Joe est-il le variant-Ω ?

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Joe est-il le variant-Ω ?

• On a compris qu’Omega (Ω) est la dernière lettre de l’alphabet et que cela est faire référence (“variant-Ω”) à la comptabilité des diverses versions du Covid, en impliquant que c’est la dernière et que, peut-être, « il n’y a plus d’après... ». • Surtout, c’est lier la crise-Covid et la crise-Afghanistan, par l’intermédiaire de Joe Biden, qui, aujourd’hui, outre d’être président révolutionnaire et socialiste des États-Unis, est aussi la marque la plus symbolique, – psychologique et pathologique, – de la crise du pouvoir, centrale à la crise du système de l’américanisme. • Tout cela, ces trois crises en apparence distinctes, forment un superbe ‘patchwork’ pour constituer la Grande Crise de l’Effondrement du Système (GCES). • Nous étudions aujourd’hui le rôle probable de la crise-afghane dans la crise du système de l’américanisme et indirectement dans la crise-Covid, et dans la possible/probable déstabilisation du bloc-BAO qui devrait s’ensuivre, peut-être même jusqu’à sa déstructuration. • Pour nous, le sort du bloc-BAO, – nos pays –, est indissolublement lié à celui de la fascinante Amérique.

28 août 2021 – Lorsqu’après les péripéties de novembre-décembre 2020, il apparut que Joe Biden deviendrait président, notre sentiment non dissimulé et plusieurs fois exprimé, basé sur des estimations similaires aux USA dans les milieux indépendants (antiSystème et hors-Système) pendant les quelques semaines avant l’inauguration du 20 janvier 2021 de Biden, était double :

• Pour la situation courante, Biden est malade et instable, et cet état se greffe sur une personnalité qui n’a jamais été structurée, une intelligence terne et sans brio, une faiblesse de comportement qui a toujours cédé à la corruption et à diverses faiblesses personnelles ; si bien qu’on jugeait (que nous jugions) qu’il serait un président sans aucun poids ni exercice du pouvoir, un président-postiche encore plus qu’un président-marionnette ; voici comme nous le présentions le 19 octobre 2020 sans chercher à être original, à peine polémique, forçant à peine le trait :

« Non seulement Biden est tout ce que l’on sait, – vieux-gâteux, inexistant, sans la moindre idée politique propre, destiné à être éliminé pour raisons médicales et comportementales dans les mois suivant une éventuelle élection, – mais il nous présente également un cas de corruption oligarchique du type népotique qui est tout simplement exemplaire. Le très-souriant [...] qui réussit des discours plein de fougue devant une foule minutieusement absente et un téléprompteur géant, réussit également à apparaître comme une des surprises de cette élection en se découvrant comme l’organisateur népotique d’un groupe prodigieusement corrompu, notamment avec l’aide de son fils Hunter. Les principaux terrains de chasse des Biden, outre les champs d’honneur intérieurs habituels de l’Amérique, sont l’Ukraine et la Chine. »

• Pour les raisons vues ci-dessus et essentiellement son état mental et cognitif, Biden sera donc un très-court président (lui-même se désigne alors comme « un président de transition », sans autre précision de date, de délai, de circonstances) qui ne durera pas longtemps, quelques mois au plus ; on envisageait, parfois alimenté par des remarques de la Speaker Pelosi, qu’il partirait au bout de trois-quatre mois, au printemps 2021.

Ce ne fut donc pas le cas, malgré un départ où il apparut que Biden était complètement manipulé, signant aveuglément une cascade de décrets présidentiels dans les premiers jours de sa présidence. Très vite, deux faits s’imposèrent, qui ont contrarié les perspectives esquissées plus haut :
• L’extraordinaire médiocrité et incompétence paresseuse de la vice-président Harris, qui ralentirent bien entendu toute pression pour le départ de Biden puisque c’est elle qui lui succéderait (cet aspect est plus que jamais présent) ;
• L’entêtement de Biden (caractéristique d’une vieillard acariâtre, diminué ayant des troubles cognitifs mais disposant d’un très grand pouvoir théorique). Sur certains dossiers, dans certains cas, il est intervenu d’une façon marquante et autoritaire, – et bien sûr le cas afghan est en pointe.

