Jill Stein, l’inopportune

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Jill Stein, l’inopportune

29 novembre 2016 – Qu’est-ce que veut donc Jill Stein, candidate du Green Party US, avec ses moins de 1% de voix, dans cette aventure qui devient de plus en plus surréaliste du recomptage des voix dans trois Swing States ? D’abord, c’était clair, on avait cru à une attaque alimentée par une manne mystérieuse, puis plus précisément à un complot entretenue par la perdante, Hillary dite par Diana Johnstone Reine du Chaos. Désormais apparaît une autre perspective, celle que Jill Stein cherche simplement à montrer les tares du fonctionnement du système électoral US, – s’il y en certes, et il y en a certes, – sans autre idée préconçue ni idée de complot.

Cela est résumé par sa plus récente déclaration (sur CNN), telle que la rapporte dans sa version la plus courte un ZeroHedge.com qui ne manque pas d’encadrer de sarcasmes la “tactique” et le fondement d’une telle démarche qui, selon cette appréciation critique du site, pulvérise encore un peu plus la “crédibilité” de Jill Stein. Voici le texte extrêmement court, donnant accès aux déclarations de Stein sur CNN, également très courtes (42 secondes) sur le réseau télévisé :

« Confirming what she has said previously, Jill Stein crushed her credibility a little further in 42 seconds of fun with CNN's Anderson Cooper...

» CNN: “Do you have any evidence at all of voter fraud?”

» Stein: "No... but it's like when you get into an airplane, you do not want to have evidence that the airplane is rapidly losing altitude... We must have a system we can be confident in."

» So while CNN bashes Trump’s “illegal voter” fraud allegations, and Democrats were previously outraged at any and every comment that brings the confidence in the American system into question... Jill Stein is doing just that... for the sake of the people. »

Stein n’a pas varié dans ses déclarations depuis le début de son opération-éclair, dont il s’avère de plus en plus, désormais, qu’elle a pris beaucoup de monde, sinon tout le monde, – par surprise... Est-ce à dire qu’il n’y a pas tant “complot” que cela ? Cela se discute ferme, comme on le verra plus loin.

Stein s’était expliquée en détails, notamment et d’une façon très détaillée, au-delà de l’image de l’avion qu’il faut inspecter pour trouver des défaillances de fonctionnement, en espérant qu’on ne trouvera pas de défaillances de fonctionnement... Ici, c’était pour le réseau russe Sputnik, le 24 novembre :

« Speaking to Brad Friedman, host of Radio Sputnik's Bradcast, Stein offered details about what it was she was trying to accomplish with her initiative. Simply put, she said that the recount effort is meant to assure voters that their votes were accounted for and counted accurately. “We have to move really fast in order to basically verify the vote and be confident our votes were actually counted, that they weren't flipped or stripped and that we have a system of elections we can believe in,” the candidate explained.

Stein said that her “interest as a citizen, as a person in America, that the vote be valid,” is what's driving the effort from her end. “Why would anyone in their right mind not want to have secure and verified vote? In a very vicious, hotly contested election that used hack-friendly voting machines, in a hack-riddled election, we deserve some confidence in the outcome of this election,” she said. “I’m responding to a [group] of people…observers and advocates, both experts and just ordinary citizens, who feel like this is unacceptable and that these machines as a baseline is not the way we should be voting.” “Then there are allegations of voting irregularities that I cannot testify to myself – as I understand these are rather debatable grey zones at this point. But I think there is plenty of evidence to say that we deserve confidence in our voting system,” she added.

Stein stressed that it's actually an “outrage we have to go to extraordinary lengths to verify the vote.” “This is something we shouldn't have to ask a recount for. We shouldn't have to spend a million dollars in Wisconsin alone in order to be confident of our vote. The tragedy is that this is not built into our voting system – that 25% of Americans vote on these electronic machines that have no paper record whatsoever. This is really a mockery of democracy – one of many incredible vulnerabilities of our democracy and our elections.” »

