It’s the Economy, stupid

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Qui sera l’élu(e) ce soir, cette nuit, demain? Sans aucun doute, l’économie. C’est elle qui a dominé la campagne présidentielle, c’est elle qui a déterminé l’élection présidentielle. C’est un avis qu’on trouve d’une façon très générale et très répandue, qu’on retrouve également dans le reportage statistique qu’a fait The Independent, en interrogeant quatre citoyens US représentatifs de l’électorat: Laura DeBusk (LD), une ménagère démocrate de 38 ans, de Virginie; Joe McManus (JM), un avocat républicain de 62 ans, de Washington DC; MaryBeth Ray (MR), une avocate républicaine de 48 ans, de Washington DC; Renee Van Vechten (RV), une professeur démocrate de 39 ans, de Californie.

Nous citons les réponses à deux questions des questions sur la campagne qui leur sont posées. La première de ces questions est: “quel est le tournant de la campagne électorale?”

«LD: When John McCain said the fundamentals of the economy were strong even as the economy began to collapse. I think all of the campaign decisions made from that point did not make him look like an in-control, in-tune leader.

»JM: Without a doubt, the cratering of the economy. Every Democrat since 1932 has wanted to run against Herbert Hoover, and this year they got their wish. Nothing McCain can do about it.

»MR: I do think a lot of independent voters gave up on McCain when they saw Palin's interview with Katie Couric. Likewise, I think many people of both races were impressed by Obama's speech on race after the Jeremiah Wright fiasco. But I think the turning point in the campaign was the economic crisis, and the perception that Obama will handle it better.

»RV: The week spanning the two national conventions: Being inspired by the positive agenda and vision that Democrats are proposing, and then witnessing Republican icon after icon deliver derisive, mocking demagoguery that has dominated their campaign ever since.»

La deuxième question est celle-ci: “Quelle a été pour vous la surprise de la campagne?”

«LD: The economy. From the beginning of the primaries, it seemed that foreign policy and who would be the best steward in this area was going to be the debate.

»JM: The credit crunch was a gamechanger. Until then, I thought Obama was ahead but McCain close enough to make it a cliffhanger.

»MR: The bailout. While that was the closest thing to socialism in recent memory, I found it surprising that there was very little opposition to it from either party.

»RV: The ease and efficiency with which Obama has raised millions upon millions of dollars from small donors. It's simply breathtaking. He has changed election fundraising forever.»

Cette enquête de sondage est, nous semble-t-il, très représentative de la situation telle qu’on peut en juger. D’une part, du côté des événements de la campagne, l’économie (la crise financière) dans toutes ses ramifications, est considérée à la fois comme l’élément moteur de la campagne, le tournant de la campagne et la surprise de la campagne. L’autre élément mentionné, mais largement minoritaire, c'est celui des personnalités et leur comportement ou la perception qu’on en a, et particulièrement la personnalité d'Obama.

Cela représente effectivement le portrait de cette campagne présidentielle, qui est une “campagne de situation” bien plus que de personnalités. Ce n’est pas seulement dire qu’un événement a largement dominé la campagne, car bien entendu ce phénomène a déjà existé (bien sûr la crise économique en 1932, le Vietnam en 1968); c’est surtout observer qu’un événement s’est imposé dans la campagne avec une extraordinaire puissance, qu’il l’a fait en cours de campagne, qu’il a relégué avec autant de force les autres événements au second plan et forcé les candidats à modifier leur stratégie, qu’enfin il a constitué le facteur déterminant de l'élection. Cette “campagne de situation”, c'est un événement qui nous paraît sans précédent dans l'époque moderne, un événement qui marque la force de l'intrusion d'un courant historique puissant malgré les programmes et les précautions du système.

Personne n’a rien pu contre cela. Cette “campagne de situation” conduit donc à une “élection de situation” (quel que soit son résultat). Dans le même élan, elle conduit les observateurs du monde médiatique et de la communication en général, et nombre d’analystes politiques également, à des appréciations et à des analyses risquées et sans doute erronées pour les conclusions qu’on en tirera puisque le commentaire est très souvent et beaucoup trop incliné à la personnalisation de l’élection, – encore plus cette fois où l’une des personnalités, le favori Obama, est si inhabituelle.

Notre sentiment est que la personnalité du vainqueur ne jouera vraiment que dans la mesure de sa capacité d'adaptation à l’événement qui l’a imposé. C’est un exercice extrêmement difficile à réaliser, parce qu’il demande d’abord humilité et lucidité dans le jugement de celui qui le fait, et tout autant difficile à mesurer et à juger de la part des commentateurs, toujours plus sensibles aux actes et aux paroles des hommes qu'aux réalités, muettes mais puissantes, des événements.


Mis en ligne le 4 novembre 2008 à 14H18