C’est là qu’on enregistre une première surprise. En général, Biden était tenu pour un opportuniste, centriste sans convictions, suivant la ligne de la fameuse politiqueSystème, lui-même assez notoirement corrompu (Ukraine, Chine), etc. Désormais, on commence à le découvrir sur sa carrière passée : raciste invétéré et harceleur sexuel pendant sa carrière sénatoriale (mais là, il s’est rangé des voitures puisque tributaire du wokenisme, – aussi bien dictature antiraciste ou “racisme antiracisme” que féministe, contre lequel il ne s’oppose absolument pas, bien au contraire : son côté absolument opportuniste). Par contre, un côté moins connu de lui sinon par les connaisseurs du sérail ; anti-interventionniste (pour le coup, anti-politiqueSystème ! Un comble), qui va bien plus loin que son opposition à toute aide au Sud-Vietnam en 1975. D’où ce jugement à propos de la politique de Biden en Afghanistan, le 25 août sur FoxNews, d’un connaisseur des arcanes politiques de Washington D.C., l’ancien Speaker de la Chambre Newt Gingrich :

« Eh bien, Joe Biden c’est Joe Biden... Je le connais depuis 1972, il a toujours été un adversaire de l’interventionnisme. Il est favorable à une Amérique faible, qui transige toujours avec l’ennemi. Le cas est clair : il a capitulé devant les talibans ! »

... D’où, autre conséquence très importante : le début, qui peut aller loin, d’une possibilité de rupture gravissime pour les démocrates, d’une partie d’entre eux promise à grandir, à cause d’une d’une prise de distance de plus en plus confirmée, de la presseSystème. Les signes ne manquent pas. : quelques exemples...

• La prise de position, d’un parlementaire démocrate important à la Chambre. Le cas n’est pas tant du sujet (la date-limite du 31 août pour le retrait d’Afghanistan) que dans le principe : la conviction (très probablement démentie) pour une majorité que le 31 août sera dépassé comme date-limite contre l’avis de Biden ; c’est le fait du parlementaire démocrate important de la Chambre, Crow, se déclarant pour un dépassement du délai en montrant qu’ainsi il “rompt” avec le président :

« S’exprimant lors de la conférence de presse du Caucus démocrate de la Chambre des représentants mardi, Crow a rompu les rangs avec le président et a déclaré que la date limite pour le retrait des Américains et des alliés afghans d'Afghanistan devait être “prolongée”. [...]

» “Tout ce que je sais, c’est que nous avons l’obligation morale de nous assurer que nous évacuons les citoyens américains, et nos partenaires afghans”, a déclaré M. Crow lors de la conférence de presse au Capitole. “Il y beaucoup de ces personnes dans le pays en Afghanistan en ce moment que nous avons la capacité d'évacuer entre maintenant et la fin du mois”.

» “C’est pourquoi la mission doit être prolongée, et nous devons faire ce qui est nécessaire pour faire sortir les gens, et cela n'a rien à voir avec une date sur le calendrier”, a poursuivi Crow. »

(Il faut néanmoins noter que parallèlement la Maison-Blanche ne cesse de maintenir la date du 31 août, par exemple selon sa porte-parole Jan Psaki précisant avec satisfaction : « Je dirais que cette opération est en passe de devenir le plus grand pont aérien de l'histoire des États-Unis, et qu’elle permet aux citoyens américains, à nos partenaires afghans et à nos alliés de sortir. Je ne dirais pas que c’est autre chose qu’un succès. » Fait confirmé par d’autres sources, et finalement par Biden lui-même après les attentats du 27.)

• Biden est de plus en plus critiqué pour son activité de communication, notamment lors de ses conférences de presse, conçues en général pour permettre aux journalistes de poser des questions, tandis que le président, lui, a pris l’habitude de ne plus prendre de questions.