“Est-ce à dire qu’il n’y a pas tant ‘complot’ que cela ?”, est-ce à dire que Stein est une sorte de Candide plongé dans une vision idéaliste, à la recherche d’une démocratie parfaite, ou dans tous les cas de la perfectibilité du modèle actuel dont tout le monde s’accorde à reconnaître la corruption, la vétusté et la vulnérabilité ? Dans tous les cas, les réactions enregistrées ces deux derniers jours montreraient a contrario que ce pourrait bien être le cas ; il y a une levée de boucliers générales contre l’initiative de Stein, qui touche aussi bien les acteurs-Système classique (Obama, les démocrates), que l’on soupçonnait jusqu’alors de manipuler, d’instrumenter et de soutenir Stein ; que les habituels combattants antiSystème, que ce soit leur champion actuel (Trump), que ce soit les plus vocaux d’entre eux, comme Paul J. Watson qui intitule sa vidéo sur Infowars.com du seul mot de “Idiot”, – en anglais et in French, on se comprend. (Encore n’a-t-on pas accusé Stein d’être une “agente de Poutine”, puisqu’on l’entend et la voit souvent répondre aux interviews de Sputnik et de RT ; pas encore, – soyons vigilants...)

Auparavant, après une incertitude et une interrogation initiale, il y eut une séquence, – très court, tout cela, nous parlons de séquences ultrarapides, d’un-deux jours au plus, – où l’on chercha à comprendre de quelle sorte de complot Stein était l’exécutante. Finalement, des thèses complexes émergèrent, dont divers sites rendirent compte, souvent avec un luxe de détails renvoyant à l’extraordinaire complexité chaotique du système politico-juridique US, avec ses infinies différences d’État à État. On citera Richard Baer et Joseph Smith, de The American Thinker, et ZeroHedge.com qui en fit le compte et la synthèse le 28 novembre.

En gros on en venait à cette description du complot : oui, Stein “travaille” plus ou moins pour les démocrates ; elle n’espère pas obtenir un recomptage qui donnerait Clinton victorieuse, objectif absurde d’un point de vue comptable comme tout le monde le reconnaît ; simplement, elle veut retarder le processus de désignation des Grands Electeurs jusqu’à dépasser la date-limite pour le comptage (12 décembre) de façon à empêcher de prendre en compte les États concernés, et aboutir, le 19 décembre, à une impasse pour les Grands Electeurs : 223 pour Clinton mais 269 pour Trump, un en-dessous des 270 requis pour l’élection. Dans ce cas, dit la Constitution, l’élection est renvoyée au Congrès, devant la Chambre qui vote pour désigner le président, devant le Sénat qui vote pour la vice-présidence. (Ce cas ne s’est produit qu’une fois dans l'histoire de la Grande République, en 1824, privant Andrew Jackson qui avait l’avantage au Collège de la présidence. Jackson prit sa revanche en 1828.)

Le but aurait été alors, dans cette hypothèse qui prend des allures de narrative de délégitimer un peu plus la présidence Trump tout en lui imposant des obstacles supplémentaires, – car nul ne douterait que Trump serait réélu par la Chambre à majorité républicaine mais peut-être avec des concessions-Système puisque le parti républicain reste un organisme du système et Trump anti-establishment, sinon antiSystème. A ce stade de l’évolution de la communication, même le colonel Lang, de Sic Semper Tyrannis, s’intéressait à l’affaire tout en confessant jusqu’à se référer au pseudo-“retour“ à Londres de l’increvable Tony Blair qu’on pourrait peut-être marier à Hillary, son incompréhension en général de cet étrange cirque, et en laissant la conclusion à ses lecteurs...

« In my opinion, it may be possible to dismiss these events as just a little rabble rousing to improve newspaper circulation prior to the inauguration (will Trump get elected???) – at which point the media focus again changes (now what will President Trump do????). Conversely, this may be a structured attempt to put Clinton on the throne, in which case all hell breaks loose. I also note that in the UK. Tony Blair has lifted the lid of his casket and again stalks the streets of London aiming to reverse Brexit. Do we see a pattern here? International elites none too happy with revolting peasants on both sides of the Atlantic?

