Juan Branco et nos oligarchies derrière Macron

Les Carnets de Nicolas Bonnal

   Forum

Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 6842

Juan Branco et nos oligarchies derrière Macron

Sur Macron on a déjà tout dit, alors on va se répéter. Juan Branco a bien retracé – comme Aude Lancelin dans son Putsch du CAC 40 – les turpitudes qui ont mené notre petit homme aux manettes. Et ça donne en conclusion :

« Le lecteur suspicieux demandera à cet instant : et alors ? Cela n’était-il pas, à défaut d’être dit, compris ? »

Je trouve important de commencer par cette conclusion. Car en effet, comme on dit à la radio, le Français moyen n’en a rien à foutre de s’être fait avoir comme ça. Il n’y a qu’à lire Céline, Toussenel ou Drumont pour comprendre. On cite Céline :

« Et les Français sont bien contents, parfaitement d’accord, enthousiastes. 

Une telle connerie dépasse l’homme. Une hébétude si fantastique démasque un instinct de mort, une pesanteur au charnier, une perversion mutilante que rien ne saurait expliquer sinon que les temps sont venus, que le Diable nous appréhende, que le Destin s’accomplit. »

Eh bien continuons ! Comme disait Sartre dans Huis clos. Qui a dit que notre apocalypse durerait cinq minutes ?

On reprend avec Branco :

« Tous semblent pris dans la nasse de ce qu’il conviendra d’appeler, et nous le justifierons, un système oligarchique. A savoir un espace public dominé par des individus dont la fortune dépend directement ou indirectement de l’État, et qui l’ont investie pour prendre le contrôle des médias et ainsi s’assurer de la préservation de leurs intérêts au détriment du bien commun. »

Et on a envie de lui demander au jeune Branco : quoi de nouveau sous le sommeil ?

Bonne expression ici (le livre est joliment écrit) :

« Ce qu’il s’agit pour nous maintenant de démontrer, c’est qu’Emmanuel Macron a été « placé » bien plus qu’il n’a été élu. Que la presse a agi en ce domaine avec complicité. Et que la colère et la volonté de destitution qui anime une majorité de nos concitoyens s’en trouve légitimée. »

Comme on sait avec ce système planétaire ce sont les peuples qui se trouvent destitués – en regardant la télé !

Après on en apprend ou en en devine d’autres : comment les services secrets servent LVMH, devenue une des boîtes les plus ubiquitaires et inquiétantes au monde (avec Apple and Co., voyez aussi le livre de Routier sur Notre drame de Paris), et aussi comment ce système de fric oligarchique devient fasciste et policier :

« Ce que nous nous apprêtons à révéler ici, c’est la factualité qui a permis la mise en place de ce pouvoir. La façon, dont, par exemple, Edouard Philippe, sorti de nulle part, a accédé au poste de premier ministre, après s’être piteusement perdu entre des missions de lobbying pour une grande entreprise nucléaire et apparatchikismes divers auprès de Les Républicains. Comment et pourquoi Ludovic Chaker et Alexandre Benalla ont été recrutés à l’Elysée afin de mettre en place une garde prétorienne agissant en « police privée » d’Emmanuel Macron, selon le modèle que lui avait fait découvrir Bernard Arnault en le présentant à Bernard Squarcini, ancien directeur de la DGSI, actuellement mis en examen pour avoir mis au service de son nouveau patron, LVMH, ses réseaux et parfois les services secrets de notre pays. »

On évoque Mimi, sortie du film de madame Claude avec François Fabian, mais promise à un futur plus brillant (l’époque s’y prête misérablement) :

« L’enquête expose la figure de Michèle Marchand, pièce centrale d’une immense entreprise de communication qui fut mise en place avec l’aide d’un milliardaire, un certain Xavier Niel, dans le but de faire connaître et adouber par le peuple français un inconnu absolu qui venait d’être coopté par les élites parisiennes, pur produit du système transformé en quelques mois en icône adulée par les rédactions de Gala, VSD, Paris Match et de quelques autres magazines mobilisés avec soin. »

Branco laisse les juifs et Rothschild aux antisémites et s’en prend aux vrais capos, Niel-Arnault-Bouygues par exemple :

« …rappelons que la fortune de Xavier Niel est directement dépendante des décisions de nos gouvernants – il suffirait à l’État de retirer les licences téléphoniques octroyées à Free pour que sa fortune s’effondre immédiatement. Sa dépendance à l’égard du pouvoir politique, immense, est d’ailleurs telle que François Fillon aurait décidé de l’octroi d’une licence téléphonique à Free – faisant exploser la capitalisation boursière de Free, dont M. Niel est propriétaire à plus de 50% encore – dans le seul but d’« emmerder » Nicolas Sarkozy (décidément). »

C’est que Sarkozy préférait Bouygues à Niel :

« En effet M. Sarkozy détestait M. Niel, qui le lui rendait bien, l’amitié que le premier vouait à Martin Bouygues, qui voyait son empire trembler du fait du second, n’y étant pas pour rien. »

On revient sur la mission Marchand (si j’ose rire !) :

« Mimi Marchand, la reine de la presse people, condamnée pour trafic de drogues – elle fut interpelée conduisant un camion doté de 500 kilogrammes de haschisch – s’est fait prendre en photo dans le bureau de M. Macron en juillet 2017.

