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744Le Pentagone s’est tout de même rendu compte qu’il y avait une grosse affaire pendante, qu’il serait temps d’organiser après les énormes catastrophes que cette affaire a connues tout au long de la première moitié de l’année 2008. Il s’agit du choix d’un nouveau ravitailleur en vol pour l’USAF, le KC-45, qui se fait entre Boeing et EADS (Airbus). Nous en avons reparlé récemment (le 21 août 2009).
On nous annonce donc, par le biais de Defense News ce 2 septembre 2009, qu’on s’y prépare. L’idée est la suivante: l’USAF sera complètement impliquée dans la détermination et l’organisation du programme, mais l’entièreté du Pentagone aura son mot à dire, et l’on ne sait encore qui sélectionnera le vainqueur, mais l’USAF y sera impliquée, et l’on ne sait pas encore qui prendra la décision, mais tout s’organise… Ouf. Laissons parler les organisateurs de la fiesta qui se prépare.
«Pentagon brass have yet to determine whether the U.S. Air Force will run the latest competition for a multibillion-dollar aerial tanker contract - but the “entire department” will be involved, says Ashton Carter, DoD's acquisition, technology and logistics executive.
»Carter said Sept. 1 that Defense Secretary Robert Gates, Deputy Defense Secretary William Lynn, Air Force Secretary Michael Donley, he himself, and “the entire Air Force chain” will be involved as DoD officials re-launch the years-delayed KC-X competition “this fall.” “The request for proposals and the structure of the solicitation is something the entire department is going to take a role in,” Carter said. […]
»Pentagon spokeswoman Cheryl Irwin said DoD leaders have not yet determined who will run the competition phase of the program. Once a winner is selected, she said, the Air Force will take it from there and manage the program.
»Asked about concerns in Europe that the Obama administration will favor the Boeing plane – considered in defense circles as the more American of the two – Carter made clear that “we are going to go right down the middle. As the secretary has said: free, fair and transparent.”»
Bien… Autant vous l’avouer, nous n’y comprenons rien. L’USAF sera dans le coup, sans doute, pour déterminer le vainqueur. Sans doute, peut-être, peut-être que certainement, elle sera dans le coup pour mener le processus de détermination du contrat et des diverses dispositions. Bref, on consultera l’USAF, c’est sûr, pour choisir l’avion qui va occuper ses loisirs pendant le demi-siècle au trois-quarts de siècle à venir. Quant à diriger ceci ou cela, pour la décision, pour la structure du contrat… Eh bien, euh, peut-être bien que oui, peut-être bien que pas sûr… De toutes les façons, si l’USAF est autorisée à prendre une décision, elle aura tout le Pentagone autour d’elle, chaque service avec un missile pointé sur elle en cas d’erreur, de gaffe, de renvoi ou de hoquet intempestif, etc.
Ashton Carter nous annonce que le processus sera relancé à la fin de l’année, sans autres perspectives. Cela laisse du champ pour l’imagination, sur la durée de l’affaire. Une chose qui est, celle-là, absolument certaine: tout se passera dans une atmosphère de loyauté, de liberté et de transparence – cela, pour ce qui est du choix entre l’américain Boeing et l’européen EADS. (Pas un mot du Congrès qui, lui, est plutôt incliné à choisir les deux avions pour partager la commande. Cela aurait au moins le mérite de soulager l’USAF et le Pentagone de cette épouvantable perspective: une décision.)
Ne cachons pas notre scepticisme très rétrograde. Ce qu’on nous décrit là, c’est la mise en place du plus extraordinaire désordre qui se puissse imaginer, où la décision sera répartie entre diverses responsabilités, où chaque service aura son mot à dire et voudra le dire, où chacun vivra dans l’angoisse d’être pris en faute d’un acte trop léger et pas assez supputé, où dominera la haine corse, ou peut-être texane, du secrétaire à la défense pour l’USAF avec une direction de l’USAF qui a, selon le mot du vice-président Theodore Roosevelt sur le président McKinley, “autant de colonne vertébrale qu’un éclair au chocolat”. Le Pentagone semble donc avoir trouvé la solution face au désordre qu’on lui reproche dans son processus d’acquisition, qui répond à la fameuse formule qui suggère d’embrasser ce qu’on ne peut étouffer. Puisqu’il ne peut vaincre le désordre, il l’organise lui-même. Cela montre que le Pentagone sert encore à quelque chose.
Mis en ligne le 3 septembre 2009 à 10H16