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344Il est normal que l’intérêt commence à se porter avec la plus grande attention sur la personnalité des candidats des présidentielles US, et particulièrement, pour l’instant, sur celui qui paraît le plus assuré de la désignation de l’un des deux partis. L’accent est donc mis, essentiellement dans la presse alternative, hors des canaux de la “presse officielle” qui est à nouveau subjuguée par son devoir de conformisme servile, sur les aspects les plus remarquablement inquiétants de John McCain. Et son aspect le plus remarquablement inquiétant, c’est sans aucun doute son bellicisme. Justin Raimundo fait un portrait saisissant de McCain dans sa chronique d’hier, sur Antiwar.com, où il le désigne comme «the most militaristic American president since at least Teddy Roosevelt – perhaps the most belligerent ever»
Des précisions intéressantes sont apportées par Philip Geraldi, ancien officier de la CIA, également sur Antiwar.com, dans un commentaire publié aujourd’hui. Elles montrent que McCain devrait largement rassembler autour de lui les néo-conservateurs, comme base idéologique de son action, – décidément, les increvables néo-conservateurs…
«With the withdrawal of Romney, Washington pundits unanimously agree that John McCain will defeat Huckabee to become the Republican nominee. McCain is the neocons' anointed choice for president of the United States, and has been so for many years. He was their candidate when he ran against George Bush in the primaries in 2000 and again when he announced his candidacy for 2008. When McCain's campaign underachieved last summer and it appeared that Rudy Giuliani would be the Republican candidate, many leading neocons, including Norman Podhoretz and Daniel Pipes, joined the New Yorker's campaign. Now that Giuliani has withdrawn, they will presumably return home again, rejoining Robert Kagan and James Woolsey, both of whom have been with McCain since early 2007. That McCain is no traditional conservative if measured by his views on cultural and fiscal issues matters not at all, because the Israel-and-empire-fixated neocons consider such issues unimportant. Nor is there any concern for McCain's hypocrisy on other issues, such as torture, where he publicly opposed the administration before agreeing to a White House-supported bill that permitted waterboarding and other practices.»
Geraldi détaille les intentions politiques de McCain, très agressives vis-à-vis de l’Iran mais aussi vis-à-vis d’autres théâtres, dans des domaines qui embarrasseraient beaucoup les Européens : «There should be no confusion about McCain's intentions, which are basically all war all the time. He has also declared that the United States has a right to deal with “rogue states” as it sees fit, and he has thrown down a challenge to Russia, insisting that Moscow should be expelled from the G-8 group of industrialized nations and that NATO should be expanded to include the Ukraine and Georgia, which the Kremlin would see as a direct threat.» (John McCain devrait s’imposer très vite comme le cauchemar des Européens : l’homme qui montre sans discussion possible que la succession de GW Bush pourrait conduire à une présidence pire que celle de GW Bush, notamment et particulièrement pour la situation européenne.)
Geraldi confirme que la campagne d’unification du parti républicain devrait être, pour McCain, axée sur la mobilisation par la peur, – peur des terroristes, peur des diverses menaces, supposées ou réelles, etc. Geraldi estime les démocrates particulièrement faibles face à cette rhétorique, d’autant qu’il avance l’hypothèse que McCain pourrait également envisager de prendre comme co-listier l’ancien démocrate Lieberman, qui pourrait lui amener certaines franges démocrates conservateurs et une partie de l’électorat juif US. (Dans ce cas, la tactique du candidat démocrate qui affrontera McCain pourrait être un quitte ou double, prenant le contre-pied du bellicisme du côté républicain, pour prôner une rupture avec une politique étrangère de confrontation ayant mené à des résultats catastrophiques. Mais c’est une hypothèse bien plus qu’une certitude. La pression imposée par McCain pourrait également produire le résultat inverse et conduire le démocrate à se juger forcé à renchérir sur le bellicisme de McCain.)
La présence de McCain dans la compétition va achever de transformer radicalement ce qui était d’une façon générale perçu comme une élection de complète et certaine rupture avec le mandat GW Bush. On avait déjà noté cette particularité. Les conditions sont telles qu’on est de plus en plus conduit à observer l’étonnante victoire quasi-posthume (politiquement) de l’étonnamment médiocre GW Bush. Le fait de retrouver les néo-conservateurs sans doute triomphants autour du candidat McCain en dit long sur la paralysie et la sclérose d’un système absolument incapable de se réformer et emprisonné dans ses obsessions.
Mis en ligne le 12 février 2008 à 10H06