» I leave it to the committee to discuss what we are seeing here. I guess it stands to reason that if Trump really plans to “drain the swamp” there are going to be a lot of alligators after him. What comes next I know not. »

 Là-dessus, en l’espace de quelques heures, même pas une journée pour la communication de la chose, et la chose se faisant parallèlement aux hypothèses de complots impliquant Clinton et les démocrates, commencent à proliférer des bruits d’une grogne grandissante chez les démocrates eux-mêmes à l’encontre de l’initiative de Stein. Il apparaîtrait que l’équipe Clinton est très passive, sinon réticente ; elle suivra le recomptage, mais sans y prendre part réellement. Des sources démocrates vont jusqu’à parler d’un “scam” de la part de Stein, – une arnaque” si l’on veut, notamment pour récolter un petit pactole, éventuellement pour que les “Verts” se refassent, – et puis, plus simplement, pour faire parler d’eux, pour continuer à exister... ZeroHedge.com, après s’être fait l’écho des hypothèses de complot quelques heures plus tôt, résume sur un ton grinçant cet aspect de renversement de l’appréciation :

« With the passing of each new day, it's growing more and more difficult to find anyone that is actually supportive of Jill Stein's recount efforts (aka fundraising scam).  The Obama administration has already weighed in saying that the election results “accurately reflected the will of the American people” while Clinton's campaign attorney even confirmed they had not “uncovered any actionable evidence of hacking or outside attempts to alter the voting technology.”

» Now, even prominent democratic strategists are turning on Stein as Joe Trippi described her efforts as a “waste of time and money.” Worse, in an accusation that may have more substantial consequences,  some Democrats have gone so far as to echo Trump’s charge that re-tallying votes from the presidential race is just a “scam” being advanced by Stein, who has raised more than $6 million to fund potential recounts in Wisconsin, Michigan and Pennsylvania, three states critical to the Republican nominee’s win.

» “It’s a waste of time and money. It is not going to change anything,” said Democratic strategist Joe Trippi, who served as campaign manager for former Vermont Gov. Howard Dean’s 2004 presidential campaign. “I think it probably was the Stein people looking for a way to stay relevant, raise some money and take the stink off of them. Instead of everybody screaming, ‘You made Trump happen,’ she is counting the votes to change that whole narrative.”

» Moreover, democrat strategist Robert Shrum confirmed that the “Clinton people would have preferred this not to happen” while adding that there is “no chance” that the recounts will change the election's outcome. Aides to former Democratic nominee Hillary Clinton have sought a middle ground on Stein’s push. The remaining Clinton campaign team will “participate” in the effort but is not actively supporting it. »

Ainsi, ce serait Watson qui aurait raison pour tous ? « Jill Stein is a complete idiot and her recount campaign is a total fraud. Stein really cares about “democracy,” that’s why she praises dictators who killed democracy activists. » (Lire “Castro” pour “dictateurs”, car l’on observe actuellement aux USA un regain d’unité nationale pour saluer comme il se doit l’immonde dictateur de La Havane qui martyrisa les USA pendant un demi siècle avec son embargo inhumain et illégal, après en avoir fait une république bananière et un bordel globalisé géré par les souteneurs de Causa Nuestra dans le demi-siècle d’avant.)

... Bien, fin de séquence à ce point, non sans remarquer déjà que nous employons aujourd’hui un ton très différent vis-à-vis de Jill Stein, par rapport à celui que nous employions le 26 novembre, parlant selon les premières tendances interprétatives de son initiative ; soupçonneux il y a trois jours, sans aucun doute, étonné et presque attendri aujourd’hui... Si c’est une “scam” comme disent certains d’entre eux, après tout pourquoi pas, elle mérite bien plus ses $millions que nombre de ceux qu’elle aurait arnaqués ou qu’elle tenterait d’arnaquer. Cela dit, et dit plutôt par attendrissement, nous serions portés à croire que ce n’est pas une arnaque, et qu’il y a bien de l’idéalisme chez l’inopportune candidate des Greens.

« What comes next I know not. »

Tout ce brouhaha et ces derniers aveux signifient-ils qu’il nous faudrait éventuellement tresser des louanges et adresser des lauriers, – comme l’on dit dans ce mode d’inversion qui prolifère à une vitesse à ne pas croire, – à l’intention de Jill Stein ? Et pourquoi pas, eventually ? Il n’y a rien de plus volatile, par les temps qui courent à une vitesse si effrénée, même si c’est un peu en rond, que la fonction d’antiSystème ; elle vole de l’un à l’autre, aussi rapide que l’éclair et selon une course aussi prévisible qu’une feuille morte secoué par les écarts furieux de la tempête. Dans certaines circonstances et selon certains points de vue, – rien ne nous effraie à cet égard, – dans cette instance que nous venons de décrire effectivement Stein est antiSystème tandis que Trump et Infowars.com ne le sont plus et se retrouvent, avec tous les autres, y compris au côté de la clique pourrie démocrates-DNC-Clinton.

