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151421 juin 2008 — Quand vous dites que “c’est de la pâtée pour le chat”, ou bien “de la bouillie pour le chat”, vous dites quelque chose de peu agréable pour le genre humain, – mais que le chat, lui, sait apprécier. Seulement, le chat pense “pâtée” ou “bouillie”, il ne pense pas liberté d’esprit ou dignité de l’homme. Nous qui avons l’esprit haut et fort, nous pensons liberté de l’esprit et dignité de l’homme, et nous y croyons dur comme fer. D’où notre dégoûtation pour la pâtée et la bouillie, dans ce cas.
Que se passe-t-il quand tout cela se confond? Au moins une chose: Dominique de Villepin perd moins de temps à lire la presse MSM (MainStream Media). L’ancien Premier ministre, parlant le 6 mai dernier devant des étudiants, peut-être médusés qui sait, de Paris-Dauphine, s’est emporté à ce propos. Politique.Net le 4 juin, puis Le Monde le 6 juin, nous ont instruit là-dessus.
Selon Le Monde, qu’on sent déchiré entre son devoir d’informer de “journal de références” et l’interrogation dégoûtée et peut-être un peu angoissée de sentir, du côté de sa rédaction, comme vaguement une odeur de “pâtée pour chats”…
«“De la pâtée pour chat”. Ce sont les termes choisis par Dominique de Villepin pour qualifier le contenu de la presse écrite française. “En général, je lis la presse dans ma voiture. Heureusement que mes trajets se sont raccourcis parce qu'au bout de cinq minutes, il n'y a plus rien à lire, on manque de nourriture...”, a-t-il lancé lors d'un débat à l'université Paris-Dauphine le 6 mai, rapporte le journal en ligne politique.net.
»M. de Villepin va plus loin et dénonce “l'esprit de cour” qui règne en France. “On n'a pas à lire la ‘une’ de certains journaux comme on lirait les bulletins officiels”, s'insurge-t-il, avant d'ajouter que “l'époque impériale paraissait plus libre à bien des égards que la lecture des quotidiens nationaux”.»
Outre ces “mots forts” (selon Politique.Net), lisez aussi ce que ce même Politique.Net dit du goût de la “transparence”, plutôt que du goût de la “pâtée pour chats”, de Nicolas-Sarkozy pour les journalistes, ou du “goût de la transparence” revendiquée pour les journalistes, au nom des journalistes, par Nicolas-Sarkozy, comme si, après tout, Nicolas-Sarkozy était leur porte-parole et inspirateur : «Face à la soi-disant “transparence” revendiquée par Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin aimerait que la presse enquête davantage car “en politique, la transparence est toujours le maquillage de quelque chose. La transparence, c'est montrer ce que l'on veut bien montrer [...] mais à charge pour le journaliste d'être suffisamment curieux pour regarder ce qu'il y a derrière le rideau et ce qui intéresse les citoyens, c'est de comprendre les mécanismes complexes de la décision politique”.»
Tout cela est un peu polémique, un peu facilement enlevé, un peu vite dit ici ou là, mais tout cela n’en correspond pas moins et “globalement” à notre malaise quand nous “lisons” cette presse. Le mot “lire”, effectivement, va assez mal jusqu’à réclamer des guillemets; est-ce que “mâchonner”, ou “mâchouiller”, ou “déglutir” n’iraient pas mieux, ou encore “gerber”, puisque Villepin parle de “bouillie pour le chat” et nous dit qu’on manque de nourriture. Bref, et pour conclure sur cette question, le chat lui-même n’y retrouverait pas le goût de sa pâtée. Cette “vérole” n’est même pas de la “pâtée pour le chat”.
… Tout cela, nous le savons, mais il n’est pas mauvais de l’entendre confirmé. Vous savez bien ce que nous allons ajouter. Cette presse-là, aussi consistante et poivrée qu’un spaghetti à l’eau, aussi consciente de la crise du monde que l’est des problèmes de l’Irak un G.I. bardé de gilets protecteurs, de caméras infra-rouges et de fusils qui tirent dans tous les sens, cette presse-là est couverte d’argent par ses propriétaires-protecteurs qui entendent qu’elle marche droit, et elle se fait payer par vous, en plus. Cette presse-là marche droit.
Nous, nous marchons à notre rythme qui est celui de la crise du monde. Nous ne sommes donc pas couverts d’argent et n’avons ni propriétaires, ni protecteurs. Alors, nous cherchons des donateurs que nous ne pouvons trouver que chez nos lecteurs. Et il ne vous reste plus que quelques jours, quelques heures, pour nous soutenir dans cette quête.
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