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3607• Un départ complètement inattendu : la démission de Victoria Nuland, incontestée architecte de la politique ukrainienne des USA et du projet US de démantèlent de la Russie. • Ces opérations devaient être accomplies sans déclencher de conflits importants ni risquer une Guerre Mondiale. • Nuland a parfaitement réussi tout le contraire ; un “sans-faute dans l’échec” qui sanctionne l’actuelle situation mondiale avec tous ses risques. • Elle est saluée comme une des grandes stratèges de l’histoire des USA : tout est donc catastrophique dans le pire des mondes.
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Victoria Nuland, affectueusement désignée “Toria” par Blinker et les initiés du département d’État, a jeté le gant en un véritable KO technique. Elle a été saluée par un communiqué qui ressemble à un ‘Titanic’ rempli de fleurs destinées à la chère ‘Noria’ par un Blinken au sommet de son hypocrisie. Le départ de la vice-secrétaire d’État qui a machiné toute la subversion et l’agression de l’Ukraine puis de la Russie ne termine rien du combat en cours, – au contraire, il le hausse à la hauteur d’un affrontement de deux mondes que Nuland n’a jamais vu venir, – mais acte d’une façon rude et sans concession l’échec total de son plan initial et du sillage de folie complète des neocon qu’elle laisse derrièreelle.
Au fond, elle disait à peu près tout lors de son interview du 25 février par Christiane Amanpour, sa complice hyper-neocon de CNN :
« La Russie de Vladimir Poutine “n'est pas la Russie que nous voulions”, a déclaré Victoria Nuland, vice-secrétaire d'État américaine par intérim, à CNN. Mme Nuland a expliqué que Washington souhaitait un dirigeant docile au Kremlin qui “occidentaliserait” le pays.
» “Ce n'est pas la Russie que, franchement, nous voulions”, a déclaré Mme Nuland à Christiane Amanpour, sur CNN, jeudi. “Nous voulions un partenaire qui s'occidentalise, qui soit européen. Mais ce n'est pas ce que Poutine a fait”. »
Il est très significatif que Nuland soit partie de sa propre initiative et sans aucun atterrissage en douceur (par exemple, autre fameux neocon, Paul Wolfowitz avait été viré du Pentagone [n°2] en 2005 suite aux catastrophes irakiennes résultant de l’application de ses plans, – il était un peu le ‘Nuland de l’Irak’, si l’on veut, – mais pour atterrir à la présidence de la Banque Mondiale). Nuland s’en va, elle démissionne sèchement, et si l’on peut être sûr qu’elle se reclassera, ce ne sera pas sur une initiative gouvernementale qui atténuerait grandement la brutalité du départ. Nuland s’en va parce qu’elle a échoué et, pour l’instant, on n’a plus besoin d’elle au gouvernement qui entend suivre seul soin effondrement.
La belle Maria Zakharova, dans son style inimitable de franc-parler, a exprimé la mortuaire et les condoléances de Moscou :
« La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a attribué le départ de Nuland à “l’échec de la politique antirusse de l’administration Biden”.
» “La russophobie, proposée par Victoria Nuland comme principal concept de politique étrangère des États-Unis, entraîne les démocrates vers le bas comme une pierre”, a déclaré Zakharova. En publiant une photo de Nuland prise dans une église orthodoxe à un moment donn. Elle a déclaré que si la femme politique américaine voulait “aller dans un monastère pour expier ses péchés, nous pouvons dire un mot pour elle”. »
Blinken ne mange pas de ce grossier pain-là. Lui, il a salué en ‘Tonia’ une collaboratrice exceptionnelle dont les actes “diplomatiques” resteront dans l’histoire “dipkomatique” des États-Unis, notamment l’Ukraine qui figurera dans les programmes d’éducation “diplomatique” et les manuels d’histoire tout court. Une sorte de miracle napoléonien du XXIème siècle, au point où l’on se demande comment le département d’État et l’administration se privent de cet atout-maître à l’heure où l’on veut faire réélire l’un des plus brillants présidents de l’histoire.
« “Ce qui rend Toria vraiment exceptionnelle, c’est la passion féroce qu’elle met dans la lutte pour ce en quoi elle croit le plus : la liberté, la démocratie, les droits de l’homme et la capacité durable de l’Amérique à inspirer et à promouvoir ces valeurs dans le monde”, a déclaré Blinken.