« Le président Biden a été critiqué pour avoir évité une fois de plus les questions sur la crise afghane et avoir commencé son discours par la promotion de son programme ‘Build Back Better’.

» Après un retard de plusieurs heures, M. Biden est monté sur le podium de la Maison-Blanche mardi et a commencé son discours en célébrant l'adoption du projet de loi sur l'infrastructure humaine de 3 500 milliards de dollars, approuvé par les démocrates de la Chambre des représentants lors d’un vote à la majorité. Le président a également mentionné la législation sur le droit de vote avant d’aborder les troubles en Afghanistan.

» “Je déteste annoncer cela au @potus mais il pourrait dépenser 30 000 milliards de dollars en infrastructures que cela n’effacerait toujours pas la tâche de sa capitulation en Afghanistan”, a tweeté Eli Lake, chroniqueur à Bloomberg Opinion. [...]

» “Biden refuse à nouveau de répondre aux questions sur l'Afghanistan”, a tweeté Jonathan Allen, journaliste à NBC News.

» “Pas de questions. Biden s’enfuit à nouveau”, a écrit Becket Adams, commentateur du Washington Examiner. “Cinq heures de retard pour parler d'infrastructure, quelques trucs sur l’Afghanistan, et puis pas de questions. Les adultes sont de retour, bébé !”

» “Joe Biden se consacre davantage à s’évacuer lui-même de ses propres conférences de presse qu’à évacuer des Américains en détresse derrière les lignes ennemies !” s’est exclamée la représentante républicaine Elise Stefanik.

» “Joe Biden nous a fait attendre cinq heures pour un discours de 10 minutes qui ne nous a rien dit et a ensuite refusé de répondre aux questions d'un groupe de presse amical. Cet homme est tout à fait inapte à être président”, a tweeté Charlie Kirk, président de Turning Point USA. »

Tout de même, lors de sa dernière conférence de presse, après les attentats de l’aéroport de Kaboul, Biden a accepté de répondre à des questions, commençant la séance questions-réponses par cette stupéfiante précision : « À noter qu'après avoir lu son discours sur le téléprompteur, M. Biden a dit à haute voix “La première personne [journaliste] à laquelle j’ai reçu l’ordre de donner la parole [pour la première question]...” avant de répondre aux questions d’une façon embrouillée et erratique. »

Quant à la situation à Kaboul, en Afghanistan, la “vraie” situation (la vérité-de-situation, si vous voulez bien en passer par nos tics-glossairiens), elle est aisément définie par de ces termes emphatiques qui ont toute leur place : indescriptible, indicible, avec des alertes très pressante de telle ou telle autorité de pays de l’OTAN, – averties par les talibans, selon des déclarations à RT du “ministre” taliban de l’information Zabihullah Mujahid, – quelques heures avant les attentats du 26 août.

Le tragique sans bouffe de la chose est bien que la responsabilité initiale, la cause première de cet état des choses et des lieux ne peut être attribuée, même pas majoritairement, aux “méchants” et “vilains” classiques de nos narrative (les talibans), à propos desquels se déversent des tonnes de récits et d’évocations, d’analyses, de prévisions horrifiées et catastrophiques. Pour l’essentiel, nous, le bloc-BAO, avons tant et tant à nous mettre sur le dos (pour rappel & précisions, voir John Pilger). Bien entendu, personne ne l’entend ainsi dans les grands canaux de communication américanistes-occidentalistes, y compris ceux qui prétendent être du type antiSystème et qui placent au-dessus de tout à propos des talibans le danger 1) du terrorisme, et 2) de l’immigration.

Manifestement, le cœur de la crise de l’Afghanistan n’est pas en Afghanistan. Il suffit de comprendre cela pour voir le schéma structurel de la Grande Crise prendre une dimension structurelle différente, encore plus importante : de l’équation “Covid + wokenisme” on passe à l’équation “Covid + wokenisme + Afghanistan”.

