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155923 janvier 2008 — …Mais entendons-nous: ce n’est pas celle que l’on pourrait croire au premier abord. Nous ne parlons pas de la guerre au sens que l’on entend traditionnellement. Nous parlons de “la guerre de la communication”, ou “guerre de l’information”, ou “guerre du virtualisme”, – ou quelque autre nom que vous voudrez bien donner à ce phénomène étrange qui ne cesse de s’affirmer, qui est fondamentalement nouveau. Nous vous en avons parlé souvent, dernièrement encore à propos de ce rapport “secret” de l’U.S. Army sur la première bataille de Falloujah, pour prendre un cas spécifique.
Notre conviction est que ce phénomène est d’une immense importance. Nous ne parlons pas des questions de propagande, de déformation ou de manipulation des événements de la guerre, des mensonges, des affirmations arbitraires, des révisions abusives, etc. Nous ne parlons pas d’une activité de description, plus ou moins déformée, dans un sens ou l’autre, d’un événement que tout le monde s’accorde à supposer ou à affirmer réel. Nous parlons de la modification même de la notion de guerre. Selon cette modification, l’acte de la guerre lui-même devient communication et information, – tout cela devenant la substance de la guerre elle-même. Il s’agit d’une modification même de la notion de puissance et de la notion d’influence. Les outils de ce phénomène sont connus, mais les conséquences, les effets sur les situations politiques sont extrêmement complexes, extrêmement difficiles à identifier et à mesurer. Nous nous engageons sur une terra incognita.
Les conséquences de cette analyse, si l’analyse est juste comme nous-mêmes le pensons évidemment, sont considérables. D’une part, les conflits se trouvent désormais aussi sur des terrains et dans des domaines inattendus, et peut-être même principalement. Les champs de cette bataille sont beaucoup plus larges, beaucoup plus divers que les champs de bataille classiques. Les champs de cette bataille sont aussi bien en Irak qu’au sein et au coeur de nos alliances incertaines et nos amitiés particulières. (Et nos lecteurs comprennent bien vers où nos jugements portent notre attention et notre énergie.) Si l’on va au bout de cette logique, tout est devenu conflit aujourd’hui, la “guerre” elle-même et le reste, puisqu’il s’agit d’une guerre entre le réel et ce qui nie le réel, – ce que nous nommons virtualisme. Il faut aller au bout de cette logique.
Dans cette “guerre” totale, dans ce conflit universel, la “bataille de la communication” ne relève pas de la mission classique de l’information décrivant les événements extérieurs, les “vraies batailles” du temps jadis, éventuellement en les critiquant ou en les condamnant d’ailleurs. Le temps de l’analyse suscitée, imposée par des événements soi-disant “objectifs” est révolu, autant que l’est le temps des événements “objectifs”. Notre bataille relève désormais de la distinction de l’essentiel et de l’accessoire dans la description du monde faite par la communication, de l’interprétation qu’il faut donner à cet essentiel-là et à cet accessoire-là, et de l’explication qu’il faut trouver pour éclairer le fait que cette chose est devenue essentielle et cette autre accessoire alors que nous étions peut-être habitués, au gré de ce qui nous était imposé, à penser le contraire nous interroger à ce propos. Cette bataille, si elle est menée avec lucidité, permet de retrouver les voies de la réalité du monde contre la “narrative” que nous offrent les montage du virtualisme du système. C’est effectivement la bataille de la réalité contre le virtualisme, du réel contre le faussaire.
D’autre part, les moyens de communication et d’information dont disposent aujourd’hui des centres indépendants et économiquement peu puissants qui ne comptaient pour rien dans l’époque précédente leur donnent une puissance sans commune mesure avec leurs caractéristiques économiques et institutionnelles. Nous pensons que cette analyse est confirmée par nombre d’événements politiques inattendus de ces dernières années (le résultat du référendum français de mai 2005 est l’exemple qui vient à l’esprit). Là aussi, nous sommes dans une terra incognita.
Est-il utile de le dire? dedefensa.org affirme qu’il est complètement partie prenante dans ce combat, dans cette guerre nouvelle. Nous pensons que c’est à vous lecteur, que c’est votre responsabilité de lecteur de vous prononcer sur ces deux affirmations ou de vous situer par rapport à elles, – celle selon laquelle nous sommes dans cette époque nouvelle et celle selon laquelle dedefensa.org s’engage dans cette bataille-là. Si vous avez tendance à les rejeter, alors nous pensons que votre lecture de dedefensa.org est bien appauvrie par rapport à ce qu’elle pourrait être.
(Certains lecteurs, qui pensent peut-être et même sans doute dans ce sens du rejet, expriment cet éventuel désaccord par des reproches cinglants et parfois lassants sur notre insistance à traiter certains sujets selon les normes que nous proposons. Les arguments qu’ils nous opposent ne concernent pas la problématique que nous proposons. Par exemple, ils s’offusquent de ce que nous observions avec un intérêt dépourvu d’hostilité les effets effectivement intéressants d’un “acte de communication” d’un personnage qu’ils jugent de peu d’envergure, qui l’est peut-être ou sans doute, – et il s’en offusquent à cause de cette piètre envergure. C’est se tromper de logique, de méthodologie, puisque seul l’effet de l’“acte de communication” nous importe. La logique et le moyen de l’action de dedefensa.org est d’offrir cette méthodologie spécifique à l’ère psychopolitique. On accepte ou pas cette méthodologie mais il nous paraît inutile et singulièrement sophistique jusqu’à l’obsession de condamner les constats de la logique qui en découle au nom d’une autre logique. Dans ce cas, la lecture de dedefensa.org nous paraît un choix bien singulier.)
…Là-dessus, en bons “gestionnaires”, nous devrions appuyer sur la question du soutien, que nous abordons au rythme de nos campagnes de donation. Nous devrions écrire à l’intention de ceux avec qui nous sommes dans la même bataille (la même galère?) : “Solidarité nécessaire, soutien collectif, nous n’échappons pas à ces objurgations.” Nous ne le faisons pas de cette façon formelle. Il nous semble qu’il y a une évidence de la logique, si vous êtes dans cette bataille, qui vous convie à cette solidarité.
Alors, nous préférons nous adresser aux autres, à ceux qui nous ont déjà fait des dons et qui ont ainsi montré leur ouverture à nos arguments et à nos conceptions, et qui ont affirmé ainsi leur désir de nous soutenir. Ceux-là, nous voulons les remercier chaleureusement, tant leur attitude tranche par la confiance qu’ils nous accordent. Notre reconnaissance est au moins à la mesure de cette confiance.
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