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662426 septembre 2023 (01H45) – J’ai tout de suite été arrêté, – c’était fait à dessein, – par un extrait d’un discours de Justin Trudeau à l’occasion de la visite de Zelenski à Ottawa, en tête du dernier programme d’Alexander Christoforou. On parle beaucoup de Trudeau et du Canada, n’est-ce pas ? Ce discours n’avait pas directement à voir avec la séance extraordinaire du Parlement canadien qui l’a suivi ou qui l’a précédé je ne sais. Tout le monde, je pense, a entendu et lu l’un ou l’autre écho de cette exaltation, par le président de la Chambre, de cet Ukraino-Canadien de 98 ans salué comme un héros sans équivalent pour avoir combattu la Russie, URSS alors, de 1941 à 1945 ; il faut dire que le héros faisait partie de la 14ème division des grenadiers de la Waffen SS, ou 1ère division de la Galicée. Cela donne une idée du climat qui nous permet d’en venir au discours.
Vous l’entendez dans cette vidéo de Christoforou, qui la place en tout début, – autour de deux minutes de grand style. Trudeau appelait à la poursuite jusqu’à la victoire finale de la guerre contre la Russie conduite en Ukraine
« ... Et le prix sera bien plus élevé si Poutine remporte cette guerre que nous devons mener et tenir chaque jour jusqu’à ce que l’Ukraine REMPORTE CETTE GUERRE !! »
Les majuscules et les points d’exclamation, dont je fais peu usage, ont vraiment la fonction de tenter de restituer le ton extraordinairement emporté, la fureur, le déchaînement de la voix. On croirait Trudeau, d’habitude assez réservé, style bon-chic-bon-genre avec une petite touche de pince-fesse et un très grand bol d’hypocrisie, hors de cette sorte d’emportement. Non, pas du tout !
Cela n’était pas feint, ni même surjoué ; c’était un homme véritablement en transes, un saint ayant une vision de la croix en train de brûler alors que l’on vient d’allumer le bûcher d’une fournée d’hérétiques, un fonctionnaire appointé du diable, type-Orque glapissant sourdement, remuant comme un furieux les braises de l’enfer pour vous y précipiter, – ou bien, ou bien on aurait dit... Mais oui, bien sûr !
Pour notre édification, on lit deux réactions d’auditeurs de la vidéo, parmi des centaines, peut-être des milliers d’autres similaires, confirmant le « Trudeau a complètement perdu la tête » d’Alexander Christoforou, dit dans un éclat de rire et dans sa barbe :
« @mitchelloates9406 – il y a 12 heures
» “Seigneur, Trudeau est tellement déséquilibré dans ce clip. Cela me fait penser à un certain monsieur en Allemagne dans les années 1930, célèbre pour ses discours attisant la populace lors des rassemblements du parti.” »« @robertdemeny251 – il y a 13 heures
» “Trudy est devenu fou à lier. Il commence à ressembler à un certain gentleman autrichien.” »
Donc, là-dessus vous ajoutez la corrida immensément grotesque et funambulesque de la séance de commémoration de la Waffen SS à la Chambre avec, en plus, dans un autre domaine mais dans un registre similaire, la querelle avec l’Inde à propos des Sikhs, et vous vous dites : il est en train de se passer quelque chose. Dans tous les cas, le Canada, exemplaire prototype et archétype de la “nation arc-en-ciel” du futur, commence à se poser en tout aussi exemplaire nation-pilote productrice de désordre en vagues de nausée, jusqu’au tourbillon crisique qui vous emporte l’esprit, vous brouille l’âme et gonfle votre cœur jusqu’à le faire éclater.
Mais il ne s’agit pas seulement du Canada et de Justin. On ressent un peu partout, dans les capitales de l’Occident-poussif, cette même atmosphère à la fois d’exaspération (“Comment ! Et Poutine qui ne s’effondre pas !”), d’exaltation (“On va ga-gner ! On va ga-gner !”) et d’invocation (“Nous gagnerons, c’est sûr, parce qu’il faut que nous gagnions-c’est-sûr, si nous ne gagnons pas c’est terrible et inacceptable”)... Et tout cela pour enfanter d’épisode en épisode, d’une vérité-de-situation chaque fois plus catastrophique encore.
Tout cela est agité, mélangé, secoué, dans une bulle extraordinaire de mensonges, de narrative et de simulacres. Je pense que Justin nous a fait une crise de nerfs et que cette sorte de choses les guette plus ou moins tous, tous les dirigeants et chacun à sa façon. A force de pressions redoublées et d’accidents hystériques devant ce monde qui refuse de se plier à leurs injections et de se couler dans le schéma qu’ils leur ont impérativement assignés, à force de devoir porter le poids de leurs propres tromperies et de l’épuisante vision faussaire qui en découle, les psychologies se détériorent rapidement, et désormais à une très grande vitesse puisque leur résistance ne cesse de s’affaiblir. Cela brouille le jugement déjà complètement faussaire et précipite des conséquences auxquelles personne ne songe, ainsi ouvrant des perspectives inattendues et parfois stupéfiantes dans leur grandeur, leur harmonie et leur équilibre ordonné... Combien de temps tiendront-ils encore dans leur absurde bataille conçue par un hubris nourri à un narcissisme insupportable ? Eh bien, le temps que leur psychologie cède, comme un barrage épuisé par la pression des eaux bouillonnantes et impatientes s’effondre et emporte nos mauvais rêves si trompeurs.