Ainsi vont les choses... La veste antiSystème est d’un modèle universel et adaptable à tout, et donc faite pour être retournée constamment et selon les circonstances et la rapidité d’évaluation du coup d’œil, pourvu qu’elle conserve cette coupe impeccable et sublime de la référence de l’antiSystème ; c’est-à-dire la seule référence acceptable, structurante et principielle, loin des sornettes idéologiques et des humeurs d’une psychologie hystériques ; c’est-à-dire pour parler en mode opérationnel ce fameux “ennemi principal” du tacticien communiste Ho Chi-minh, qui devient ici, sous notre plume constante, l’“ennemi principal absolu”, celui qui ne changera pas jusqu’à ce que son effondrement et sa dissolution s’ensuivent ; c’est-à-dire le Système certes...

Mais voyons de plus près les circonstances de ce savoureux épisode où plus personne ne comprend plus grand’chose mais où les événements poursuivent leur chemin à leur rythme, que personne ne peut réellement suivre. Pour commencer, acceptons la dernière interprétation en date, selon laquelle Stein serait toute seule dans cette aventure puisque tout le monde serait porté à condamner, – dans tous les cas, pour les heures d’aujourd’hui. Si on l’accepte, il faut tout de même expliquer pourquoi elle s’est penchée sur le cas de trois Swing States qui revinrent à Trump, et sur aucun des Swing States qu’Hillary emporta (notamment le cas ultra-limite du New Hampshire avec moins de deux mille voix d’écart) ; cette occurrence qui fit qu’on l’accusa aussitôt d’être “porteuse d’eau” pour Hillary.

Pourtant, non ; prenant le cas à l’envers, il est très logique que Stein se soit orientée vers le camp Clinton, sans nécessité de complicité et de machinations. Tout le monde parle de recomptage depuis deux semaines ; une équipe d’informaticiens et d’avocats anti-Trump s’est formée et s’est auto-proclamée “experte”, tentant de “vendre” l’idée d’un recomptage à droite et à gauche, – plutôt à gauche d’ailleurs ; elle a été reçue par l’équipe Clinton, bien entendu. Si Stein voulait lancer son “coup”, et pour cela ayant besoin d’un financement, elle devait se tourner vers le camp démocrates-Clinton comme c’est l’évidence. On peut supposer que c’est ce qu’elle a fait, obtenant dans la surprise de son initiative, dans la chaleur de la tension qui règne partout, et en plus dans l’urgence de devoir déposer un recours avant le 25 novembre (pour le Wisconsin), quelques pincées de $millions de-ci de-là, d’un Soros ou l’autre, etc. Ce sont des choses qui se font... Puis, les uns et les autres revenant de leur coup de sang initial, réalisant les conditions de l’entreprise, se mettant au diapason du camp-Trump (opposé à tout recomptage depuis le début, certes) et accablant Stein l’arnaqueuse...

Maintenant, pourquoi a-t-elle fait cela ? Cette question est moyennement utile puisque ce qui nous importe, comme on le verra plus loin, est qu’elle l’ait fait. Néanmoins, et sur la vue de son allure et de ses habitudes, on pourrait faire crédit à Stein l’idéaliste, sinon la lunatique, d’avoir voulu vraiment démontrer que le système électoral US est pourri comme un panier percé. Cette interprétation ne mange pas de pain et ne fait de tort à personne, en plus d’attirer l’attention sur une vérité-de-situation immuable de l’univers américaniste...

En effet, l’essentiel est qu’elle l’ait fait dans la mesure où son acte a finalement suscité cette réaction quasi-unanime, même si cette unanimité est celle d’un jour, voire d’une heure. En effet, il ne nous semble aucunement que l’initiative de Stein unanimement condamnée ait modifié quoi que ce soit à la situation générale d’antagonisme, mais elle a servi à mettre en évidence, peut-être subrepticement, peut-être inconsciemment mais qu’importe, que toute cette formidable agitation de l’après-vote constitue un facteur de très forte déstabilisation qui ne cesse, comme nous-mêmes ne cessons de l’écrire, d’affaiblir considérablement voire d’une façon dramatique le système de l’américanisme. A notre sens, c’est l’explication profonde de nombre des réactions, même si aucune n’est exprimée dans ce sens : ce genre d’initiative, destinée à mettre en évidence l’imperfection du système technique de votation, conduit par le fait même de sa possibilité, de la possibilité de cette initiative, à montrer la vulnérabilité et la malléabilité de ce même système. Qu’une personnalité de cette piètre importance, d’influence quasi-nulle qu’est Jill Stein, puisse parvenir à mettre en place les conditions d’une telle mise en cause de l’élection présidentielle, est quelque chose qui a de quoi inquiéter.