Celle qui n’hésite pas à exposer l’intimité des gens pour les intimider et à utiliser ses sources pour détruire sur commande tel ou tel individu, a été la personne en charge d’introniser M. Macron auprès des Français. Mimi Marchand, ou la marchande de secrets ayant fait les beaux jours de la presse people depuis vingt ans, capable de faire taire une information, fut-elle d’intérêt public, en quelques instants, de montrer et d’exposer des corps nus pour les humilier ou les consacrer. »

On rappelle aux amateurs que la France est sous la coupe du binôme Niel-Arnault (qui rencontra Trump le soir de son élection) :

« Bernard Arnault, première fortune de France, quatrième fortune du monde, doté de 70 milliards de patrimoine et propriétaire du groupe de luxe LVMH. Cela pourrait sembler au premier abord aussi insignifiant que « l’amitié » entre Niel et Macron, si l’on oubliait de préciser une autre information que la bienséance et les conventions bourgeoises amènent le plus souvent à esquiver : à savoir que le maverick, le rebelle, l’homme du peuple Xavier Niel, vit en concubinage avec Delphine Arnault, fille et héritière de Bernard Arnault. »

Branco rappelle que la presse n’est pas vraiment libre (mais le fut-elle un jour ?) :

« Où le faire, comment le faire savoir ? Quel organe de presse pourrait l’accueillir, y compris pour le contredire ? Libération, L’Express ou BFM TV ? C’est-à-dire les médias détenus par Patrick Drahi, dont l’empire a été consolidé avec l’aide d’Emmanuel Macron, Drahi qui l’a remercié en mettant à sa disposition sa main droite et directeur de facto de ses médias, Bernard Mourad, pendant la campagne présidentielle, après que ce Bernard Mourad ait, sur ordre de M. Drahi, « suggéré » des Unes au sujet de M. Macron, lors des comités de rédaction de ces médias auxquels, contre toute logique, il participait ? A l’Obs, au Monde, à Télérama, à Mediapart, dans la dizaine d’autres médias où Xavier Niel a investi ? Au Figaro, chez Olivier Dassault, où il faudrait espérer qu’un journaliste trouve le courage d’attaquer les collusions entre médias et milliardaires, après que l’empire de son père se soit construit en s’appuyant sur cela ? »

Juan Branco poursuit son énumération laborieuse mais instructive :

« Au Parisien ou aux Échos, chez Bernard Arnault, à Vanity Fair, qui publie des articles de commande et qui coulerait immédiatement si ce dernier cessait de le financer ?

A Canal + ou chez C8, chez Vincent Bolloré à qui Macron confia part de sa communication alors qu’il était ministre de l’économie via Havas – avant qu’Hanouna, pilier capitalistique du groupe, n’en devint le meilleur relais, l’invitant régulièrement à communiquer par téléphone lors de ses émissions ? A TF1 ou TMC, chez Martin Bouygues, là encore compromis jusqu’aux ongles et dépendant de la commande d’État ? Au JDD ? Là où Gattegno a montré toute sa capacité à servir ceux qui plaisaient à son propriétaire, un certain… Arnaud Lagardère ! »

Enfin on apprend que le champagne Taittinger annexe l’inspection des finances (ou l’inverse) via le renommé/pétaradant mentor Jouyet :

« Repéré et recruté par Richard Descoings à Sciences-Po, institution publique, au sein d’un dispositif de pouvoir partiellement décrit par Raphaëlle Bacqué dans son ouvrage Richie, lui aussi publié chez Grasset, il y fut propulsé responsable de l’Asie, et y rencontrerait une certaine Edith Chabre, qui le présenterait à un certain Edouard Philippe et une certaine Brigitte Taittinger-Jouyet, héritière de l’une des plus importantes familles industrielles de France, recrutée à Sciences-Po pour, de dîner mondain en événement hippique dans le petit Paris, alimenter en levées de fond les caisses de Sciences-Po, tandis que son mari, Jean-Pierre Jouyet, puissant directeur du trésor devenu le très puissant directeur de l’Inspection des Finances, puis le tout puissant secrétaire général de l’Élysée, mobilisait ses réseaux pour soutenir Emmanuel Macron, parfois à la limite de la légalité. »

La légalité républicaine, encore un GN qui fait rire. Notre conclusion ? Vive Saint Louis tout de même…