» Il a également noté que son “leadership sur l’Ukraine“ fera l’objet d’études “dans les années à venir“ par les diplomates et les étudiants en politique étrangère”. »
Une autre appréciation, de source US mais manifestement moins indulgente, donne une idée de la soudaineté de la décision que rien ne laissait prévoir, surtout pour une personnalité extrêmement influente, en activité depuis 1993 dans les milieux de la sécurité nationale et du gouvernement, toujours à des postes stratégiques, membre de la puissante famille neocon des Kagan (femme de Robert), – bref, qui semblait indéboulonnable et qui a dû faire elle-même sauter les boulons du piédestal. Cette appréciation, de Larry Johnson :
« “La décision de Nuland de démissionner est comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu, étant donné le rôle actif qu'elle a joué dans les affaires ukrainiennes sous les présidents Barack Obama et Joe Biden”, a déclaré à Sputnik Larry Johnson, ancien officier de renseignement de la CIA et fonctionnaire du département d'État.
» “Si ce n'est pas pour des raisons de santé, elle ne démissionne pas pour prendre un meilleur poste. La seule raison pour laquelle elle occupait ce poste était l'Ukraine. Elle n'était pas un facteur ou une force au département d'État dans tous les autres domaines tels que la Chine, le Moyen-Orient, qui sont tous des questions d'arrière-plan. Ce qui l'intéressait, c'était l'Ukraine”. »
Il n’est nulle part question d’une raison de santé, dans tous les cas pour l’instant. Mais si c’était le cas, et l’on en aurait eu des signes avant-coureurs, cela aurait dû immédiatement être mis en avant pour éviter toute hypothèque sur sa politique autant que sur son action, politique. C’est donc cet aspect-là, – conception et action politiques, – qui sont mis en cause.
Nous allons donc du côté de l’évidence politique : l’échec de Nuland, et même l’échec complet et parfait. Sa mission était claire :
1) faire tomber l’Ukraine et assurer un contrôle total du pays ;
2) à partir de là, investir la Russie, liquider Poutine et l’État central russe, diviser la Russie et se servir en se partageant le gâteau ;
3) accomplir tout cela en annexant l’Europe une fois pour toutes et sans faire s’élargir le conflit, ni militairement ni par influence, avant de préparer l’attaque sur la Chine.
Rien de tout cela n’a été fait, absolument rien. Au contraire, les USA sont loin de tenir l’Ukraine et ne cesse d’essuyer des échecs, et il apparaît que le conflit ne cesse de s’étendre, essentiellement par la formidable puissance d’influence qu’il offre à la Russie sur le reste du monde non-occidental, en renforçant de manière décisive la puissance militaire russe. Quant à Poutine, il mangerait trente-cinq Joe Biden au petit-déjeuner qu’il aurait encore faim. Finalement, il s’agit bien de ceci : la politique de Nuland a conduit à la proximité d’un conflit beaucoup plus large, d’une Troisième Guerre mondiale qui ne serait pas nécessairement nucléaire mais qui verrait sans aucun doute la défaite de l’Occident-collectif et l’accélération décisive de la chute de l’hégémonie des USA (au profit de Trump à la Maison-Blanche, sans mesurer les conséquences intérieures). Un sans-faute dans l’échec ; avec comme résultat ;la perspective d’une aggravation constante de la situation, sans aucun avantage pour l’Occident, jusqu’aux confins du conflit mondial à la perspective duquel l’Occident a paradoxalement lié son destin, – sous une forme absolument suicidaire que Nuland n’a pas pu oser envisager d’imaginer un seul instant...
Par exemple, Fiodor Loukianov conclut un très récent texte (5 mars), sur lequel nous reviendrons, sur les perspectives absolument catastrophiques et paradoxales :
« Il est important de prendre en compte deux circonstances.
» La première est qu’il semble que les désaccords au sein de la communauté d’Europe occidentale, aggravés par l’augmentation générale de l’incertitude, soient résolus par une augmentation des tensions, au lieu de les réduire. Le simple fait de réduire l’intensité de l’hystérie de la “menace russe” mettra immédiatement au jour de nombreuses contradictions qui sont actuellement étouffées. Ainsi, l’establishment préfère une escalade vers la Russie à la détente.
» Deuxièmement, l'idée, qui gagne en popularité dans notre pays, selon laquelle pour sortir du cercle vicieux, il faudrait que les élites occidentales soient effrayées par l’Armageddon nucléaire et qu'elles retrouvent ensuite leur volonté de négocier, pourrait avoir le résultat exactement opposé. L’élite dirigeante d’aujourd’hui est en effet qualitativement différente des générations précédentes. Tout d’abord, elle croit en une sorte de dogme sur l’infaillibilité de l’Occident, c’est-à-dire la certitude que toute déviation du canon idéologique et politique établi après la guerre froide sera une véritable catastrophe pour le monde. Et puisque tout compromis avec la Russie constituerait un tel recul, il faut l’empêcher à tout prix.
» Nous entrons dans une période dangereuse. »
Mis en ligne le 6 mars 2024 à 10H35