Tourments de la wokenisation du Pentagone

En temps normal et particulièrement dans les temps “impériaux” (lorsque l’“Empire” marchait bien), les crises de politique extérieure des USA étaient vécues et orientées du point de vue de la communication, ou simplement créées et manipulées lorsqu’on y voyait (assez fréquemment et non sans raison) une machination, pour détourner l’attention de la population d’une querelle ou d’un malaise intérieurs, c’est-à-dire d’une crise intérieure. D’une certaine façon et dans nombre de cas, le public adhérait à cette opération, comme s’il voulait s’aveugler sur les troubles intérieurs pour retrouver son image idéale d’Amérique.

Une seule fois, ce schéma a été mis en échec, avec la chute de Saigon d’avril 1975, qui a eu lieu alors que les USA étaient dans une crise intérieure importante (suites de la démission de Nixon d’août 1974) . Après Saigon, la crise intérieure s’est élargie au lieu de se transmuter en s “extériorisant”, passant à la mise en cause publique et bruyante avec auditions au Congrès de la CIA en même temps que se développait une crise structurelle de l’armée. Tout cela se poursuivit en grand brouhaha au moins jusqu’à l’élection du démocrate inconnu Carter (le président républicain Ford battu) qui en fut la conséquence, et au-delà jusqu’aux crises de la fin de la présidence Carter (et Carter battu à l’élection de novembre 1980).

Les deux séquences sont assez similaires, comme on l’a déjà fait remarquer lors de l’abandon de la base de Bagram le 7 juillet, marquant le début de la chute US et du triomphe taliban :

« L’événement-Bagram devient un symbole effectivement comme le fut Saigon-1975, le 30 avril 1975, avec les images de ces gens (les Vietnamiens pro-US) embarquant à bord des hélicoptères sur le toit de l’ambassade US ; avec les hélicoptères posés sur les porte-avions au large de Saigon, et qu’on jette à la mer pour laisser de la place à d’autres qui arrivent.

» Le symbole Saigon-1975 fut un formidable accélérateur de la crise intérieure US. Jusqu’alors, cette crise s’était concentrée autour du scandale du Watergate et du départ de Nixon ; à partir du 30 avril 1975 et de ce que hurla soudain ce symptôme de l’humiliation des USA, au travers d’une communication impitoyable, la crise devint générale, s’élargissant à la mise en cause de la CIA, à la crise de l’armée (“the hollow Army”, structurellement dévastée par le conflit vietnamien), à la crise de toute la communauté de sécurité nationale. La susdite crise devint une crise de confiance aboutissant à l’élection de l’improbable Jimmy Carter. »

Cette fois, l’armée est, bien plus que la CIA, le nœud reliant l’extérieur crisique à l’intérieur crisique aux USA. Nous avons déjà dit notre conviction que l’incapacité des forces US d’organiser la logistique du retrait US sur l’aéroport de Kaboul relève pour une bonne part, en plus des exigences du seul président Biden, de l’entreprise de wokenisation du Pentagone et autres mesures du même type (vaccination imposée des armées) :

« Nous développons une hypothèse qui nous paraît inéluctable depuis plusieurs mois, depuis l’entrée en vigueur du programme massif de wokenisation de l’armée US : l’affaiblissement dramatique, bien au-delà de leur médiocrité courante, des capacités des forces armées US, avec une “politisation” affectant la cohésion, la coopération, la discipline, etc. Bien entendu, c’est dans le cadre de cette hypothèse que nous observons le comportement et l’inefficacité des forces US. Si le délai est extrêmement court (la wokenisation a commencé en janvier-février), la campagne vaccinale-wokeniste (‘image a sa pertinence) a aussitôt été massive, plusieurs doses d’un coup ; elle porte sur un aspect psychologique et sociétal extrêmement tendu depuis près de cinq années, auquel l’armée n’a pas été insensible, et la wokenisation devenant alors un coup supplémentaire massif et décisif d’une déstabilisation déjà en cours. »

Le lien est clair : la crise intérieure (wokenisme) a très fortement touché le Pentagone et les forces armées. Du coup, la chute de Kaboul et les troubles qui suivent sur l’aéroport de Kaboul ne sont plus une crise extérieure, ni même intérieur-extérieur, mais bien une crise intérieure directement attachée à la crise générale du système de l’américanisme, avec des échos affectant directement Washington (voir plus loin). Ainsi la crise afghane achève d’entrer de plain-pied dans la crise intérieure des USA, finalement intégrée par elle et la renforçant d’autant.

