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356La crise à l’intérieur du parti démocrate, pourtant favori pour l’élection présidentielle, se précise avec le soutien des Kennedy (Ted Kennedy et le reste du clan au garde à vous) à la candidature Obama. Le Times de Londres détaille aujourd’hui les conditions de ce soutien, qui montrent bien qu’il s’agit bien plus d’un acte d’hostilité aux Clinton (nous parlons du couple, sans aucun doute) que d’une confiance donnée à un homme pour ses qualités propres. Mettons à part toutes les viennoiseries larmoyantes d’émotion de nos penseurs professionnels sur le “futur premier président noir” ou la “future première présidente”, pour observer la seule chose qui importe. Il apparaît que se précise une bataille féroce qui peut ouvrir un déchirement profond du parti démocrate. Cette fois, le système n’y peut rien car tous ces gens sont conformes au système, et ce sont les passions qui jouent désormais.
«The backing from Ted Kennedy, the veteran Massachusetts senator, is a huge prize for Mr Obama, providing him with momentum before next week’s “Super Tuesday” elections, as well as a magnet for votes in sections of the electorate where Mrs Clinton is strongest — Hispanics, blue-collar workers and Democratic loyalists.
»At a rally at the American University in Washington, Mr Kennedy made a series of thinly veiled references to the clashes with the Clintons over recent weeks. He said that Mr Obama would represent a break with “cynical” tactics of “demonising” opponents.
»“With Barack Obama we can turn the page on the old politics of misrepresentation and distortion,” he said. “We can close the book on the old politics of race against race.”
»Mr Kennedy is understood to have been repulsed by Mr Clinton’s alleged use of racial politics in the past fortnight. In one recent phone call, when the former President pleaded with him to stay neutral in the contest, Mr Kennedy “ripped into him”, according to a source close to the senator.
»He is also said to regard a remark by Mrs Clinton that appeared to give President Johnson — disliked by the Kennedys — the greatest credit for civil rights legislation, as a “direct repudiation of the work of his family”.»
On voit à quel niveau se situe la querelle. Pour autant, ce n’est pas mépriser la circonstance que faire cette remarque. Il n’existe aujourd’hui, à part l'hypothèse exceptionnelle du “coup d'Etat postmoderne”, plus aucun champ pour le choix ou pour la vision politiques. Tous les candidats sont enfermés dans les moules conformistes de leurs partis et tout le monde est confronté à une crise multidimensionnelle, systémique, totalement incontrôlable en même temps qu’incompréhensible avec le matériel d’analyse qu’autorise le système. Il reste donc le déchaînement des passions, des ambitions, des susceptibilités. A un comportement extrêmement agressif des Clinton, avec Bill régnant sur la campagne comme s’il était le candidat, répondent les susceptibilités hautaines et furieuses des dynasties du système comme sont les Kennedy.
L’establishment, nous dit encore l’article, commence à en avoir assez des Clinton... Au reste, on peut voir là aussi à quel niveau se situe la critique: «The Democratic leadership is said to have become increasingly concerned about Mr Clinton’s behaviour, while many senior figures on Capitol Hill have privately made it plain that they have little affection for his wife. In committee meetings, Mrs Clinton has often put noses out of joint by overriding seniority rules and asking if she can speak first because she has another engagement. “Senators are busy people; they all have something else to do,” one long-time adviser said.»
Une telle remarque conduirait-elle à faire bon marché des chances d’Hillary? Pas sûr, parce que l’establishment n’est pas plus en position de contrôler la marche du monde américaniste que le reste et les autres. D’ailleurs, note le Times un tantinet venimeux, il est de notoriété publique que le soutien de Ted Kennedy est plutôt porte-poisse qu’autre chose. (« Others say that Senator Kennedy has not proved infallible in selecting winners. In 1992 he initially backed Paul Tsongas against Mr Clinton, before gratefully receiving his help in a tough Senate re-election battle two years later against Mitt Romney — now a Republican candidate. In 2000 he supported Al Gore and in 2004 was a key figure in John Kerry’s campaign.»)
Ce qui est exceptionnel pour cette campagne 2008, c’est bien entendu l’enjeu de la situation générale après une présidence exceptionnelle de médiocrité et de brutalité. (GW Bush accélérateur de l’Histoire, c’est-à-dire du déclin de la puissance américaniste, selon Charles Kupchan disant à Steve C. Clemons: «President Bush sped up history and made what would have taken a couple of decades happen in just a few years.») Que l’establishment ne contrôle plus la situation et que les candidats les mieux placés se déchirent, cela est une tragédie pour le système mais il n’y a évidemment rien de plus logique. Pendant ce temps-là, la crise gronde, et ceci explique cela dans un enchaînement qui accélère le destin, – l’oeuvre de l’étonnant GW Bush, le plus mauvais président des USA, qui est parvenu à dynamiter l’Histoire...
Mis en ligne le 29 janvier 2008 à 12H15
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