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359La Brookings Institution est un monument de la pensée stratégique de l’establishment de Wasshington et Michael O’Hanlion est l’un des gardiens de ce temple. Aussi sa prise de position, sur laquelle Stephen Trimble de DEW Line (Flight International ) attire notre attention ce 7 décembre 2010, est particulièrement importante.
Trimble note : «Brookings Institution senior fellow Michael O'Hanlon has jumped on the bandwagon fired up by the US deficit reduction panel, which last month recommended eliminating the Lockheed Martin F-35 and BellBoeing V-22.
»O'Hanlon today published a policy paper titled “Defense Budgets and American Power”, which contains a wide range of cost-reduction ideas that largely mirror the deficit panel's work. Here are excerpts from O'Hanlon's paper:
»“Partial or even complete cancellation of the joint strike fighter or F-35. The type of stealth found in the F-35, and some short-takeoff capability, would be welcome, but the United States has aircraft ranging from F-22 fighters to drones that can also provide these capabilities to some extent. Depending on which approach was taken, the intended buys of F-35 planes would be replaced with F-16 and F-18 aircraft, at an annual savings of $1 billion to $4 billion…”»
Le document signé par 0’Hanlon, qui propose bien entendu des réductions drastiques du budget de la défense, comme c’est également la grande mode, est publié â Brookings à la date de décembre 2010.
@PAYANT On comprend aussitôt l’importance de cette prise de position. O’Hanlon n’est pas un foudre de guerre ni un homme d’un immense courage intellectuel mais il est extrêmement bien placé, très influent, et ses prises de position sont en général considérées comme des messages extrêmement sérieux, et admis comme tels, comme des informations sérieuses communiquées à l’establishment sur l'évolution possible de la politique militaire et stratégique. L’analyse de O’Hanlon signifie donc, événement d’une extrême importance, que l’abandon du JSF n’est plus off limits de la pensée permise par les bonnes manières, que ce n’est plus une matière “Inthinkable”.
Cette prise de position de O’Hanlon s’inscrit dans la logique d’une évolution désormais très perceptible au Pentagone. On l’illustrera par une remarque abrupte du n°2 du département, Ashton Carter, au cours d’une conférence à New York où aucun journaliste n’était censé être présent, et où Colin Clark de DoDBuzz était présent tout de même, et a donc pu la retranscrire (le 2 décembre 2010) : «I’m not happy with the situation we’re in now. We’re not going to pay more for the airplane. There isn’t going to be ever more money.» Clark note que Carter pourrait bien regretter cette remarque parce qu'il s'agit d'un engagement de rupture dans un programme dont les problèmes et les augmentations de coût ne sont pas terminés, mais ce n’est pas vraiment notre avis. Au contraire, nous verrions cette remarque comme une affirmation intentionnelle, une menace concrète et sévère lancée à Lockheed Martin, que le rapport de O’Hanlon vient substantiver et expliciter. Notre appréciation est, en effet, que les liens institutionnels de facto entre Brookings et l’establishment (le Pentagone) sont tels que O’Hanlon n’a pu écrire ce qu’il a écrit sans que le Pentagone soit mis au courant et lui donne le feu vert. Dès lors, les deux événements se complètent, – la sortie de Carter et le rapport de O’Hanlon, – et ils signifient : “On ne plaisante plus, désormais c’est le sort du programme qui est en jeu”.
Par conséquent, désormais on peut dire, selon le langage consacré à Washington, que “toutes les options sont sur la table”, y compris l’“option nucléaire” qui est l’abandon du programme. C’est une façon bien singulière, de la part d’un Pentagone et de ses porte-voix qui, jusqu’ici, soutenaient le programme, que de donner à ce programme un tel statut d'une vulnérabilité politique extrême à la veille de l’arrivée d’un 112ème Congrès qui se présente avec le couteau entre les dents pour lutter contre le déficit, et où il apparaît de plus en plus que, là aussi, “toutes les options sont sur la table” (ce qui signifie que le budget de la défense, jusqu’ici sacré, s’y trouve également). Une déclaration récente de Eric Cantor, républicain et chef de la majorité républicaine la prochaine Chambre, a officiellement confirmé la chose (le mardi 30 novembre, lors de l’émission de Matt Lauer, de NBC Today Sho : «I think, you know, we've got to have everything on the table right now, Matt…», Cantor confirmant qu’effectivement on trouvait le budget de la défense pour les perspectives de réductions budgétaires). Que l’establishment militaire et stratégique parle désormais directement et indirectement de la possibilité extrême de l’abandon du programme, implique que le Pentagone avertit Lockheed Martin qu’il est désormais seul avec son F-35, contre les exigences du Pentagone et contre les ambitions des parlementaires de réduire le déficit.
La saison 2011 sera chaude pour le JSF.
Mis en ligne le 7 décembre 2010 à 17H14