Certes, on parlera surtout de techniques, des conditions légales d’intervention, etc., mais ce n’est pas notre propos. Il y a eu des Jill Stein en quantité avant elle, dans toutes les autres élections, et aucune n’a été conduite à songer qu’elle pouvait se permettre cette sorte d’intervention. Si cette Jill Stein-là l’a fait, c’est qu’elle a senti qu’elle pouvait le faire, que les conditions étaient favorables, que le système de l’américanisme, et le Système lui-même, étaient d’ores et déjà assez affaiblis pour qu’elle le fasse : pourquoi les autres (Trump l’antiSystème, les anti-Trump demandant sa destitution, etc.) et pourquoi pas elle ? C’est la postmodernité, que diable, et vogue la déstructuration ! Finalement, dans ce sens de l’interprétation, les réactions qui s’élèvent pour l’instant, qui sont pour beaucoup, essentiellement du côté des démocrates, des réactions d'inquiétude sinon de panique, montrent qu’elle n’avait pas tort...

Il y a une sorte d’enchaînement du même phénomène de cause à effet, s'amplifiant lui-même à chaque nouvel épisode : c’est parce que la campagne a été ce qu’elle a été qu’a eu lieu une élection extraordinaire qui montre l’affaiblissement du Système ; c’est parce que le Système affaibli a laissé faire cette élection qu’il y a toutes ces réactions de contestation anti-Trump, qu’on affirme et qu’on estime péremptoirement chez ses adversaires que Trump l’antiSystème, Trump l’imposteur, même élu n’a aucune protection de légitimation du Système ; c’est parce que ces réactions de contestation ont encore plus affaibli le Système que Jill Stein a fini par se convaincre qu’elle pouvait faire ce qu’elle a fait ; c’est parce que l’initiative de Stein montre le Système affaibli et l’affaiblit encore plus que s'est soulevé le tollé qu’on entend contre elle, et cela nous confirmant encore, si besoin est, que le Système est affaibli et, ce faisant, l’affaiblissant encore plus ... Et ainsi de suite, et “Ainsi font, font, font les jolies marionnettes”...

Car d’autre part, car rien n’est fini ; en voilà un signe aussitôt venu, comme un exemple sans surprise, parallèlement à l’épisode Stein, que nous signale Infowars.com le 29 novembre ; certes, prompt à crier “au feu !”, Infowars.com, mais cela aussi fait partie du jeu tourbillonnaire d’aggravation de la crise par la perception incessante de l’affaiblissement du Système par l’attaque de tout ce qui le représente, bon gré malgré gré, même quand on s’intitule antiSystème, puisque Trump est tout de même président.

« In their latest last gasp effort the left are trying to suggest that Donald Trump is unfit to serve as president. It seems that the cognitive dissonance of losing the election might actually be driving them insane instead! “The [25th] amendment opened the door for removal if a president was deemed to be unfit for office, different from an impeachment hearing that typically centers around investigating if a president acted illegally while in office,” claims an article at the International Business Times. »

Pour le 25ème amendement, on verra, en espérant qu’on laissera Trump s’installer comme président, disons pour une ou deux semaines, pour aussitôt démontrer qu’il est incapable d’être président ... Nous en sommes là, sans rien pouvoir dire de la suite de l’aventure Jill Stein, sans pouvoir une seconde anticiper quelle forme elle prendra, simplement en observant que la crise tourbillonnaire USA-2016 sur le point de passer en mode USA-2017 se poursuit en bon désordre et à son rythme. Pour ce qui est du détail de la suite de cette chronique d’une tragédie-bouffe ordinaire-extraordinaire, on citera la sage maxime du colonel Lang : « What comes next I know not. »