Journal de bord de dedefensa.org — 080528, Notes en marge de notre campagne de donation

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28 mai 2008 —Nous publions quelques remarques pour nos lecteurs, essentiellement à partir du courrier que nous recevons à propos de notre campagne de donation. Nous invitons d’une façon générale nos lecteurs à consulter ce courrier, rassemblé principalement sur le Forum de trois textes, datés des 7 mai, 14 mai et 26 mai respectivement.

Mais l’essentiel de ce message concerne deux courriers particuliers qui nous sont parvenus hier et aujourd’hui, dans le Forum du texte du 26 mai.

• Le premier (reçu ce matin) auquel nous nous intéressons soulève une question d’ordre pratique, posée par un “Lecteur fidèle” à propos de notre “objectif de campagne” (€13.000 par campagne, trois campagnes par an): «…En effet, 13 000 € me parait beaucoup pour simplement héberger un site web relativement statique, tandis que la même somme me parait trop faible pour constituer le seul revenu de l'auteur. In fine, qu'en est il ?» La question avait été posée et abordée lors de la campagne de l’été 2007; nous nous étions attardés à ce sujet d’une façon détaillée, dans notre “message” du 24 août 2007 et c’est à ce texte que nous renvoyons notre “Lecteur fidèle” et ceux qui se posent la même question que lui. Outre les explications techniques et historiques, on y trouvera quelques marques d’humeur qui renvoient à l’état d’esprit du moment mais qui, sur le fond, ne sont nullement dépassées ni déplacées... Ce dernier point nous conduit à la remarque suivante.

• D’une façon générale, nombre de courriers de nos lecteurs sont encourageants et roboratifs pour nous. Nous en sommes à la fois honorés et reconnaissants. Ce qui nous décide à insister sur cet aspect des choses, c’est un courrier reçu hier dans le Forum de notre texte du 26 mai. Il nous paraît remarquable par la façon dont il argumente en faveur de la donation, en plaçant cet acte en fonction d’une logique politique générale qui nous concerne tous. Nous avons choisi de la répéter dans ce “message”, pour marquer l’intérêt que nous portons à cette appréciation, – et, en général, à celles de nos lecteurs, que nous ne pouvons citer tous à nouveau dans cette rubrique, – qu’ils ne s’en offusquent pas. Voici donc les remarques d’“Emmanuel”:

«La modernité américaniste nous a plongé dans une société où la place du droit a progressivement grignoté celle du devoir. Au droit est associé une forme de pouvoir, par exemple le pouvoir d’achat alors qu’au devoir est associé une forme de contrainte comme la contrainte budgétaire. C’est un des glissements qu’a opéré le système pour toucher le consommateur plutôt que le citoyen qui sommeille en nous. Dans ce contexte, peu nombreux sont les gens disposés à faire un contre don a dedefensa pour le travail qu’il nous offre, et c’est bien dommage.

»Jean-Claude Michéa dans son livre “L’Empire du moindre mal, essai sur la civilisation libérale” explique : “Une société qui consacre ainsi ses principaux efforts à se rendre à la fois individualiste et ‘multiculturelle’ ne peut donc trouver un semblant de cohérence anthropologique que si elle invite parallèlement ses membres à communier dans le culte de la croissance et de la consommation. C’est pourquoi l’économie est logiquement devenue la religion des sociétés modernes. Elle représente, en somme, l’unique moyen de relier les individus atomisés d’une société qui se veut, et se croit ‘axiologiquement neutre’.” (Lien.)

»Pour que les dons arrivent à hauteur de l’engagement de dedefensa, cela implique que les lecteurs s’arrachent du système, ne serait-ce que le temps de l’obole, ce serait alors un début pour rompre au travers de cet instant avec “une société qui se veut, et se croit axiologiquement neutre”. Alors serions-nous à ce point contaminé par l’américanisme? Le citoyen qui sommeille en nous aurait-il définitivement été mis en coma artificiel par notre système de manière à laisser l’autre partie de nous-mêmes, le consommateur, zapper d’une information conformiste à une analyse remise dans le contexte psychologique de nos sociétés modernes, sans que notre esprit critique ne nous permette de classer et de hiérarchiser la chose, dans ce flux incessant dont la gratuité n’est qu’apparente? Aurions-nous un tel désintérêt pour nos enfants qui vont vivre dans le monde que nous allons leur léguer aussi “courageusement”? Serions-nous devenu suffisamment cynique pour nous conformer à ce “moindre mal”? Tout compte fait, ne serions-nous pas que des antiaméricains primaires?»

Nous avons l’intention de revenir plus tard sur cette question, comme il est possible, sinon probable, que nous revenions sur les messages d’autres lecteurs selon les sujets traités. Nous espérons que cette continuité dans le débat et l’information nourrira la réflexion chez les uns et les autres, à propos de cette campagne de donation, du principe de la donation en général, etc., autant que sur les questions plus générales abordées à cette occasion. Nous répétons qu’il s’agit aussi bien pour nous, pour cette année 2008, comme nous l’avions expliqué dans notre “message” du 16 septembre 2007, d’expérimenter cette formule sur une longueur significative. (On remarquera, en lisant ce texte, que notre “programmation” a été modifiée pour telle ou telle prévision. Cela fait aussi partie des diverses difficultés que nous rencontrons et des ajustements de programme auxquels nous devons procéder.)