C’est un événement considérable qu’une crise nécessairement “extérieure” de la politiqueSystème, – accident déjà considérable tant cette politiqueSystème a été nécessairement conçue comme in-crisique, – soit absorbée par la crise intérieure générale avec une rapidité structurelle aussi grande. Bagram/Kaboul-2021 est ainsi bien plus grave que Saigon-1975, car Saigon-1975 intervint trois ans après que la guerre du Vietnam était devenue complètement étrangère à l’amértiéricanisme.

Mais il est vrai, détail un peu baroque, que le Pentagone est engagé dans une autre opération, de la plus haute importance : la vaccination de son personnel en septembre, avec autour de 800 000 hommes, femmes et transgenres refusant cette opération pour laquelle le secrétaire à la défense Austin s’est engagé à fond. Cela a ouvert un conflit menaçant d’être grave entre le secrétaire à la défense  et ses chefs d’état-major (CEM), particulièrement celui du Corps des Marines. Le général David H. Berger a refusé la vaccination de ses Marines, soutenu par les autres CEM, tandis que le colonel des Marines Stuart Scheller est relevé de son commandement pour avoir publiquement mis en cause l’administration Biden dans la crise afghane. La situation est au moins aussi sérieuse sur le front du vaccin que sur celui de l’Afghanistan ; les deux sous-crises internes des armées apparues en quelques jours se marient en confirmant l’intégration de celle de l’Afghanistan.  

Extension décisive du domaine de la crise

Qu’est-ce que cet événement tel que nous l’avons décrit signifie (l’équation “Covid + wokenisme + Afghanistan”) ? C’est l’intériorisation de la politique extérieure US et du bloc-BAO, ce que nous nommons politiqueSystème, – intériorisation dans la crise de l’américanisme, au niveau intérieur-USA, mais aussi ou plutôt par conséquent du point de vue général du bloc-BAO s’intégrant à ce désordre crisique, comme représentation opérationnelle de la crise de civilisation en cours (américaniste-occidentaliste, globalisante, etc.)...

Comme précisé plus haut, cette politiqueSystème est selon le néologisme “in-crisique” : par définition elle ne peut que produire des crises et ne peut (théoriquement) entrer en crise elle-même. Une seule exception possible : elle “ne peut entrer en crise elle-même” à moins qu’elle n’ait atteint le point où la surpuissance se transforme en autodestruction.

Le constat est sans aucun doute que d’abord lancée par les USA seuls avec des serviteurs soumis (UK, etc.) mais aussi des dissidences notables (France, Allemagne pour l’Irak-2003), cette politiqueSystème est devenue depuis, après les événements rupturiels de 2008-2010 (crise de la Grande Récession et “printemps arabe”), la politique du bloc-BAO. On l’a vu notamment en Libye (2010), en Syrie (2011) en Ukraine (2014), avec l’Iran d’une façon sporadique, etc. ; l’Afghanistan,  débuté depuis 2001, se confirmait à mesure comme une crise impliquant l’OTAN (ce qu’elle est théoriquement depuis les années 2000), et par conséquent le bloc-BAO comme plus ou moins dupliquant de l’OTAN. L’Afghanistan est donc une catastrophe non seulement pour l’américanisme mais plus encore pour le bloc-BAO “as a whole” avec sa politiqueSystème au départ US et devenue BOA. Dans ce contexte évolutif, la crise de l’américanisme élargie par celle de l’Afghanistan venue s’installer à Washington D.C., concerne également tout le bloc-BAO de la même façon : c’est alors tout le bloc-BAO, et singulièrement l’UE, qui, malgré ses réticences éventuelles, se trouve impliqué dans la crise de l’américanisme.