Pendant ce temps, certains esprits commencent à envisager d’une façon concrète et opérationnelle un avenir complètement différent de celui que les fous balbutiant n’ose plus nous proposer. C’est à ce point que je m’arrête pour présenter un texte, ou plutôt la partie conclusive d’un très long texte de Douguine. Je crois et pense que le penseur russe, s’il n’a pas nécessairement raison en toutes choses, – qui peut y prétendre, – est l’un des plus créatifs dans cette sorte d’ouverture, et l’un des plus intéressants à consulter... Il va aux choses essentielles.
Ici, il s’agit de la fin d’un long texte d’analyse philosophico-historique de la modernité et de la dévastation qu’elle nous a apportée. Il conclut en proposant la possibilité d’un développement, non pas théorique et encore moins utopique, mais à partir de la situation de la GrandeCrise en-cours, en indiquant les événements essentiels en marche, comme l’importance fondamentale de la guerre d’Ukraine qui est le terrain choisi pour la bataille finale, – Zelenski-Armageddon et mourir dans un maelstrom de dérision. Douguine dessine alors une perspective, évidemment avec un retour de la tradition, d’ailleurs selon son idée déjà-vu de la diversité des civilisations, voire des nations-civilisation. Il propose le concept de l’heptarchie, du nom donné à un rangement en sept royaumes de l’île de la Bretagne, par les Anglo-Saxons au haut Moyen-Âge, comme modèle pour l’avancement structuré et spirituel de l’ordre multipolaire à venir.
(Le texte complet se trouve sur le site ‘euro-synergie.hautefort.com’, le 24 septembre 2023.)
(...)
Dans le triomphe de la civilisation libérale-capitaliste occidentale, les théoriciens du globalisme voient la confirmation de la théorie du progrès. Tous les autres systèmes, – civilisations, États-nations, confrontation des idéologies, etc. – appartiennent au passé. Ils sont supprimés, dépassés. Les règles de domination globale de l'Occident collectif deviennent dans ce cas un prolégomène à un Nouvel Ordre Mondial strictement unipolaire.
C'est pourquoi la Russie, qui prétend restaurer sa souveraineté civilisationnelle, attaque les règles avec tant d'acharnement, cherchant à insister soit sur sa souveraineté westphalienne (le second nomos de la Terre), soit sur quelque chose d'encore plus grand, garanti par des armes nucléaires et un siège au Conseil de sécurité de l'ONU.
Ce n'est que récemment, après le début de l'Opération militaire spéciale, que le Kremlin a commencé à réfléchir sérieusement à une véritable multipolarité, qui est en fait un retour à l'ordre mondial civilisationnel précolombien et traditionnel. La multipolarité présuppose un système de droit international fondamentalement différent de l'unipolarité, transférant le statut de souveraineté de l'État-nation à l'État-civilisation, c'est-à-dire une nouvelle édition de l'Empire traditionnel, ainsi que le principe de l'égalité de tous les pôles.
Aujourd'hui, après le 15ème sommet des BRICS, une telle heptapolarité de sept civilisations est largement esquissée :
• Occident libéral ;
• Chine maoïste-confucianiste ;
• Russie eurasienne orthodoxe ;
• Inde védantique ;
• Monde islamique (sunnite-chiite) ;
• Amérique latine ;
• l'Afrique.
Ses contours sont assez clairement dessinés. Mais bien sûr, ce modèle n'est pas encore devenu un nouveau système de droit international. Nous en sommes encore loin.
Cependant, nous devons être attentifs à la profondeur de la rupture totale et radicale avec l'Occident pour justifier le droit à l'existence des civilisations et de leurs valeurs traditionnelles. Tous les pôles devront rejeter les postulats de base de l'Occident qui leur ont été inculqués de manière constante et compulsive, ainsi qu'à l'ensemble de l'humanité, depuis le début du Nouvel Âge :
• l'individualisme ;
• le matérialisme ;
• l'économisme ;
• la technologie comme destin ;
• le scientisme ;
• la laïcité ;
• la domination de l'argent ;
• la culture de l'hédonisme et de la décadence ;
• le progressisme, etc.
Tout cela doit être retiré de la culture de toute personne qui revendique un pôle indépendant, une civilisation distincte. Aucune des grandes cultures, à l'exception de la culture occidentale, n'est fondée sur ces principes. Toutes les valeurs traditionnelles y sont totalement opposées.
La libération progressive de l'idéologie coloniale de l'Occident prédéterminera également les paramètres de base d'un nouveau système de relations internationales et d'un nouveau modèle de droit international.
Pour l'instant, les partisans d'un ordre multipolaire sont appelés à contrer de manière réactive l'enracinement des règles dictées par l'Occident global, qui s'accroche au moment unipolaire tout en connaissant un processus de lente agonie. Mais bientôt, cela ne suffira plus, et les pays des BRICS élargis, – les civilisations qui ont (re)fait surface, – devront poser la question du sens du sacré, de la Tradition et de ses valeurs, de l'éternité et de la dimension transcendante de l'existence.
Le nouveau nomos de la Terre est devant nous. Une bataille féroce s'engage pour en dessiner les contours. Tout d'abord en Ukraine, qui est le front entre l'ordre mondial unipolaire et l'ordre mondial multipolaire. Et toutes les structures des différentes couches du droit international, – de l'antique classique au westphalien, du bipolaire à l'unipolaire, – sont clairement présentes dans cette guerre brutale pour les significations et les orientations du nouveau monde qui est en train de se créer sous nos yeux.
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