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2363Je ne suis pas trop l’actualité politique qui n’en vaut pas la peine, mais j’ai cru comprendre ceci :
• Bayrou et sa compagnie de cathos de souche et de libéraux d’opérette est parti.
• Les républicains de bouche (et non de souche) se sont divisés entre ceux qui veulent aller à la soupe et ceux qui jouent aux durs.
• Le parti du prince-président devient unique, comme la pensée et leur monnaie.
Emmanuel Macron devient une vraie muse : on a évoqué Arsène Lupin, on a rajouté Boris Vian, François Mitterrand, et maintenant on va le rapprocher de notre Louis-Napoléon Bonaparte et de ce que Marx appelle, dans son dix-huit brumaire, la république cosaque. Pendant trois ans à l’époque (entre 1848 et 1851) les clans conservateurs, catholiques (toujours eux), monarchistes écœurent tout le monde et suppriment même le pauvre suffrage universel qui les a mis au pouvoir ! Puis ils finissent par se disputer et un beau soir (ou un beau matin) le prince-président prend le pouvoir avec la dureté que l’on sait et surtout l’assentiment de la bourse, du banquier Fould (à qui Hugo tire les oreilles et même le nez dans les Châtiments) et du toujours présent The Economist (quand je vous dis qu’on ne bouge plus depuis cette époque).
On écoute notre Marx :
Le ministère d’Hautpoul ne comptait qu’un seul homme jouissant d’un certain renom parlementaire, le Juif Fould, l’un des membres les plus tristement fameux de la haute finance. On lui donna le ministère des Finances. Il suffit de feuilleter les cotes de la Bourse de Paris pour se rendre compte qu’à partir du 1er novembre 1849 les valeurs françaises montent et descendent selon la hausse et la baisse des actions bonapartistes. Pendant que Bonaparte trouvait ainsi des affiliés à la Bourse, il s’emparait en même temps de la police, en nommant Carlier préfet de police de Paris (p.54).
Il ajoute plus loin :
« J’ai déjà indiqué que, depuis l’entrée de Fould au ministère, la partie de la bourgeoisie commerçante qui avait possédé la plus grande partie du pouvoir sous Louis-Philippe, l’aristocratie financière était devenue bonapartiste. Fould ne représentait pas seulement les intérêts de Bonaparte à la Bourse, il représentait également les intérêts de la Bourse auprès de Bonaparte… Nous avons pu maintenant constater de tous côtés que la France demande avant tout de la tranquillité. Le président le déclare dans son message à l’Assemblée législative, l’écho en retentit à la tribune de l’Assemblée, cela est affirmé par la presse, proclamé en chaire, c’est prouvé par la sensibilité des valeurs d’État à la plus légère perspective de troubles, par leur fermeté chaque fois que le pouvoir exécutif l’emporte. »
Marx ajoute :
« Dans son numéro du 29 novembre 1851, l’Economist déclare en son propre nom :
Dans toutes les Bourses d’Europe, le président est actuellement reconnu comme la sentinelle de l’ordre.
L’aristocratie financière maudissait par conséquent la lutte parlementaire menée par le parti de l’ordre contre le pouvoir exécutif comme un trouble apporté à l’ordre, et célébrait chaque victoire du président sur les prétendus représentants comme une victoire de l’ordre. »
Et il conclue sarcastique :
« Si, en tout temps, la stabilité du pouvoir a signifié Moïse et les prophètes, pour le marché de l’argent et les prêtres de ce marché, n’est-ce pas le cas surtout maintenant, où chaque déluge menace d’emporter, avec les vieux États, les vieilles dettes d’État ? »
Macron anti-déluge n’a plus besoin de partis qui comme leurs glorieux prédécesseurs ont contribué eux-mêmes à leur extinction (voyez la chiennerie du PS, la transformation des gaullistes en n’importe quoi, la liquéfaction-mixtion de l’UDF…) ; et nous avons aujourd’hui un prince-président tout frais et prêt, sentinelle de l’ordre financier, à offrir son peuple en holocauste.
C’est peut-être pour cela d’ailleurs que notre république cosaque va mieux s’entendre avec la Russie du président Vladimir Poutine !
Et qui va s’en plaindre parmi les antisystèmes ?
Marx – Le dix-huit brumaire (uqac.ca)