we'd like to have it very much, but not at any price,” a senior defense establishment official said.

»A defense establishment evaluation concludes that the Israel Air Force can maintain its operational and technological supremacy even without the advanced fighter aircraft. This could be achieved by upgrading the IAF's F-15 and F-16 aircraft and buying their advanced models. […]

»The main argument is about the system structure integrating all the avionic systems. This makes it difficult to meet IAF demands that unique communications, controls and special electronic systems, at the very least, be installed, and that the plane be modified to carry Israeli-made armaments. Because of the F-35's structure, which places missiles, bombs and electronic devices inside the plane, no system can be installed externally and considerable internal modifications would be required. »

L’article de Haaretz doit être considéré comme un signal important, plutôt que comme une information nouvelle. Tout ce qu’écrit Haaretz est déjà connu, – sauf, peut-être, et ce n’est pas un détail innocent, le constat que l’achat de F-15 et de F-16 dans leurs versions avancées pourrait constituer un substitut à l’achat du JSF. Il s’agit de faire savoir que l’arrivée du gouvernement Netanyahou n’a rien changé dans l’attitude des Israéliens, qu’elle pourrait même avoir confirmé et durci cette attitude. Le JSF Program Office (JPO) du Pentagone et Lockheed Martin (LM) espéraient que l’arrivée d’un gouvernement d’extrême droite, notoirement lié aux industries d’armement et aux influences du Pentagone, débloquerait le cas du JSF israélien. Il semble n'en être rien. Qui plus est, la situation se révèle par ailleurs extrêmement compliquée. C’est en effet dans le champ politique qu’il faut porter son attention à cet égard.

Chaque jour, comme aujourd’hui encore sur ce site, apporte des indications nouvelles sur l’évolution des relations entre Israël et les USA. Ces relations ont changé depuis trois mois. L’administration Obama impose un nouveau rythme aux relations américano-israéliennes. Il existe entre les deux alliés une tension palpable. Les Israéliens ont reçu un avertissement sévère, dans le chef d’une déclaration du vice-président Joe Biden, de ne pas tenter une attaque contre l’Iran. On comprend que ces conditions ne sont pas vraiment propices à des efforts considérables de la part des Israéliens pour l’achat du JSF aux conditions draconiennes du groupe JPO-LM .

Cet aspect de la situation du JSF (l’engagement des pays coopérants) commence à préoccuper le Pentagone. Outre la situation israélienne, les Norvégiens ont renvoyé à 2012 leur décision qu’on croyait verrouillée d’acheter 48 JSF. Les Néerlandais sont désormais dans une situation très incertaine, avec l’achat des deux premiers avions de pré-production en suspens avant une décision fin avril, éventuellement avec la possibilité d'un éventuel délai de réflexion d’au moins un an, cela avec une pression grandissante tant au niveau parlementaire qu’au niveau du public. Seuls les Britanniques ont fait leur bonne action et ont passé commande des premiers appareils faisant fonction d’avions de développement qui leur étaient destinés.

Il apparaît très probable que l’accélération du programme JSF pour l’année FY2010 proposée par Gates le 6 avril a surtout pour but de rassurer, ou de tenter de rassurer les coopérants sur la bonne marche du programme et l’engagement de l’USAF. Il reste que cette opération ne semble pour l’instant pas suffisante. Pour le groupe JPO-LM, la situation deviendrait très difficile au niveau de la politique du programme si d'autres pays que le Royaume-Uni ne passaient commande d’avions de pré-production ou ne s’engageaient pas plus avant dans le programme d'ici 2010. Face au Congrès, l’argument de la coopération internationale est essentiel pour le soutien du programme dans son rythme actuel.


Mis en ligne le 18 avril 2009 à 08H43