C’est là un point capital, qui fait de l’équation “Covid + wokenisme + Afghanistan” une formule capitale, mieux encore quasiment magique, pour l’avancement qu’on peut envisager de qualifier de “décisive” de la Grande Crise. Avec les deux premiers facteurs de la crise-Afghanistan avaient des liens seulement indirects entre les composants du bloc-BAO, essentiellement entre l’Europe et les USA, avec la crise interne de l’américanisme ; avec l’Afghanistan et sa crise catastrophique le lien devient direct en même temps qu’il s’inscrit entièrement, totalement dans la crise du système de l’américanisme, donc qu’il intègre le tout, – qu’il le “globalise” si l’on veut être ironique et cynique, qu’il fait en par conséquent de cet événement essentiel rien de loins qu’une crise civilisationnelle.

Précisons le cas de l’UE (alias OTAN, alias-BAO), qui nous intéresse bien sûr directement. Il constitue désormais un facteur important (dont l’UE n’a guère conscience, on lui fait confiance de cette nullité de clairvoyance) de la crise fondamentale de la matrice américaniste ; il s’agit de l’aggravation décisive de la Grande Crise. Pour l’UE, et l’on voit que la décennie 2010 a impliqué un cheminement remarquable... ;
• n’étant pas d’abord directement intégrée dans les soubresauts annonciateurs puis moteurs de la crise de l’américanisme, – bien qu’avec diverses crises internes dans divers États-membres se répercutant sur elle, – l’UE vivait dans un semi-éther, “un pied dedans-un pied dehors”, dans une orgie de politiques humanitaristes et moralinesque (la ‘moraline’ nietzschéenne) ;
• avec l’arrivée de Trump, elle s’impliqua beaucoup plus nettement dans la crise de l’américanisme, mais toujours au nom de valeurs “globales”, notamment l’anti-populisme. Comme l’establishment washingtonien (essentiellement les démocrates), elle s’installa dans l’attente d’un ‘Messie’ libérateur du trumpisme, bientôt incarné par la figure étrange et sortie de rien de Joe Biden.

L’élection de 2020 fut vécue comme un triomphe également “global” par l’UE : elle ne s’intégrait pas dans la crise de l’américanisme puisque Biden était censé la résoudre dans un sens “globaliste” qui touchait tout le bloc-BAO. On déchanta presto-prestissimo. Le ‘gauchisme’ de Biden était un peu limite, mais on s’équipa en vitesse d’un vernis progressiste-sociétal qui semblait maintenir la nouvelle intégration transatlantique. Mais cette concession n’a rien évité :  l’on a désormais une énorme bataille intérieure aux USA, à l’intérieur du camp démocrate-globaliste autour de l’Afghanistan-catastrophe mise en marche par Biden-catastrophe.

Lisez cet entame du dernier article d’Alastair Crooke et voyez combien, parlant de la crise du système de l’américanisme, l’idée de “monde occidental” lui vient aisément sous la plume ; combien il parle de la crise du bloc-BAO, c’est-à-dire avec l’UE-BAO complètement intégrée dans la crise de l’américanisme parce que celle-ci s’est totalement intégrée, et ainsi changeant de nature, dans la crise inattendue et incroyable de la politiqueSystème.

« Un énorme événement géopolitique vient de se produire en Afghanistan : l’implosion d'une stratégie occidentale clé pour gérer ce que Mackinder, au 19ème siècle, appelait le cœur de l'Asie. Le fait que cela ait été accompli, sans combat et en quelques jours, est presque sans précédent.

