Kerry et Raytheon contre les “spasmes du Times de Londres” au nom du MoD agissant au nom de BAE

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La guerre transatlantique a bien lieu. On peut même dire qu’elle fait rage, signe indubitable de la fureur britannique devant les initiatives US à l’encontre de BAE. Dernière cible britannique: le sénateur Kerry, qui avait envoyé une lettre au DoJ demandant l’ouverture d’une enquête contre BAE (ce qui est fait); indirectement mais non accessoirement, une autre cible à côté de Kerry est la firme Raytheon.

• Première séquence: un article du Times de Londres, du 11 juillet, accusant Kerry d’être intervenu à l’incitation de Raytheon, n°4 de l’industrie de défense US, avec des sites importants dans le Massachussets (Etat de Kerry) et des contributions régulières pour les démocrates, voire pour Kerry lui-même. (Tout cela est de la politique US as usual aux USA, où les grandes entreprises (de défense notamment) contribuent pour les démocrates et les républicains parallèlement.)

«Mr Kerry has also been a long-term beneficiary of defence industry backing, most notably from Raytheon, which donated $1 million to help to fund the 2004 Democratic convention in Boston when he was running for president. At the same time three Raytheon lobbyists – John Merrigan, Mac Bernstein and Charlie Baker – from Piper Rudnick, the law firm, were key fundraisers in the campaign, generating at least $250,000.

»Raytheon employees, including executives, made direct contributions of $68,438 to Mr Kerry’s campaigns since 1997, according to the Centre for Responsive Politics.

»One prominent British defence source, said: “The US defence industry is pretty cut-throat and it is not a secret that they are unhappy about the expansion of BAE into one of the Pentagon’s biggest contractors.”

»Mr Kerry did not respond to requests for an interview, but his staff were dismissive of suggestions that such links had triggered the senator’s intervention. “John Kerry has a 30-year record of cracking down on organised crime and corruption” one aide said. A spokeswoman added that the senator had not received a reply to the letter. “We are concerned that the subsidiary of a foreign company, reportedly under investigation by US authorities, has been granted permission to purchase a defence-related American company,” she said.

»Loren Thompson, a defence analyst with the Lexington Institute in Washington, said: “It is very common for the big contractors to use their links with the local senator or congressman to undermine their competitors.

»“I find it hard to believe that Kerry’s office would not have at least talked to Raytheon before sending the letter. Massachusetts senators and congressmen have a reputation of being very liberal and possibly hostile to defence interests, but when it comes to looking after the interests of the big defence contractors in their states, they are usually onside.”»

• Deuxième séquence : Kerry riposte aussitôt et des articles dans divers journaux, dont l’International Herald Tribune le même 11 juillet que le Times publiait son information, publient son démenti et ses explications.

«“At no time did Sen. Kerry's office contact Raytheon about this, at no time did Raytheon contact our office about it, and no irresponsible spasm from the London Times changes the fact that they just got it wrong,” said Amy Brundage, Kerry's press secretary.

(…)

»David Albritton, a Raytheon spokesman, said Wednesday that the company “has had no involvement in the U.S. Department of Justice investigation of BAE, and we have never had any conversations with Sen. Kerry, the U.S. Department of Justice or any other legislators regarding this matter.”

»Any assertions otherwise are ''patently false,'' he added.»

D’accord, l’attaque est de bonne guerre mais plutôt de guerre lasse. Les insinuations contre Kerry n’insinuent rien du tout, les détails des donations n’ayant rien que de très courant aux USA. Les $68.438 des employés de Raytheon à Kerry directement depuis 1997 font même comité de patronage ou campagne de donation de dedefensa.org, — un peu ridicule par rapport à l'enjeu et à l'esprit des accusations. Quand bien même Raytheon aurait averti Kerry de l’affaire BAE, — ce qu'il semble dénier, — il n’y aurait pas de quoi fouetter un chat.

L’intérêt dans cette affaire est d'abord que le Times de Londres reste sur ses accusations (dans le texte de l’IHT : «“We stand by our story,” said Tom Baldwin of the Times of London. “We accurately reported the suspicions of (British) ministry of defense officials and we gave John Kerry's office an opportunity over several days to respond in detail to the allegations.”»), — et, surtout, qu’il réitère que ces accusations viennent du MoD et non de BAE. Certains diront : “c’est la même chose”, ce qui n’est pas loin d’être faux stricto sensu. Il n’empêche, l’impression n’est pas des meilleures, de voir un ministère prendre fait et cause pour un groupe (BAE) plongé dans une si vilaine affaire d’hyper-corruption où Washington fonce tête baissée.

Ensuite, il faut remarquer la rapidité et la vigueur de l'échange en même temps que la faiblesse des accusations. Tout cela montre que tout le monde a les nerfs à vif dans cette affaire, que les Britanniques frappent par tous les moyens, y compris les plus contre-productifs; que Kerry est sur le pont, prêt à riposter; que l'implication (vraie ou fausse) de toute l'industrie US, ou dans tous les cas son intérêt pour la querelle, ne va cesser de grandir.


Mis en ligne le 13 juillet 2007 à 14H08