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6 Mars 2003 — Nous empruntons encore (voir un précédent F&C du 26 février) quelques paragraphes à notre confrère Inside the Air Force (IAF) pour parler du JSF, dont le destin semble de plus en plus reproduire le destin de la crise autour de la guerre contre l’Irak. (GW y verra-t-il un signe du Ciel ?)
Il s’agit d’un symposium confidentiel USA-UK à la fin du mois de février. On y venait célébrer les special relationships en matière de coopération de défense. Le JSF devait être la pièce de résistance. Il le fut. Le Defense Under Secretary of State and Procurement Minister du Ministry of Defence, Lord Bach, fut particulièrement incisif et furieux. Le rapport de IAF parle de « a hefty dose of criticism for the Joint Strike Fighter program, citing impediments the British industry is facing despite the opportunities touted for vast international cooperation in the effort. » Lord Bach nous résuma sa fâcheuse impression de la façon suivante, — qui ne devrait pas surprendre tout de même personne, puisqu’il s’agit de l’Amérique et de ses traditions industrielles face aux étrangers, fussent-ils cousins et indispensables alliés : « Although Joint Strike Fighter presents a great opportunity . . . this is tempered by the difficulties that [British contractors] are experiencing with market access. »
Cette formulation assez générale est suivie par un détail des critiques exprimées par Lord Bach. C’est sur ces questions que nous empruntons à IAF :
« Britain is the only Level I partner in the JSF program. Its contribution of about $2 billion to the effort accompanies the placement of 10 people in the program office. (...)
(...)
» Although the sole Level I partner, Britain has been unrightfully stymied in their contribution efforts, Bach complained. He was critical of delays in issuing work permits for U.K. nationals as well as “painfully slow” technical assistance and manufacturing license agreements. And touching on procurement, Bach said, “we do not get any performance or price guarantees and we are treated much like any other partner.”
» Bach also expressed frustration with the Global Project Authorization, originally completed to foster an environment of international industrial cooperation. A clause in the International Traffic in Arms Regulations, the GPA is a blanket technical agreement authorization (TAA) that sets export controls for the transfer of sensitive technologies. Typically, a TAA can take anywhere from 50 days to 300 days to complete, holding up manpower and resources that could be working on other aspects of an industry program. Under the GPA, that process is shortened to five days, where on the final day, a document that describes the scope for the work package that will be competed is published.
» In a December interview with Inside the Air Force, Air Force Col. Dwyer Dennis, deputy director of international programs for the JSF program office, said that approximately 75 percent of the work completed in the JSF effort would be covered by the GPA. For the remaining percentage, contractors will have to do a separate TAA for each company involved in each competition. Yet, Bach noted that the GPA seems to cover only about 50 percent of the JSF work, because the remaining technologies are classified and therefore subject to far greater export scrutiny.
» “We feel we do have a long way to go before this can all be characterized as defense cooperation,” Bach said.
» He concluded his talk by posing this question: “How is it that [the United States and Britain] can cooperate to such a high degree at the operational level and yet at the supporting level, delivering capability, we have made comparatively little progress in cooperating?” »
On reste confondu, à la lecture de ces remarques, moins par ce qui nous est “révélé” de l’attitude des Américains que par l’attitude des Britanniques, qui continuent à s’interroger sur leurs partenaires, sur la conception américaine de la coopération, etc. Les Britanniques expérimentent la même chose depuis 50 ans ; avant le JSF, il y a eu la SDI ($2 milliards de contrats promis en 1985, $80 millions obtenus en finale, en 1989-90) ; avant la SDI , il y a eu le F-111 (commande UK annulée, l’avion étant passé de $4 millions en 1963 à $15 millions l’exemplaire en 1966) ; et ainsi de suite. Au plus les expériences sont catastrophiques, au plus les Britanniques tentent de coopérer plus profondément et plus massivement. Avec le JSF, ils ont mis la plupart de leurs oeufs cassés dans le même panier. Ils abandonnent progressivement un EFA2000 par ailleurs bien malade, en espérant se maintenir à niveau technologique avec le JSF. On voit ce qu’il en est, à lire l’intervention de Lord Bach, — et en n’oubliant pas, étrange cerise sur le gâteau, que les Britanniques ont de surcroît sacrifié BAE en l’orientant vers le marché, les structures et les méthodes américaines, — et, semble-t-il, vers la faillite américaine et le rachat probable par un géant US comme Boeing.
Peu avant Lord Bach, Peter Aldridge, n°3 du Pentagone et chef de l’acquisition (équivalent US de Lord Bach), avait prononcé son discours. Il y avait été question du JSF. Pour lui, tout va de façon idyllique : « Aldridge painted a rosier picture of the JSF program and international partnering climate. “I contend that the Joint Strike Fighter is the proof of the belief in the value that foreign partners can bring to a project,” he said, adding that participation of international partners in the JSF program is “limited only by their ability to contribute technologically or financially.” Aldridge said he would like to see similar global partnering efforts in the development and integration of the U.S. missile defense system as well as in international improvements to fire power. » Quand on compare avec ce que nous dit Lord Bach, on a une bonne mesure du fossé quasi-océanique (atlantique ?) qui sépare les conceptions, et les perceptions de la même situation. Le JSF est une bonne et massive mesure de l’état des choses, aujourd’hui, dans le domaine transatlantique, que ce soit l’alliance en général ou la coopération en particulier.