» Cela a été un choc. Pas seulement un de ces chocs éphémères que l'on oublie vite, mais un choc profondément traumatisant. Contrairement à l'impact psychologique du 11 septembre, le monde occidental traite cette expérience comme le deuil d’un “être cher”. Il y a eu des larmes ministérielles, des battages de coulpe et une entrée simultanée dans les trois premières étapes du deuil : Tout d'abord, le choc et le déni (un état d'incrédulité et d'engourdissement des sentiments) ; ensuite, la douleur et la culpabilité (pour nos alliés blottis à l'aéroport de Kaboul), et enfin, la colère. La quatrième étape est déjà en vue aux États-Unis : la dépression - car les sondages montrent que l'Amérique bascule déjà dans un profond pessimisme à l’égard de la pandémie, de l'économie et des perspectives, ainsi que de la voie sur laquelle la République américaine est engagée.

» Les rédacteurs du New York Times ont clairement indiqué qui était cet “être cher” :

» [La débâcle afghane est] tragique parce que le rêve américain d'être la ‘nation indispensable’ dans un monde où règnent les valeurs des droits civils, de l’émancipation des femmes et de la tolérance religieuse, – s’est avéré n’être qu’un rêve”.

» Michael Rubin, représentant du parti belliciste AEI/‘neocon’, a prononcé un éloge funèbre du “cadavre” :

» “Biden, Blinken et Jake Sullivan pourraient rédiger une homélie des erreurs commises lors des précédentes aventures de l’OTAN, ‘et sur la nécessité pour Washington de se concentrer sur ses intérêts fondamentaux plus à l'ouest. Les responsables du Pentagone et les diplomates peuvent contester tant qu’ils veulent et avec indignation toute diminution de l’engagement de l’Amérique, mais la réalité est que l'OTAN est devenue un zombie marchant en aveugle [‘NATO is a Dead Man Walking’]”.

» Un article antérieur, reflétant la fureur à l’égard de Biden, – et le sentiment d’une apocalypse stratégique qui s’est abattue sur Washington, – est mieux compris dans ce cri d’agonisant, toujours de Michael Rubin :

» “En permettant à la Chine de promouvoir ses intérêts en Afghanistan, Biden lui permet également de nous couper de l’Inde et d’autres alliés américains de l'Asie centrale. En d’autres termes... l'incompétence de Biden met désormais en péril l’ensemble de l'ordre libéral de l'après-guerre... Que Dieu aide les Etats-Unis”. »

Plutôt : Que Dieu aide la politiqueSystème, le bloc-BAO et la civilisation américaniste-occidentaliste ! Biden est donc bien ce “variant-Ω”, stade ultime de la pandémie qui a infecté les USA et, déjà secrètement, le bloc-BAO. Ce personnage exécrable, couvert de vices et d’impostures comme d’autant de pustules diaboliques, soudain se révèle en un formidable Diabolus ex Machina qui a permis que se réalise et fleurisse l’équation “Covid + wokenisme + Afghanistan”, donc d’universaliser, de globaliser la crise de l’américanisme dans tous les coins et recoins du bloc-BAO.

Désormais, il nous apparaît impossible qu’une déstabilisation (déjà en route), une déstructuration et/ou une désintégration des États-Unis n’entraîne pas l’ensemble du bloc-BAO à ses basques. Nous rejoignons ainsi une appréciions et une vision que nous avons toujours entretenue :

« C’est une question que nous devrions juger d’actualité; de même, c’est la principale question de notre crise générale, parce que nous tenons comme un fait avéré que notre civilisation et sa crise vivent depuis près d’un siècle sous l’empire psychologique d’une fiction virtualiste répandue et entretenue par le phénomène de la communication, qui est la “vertu américaniste”, – idée traduite par les publiciste, nom US pour “propagandiste”, par l'expression si populaire dans notre conscience et surtout dans notre inconscient de American Dream. Le jour où cette pression psychologique terrible cessera, en même temps que s'effaceront les USA sous leur forme actuelle, il s’agira du plus formidable événement de notre temps moderne, une sorte de “bombe nucléaire de notre psychologie collective”. » (5 février 2009)