Kouchner, le Kosovo et l’indépendance, — et les craintes européennes

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Les divers débordements de Kouchner dans le dossier de l’Iran et des relations avec les USA ne préoccupent pas trop les bureaucrates européens. Pour eux, ce n’est qu’un hors d’œuvre. La grande question qui les préoccupe, c’est Kouchner et le Kosovo, dans la perspective de la crise qui s’annonce à la fin de l’année, avec la probabilité d’une proclamation unilatérale d’indépendance des Kosovars.

«On connaît bien Kouchner et on se rappelle de son passage à la tête de l’administration du Kosovo, dit une source à la Commission européenne. Nous craignons le pire, y compris des initiatives soudaines et peu raisonnables de soutien aux Kosovars, où Kouchner garde beaucoup de réseaux d'amitié, dans le cas où Sarkozy ne prêterait pas attention au dossier ou en aurait une vision trop optimiste. Il y a un côté émotionnel chez Kouchner, et puis une façon de considérer que son passage au Kosovo, où il était nettement du côté des Kosovars, fait partie de son legs diplomatique, qui nous font craindre qu’il jouera un rôle très actif et très déstabilisant dans cette affaire. Ce qui est très préoccupant, c’est que cela pourrait créer, — non, que cela créera sans aucun doute des problèmes très difficiles avec les Russes »

En effet, l’autre aspect de cette situation c’est l'attitude des Russes, qui ont une position très ferme sur le Kosovo (contre l’indépendance), à un moment où les institutions européennes commencent à mesurer les inconvénients des tensions dans les relations avec la Russie. Cette situation, avec les craintes d’interférences et de blocage de Kouchner, tend à paralyser de possibles initiatives et des tentatives de recherche d’un compromis du côté européen, d’ici la fin de l’année, alors que l’impasse est complète.

Un article du New York Times d’aujourd’hui témoigne de la gravité de cette situation, avec l’affirmation que d’ores et déjà les USA et la plupart des pays européens sont prêts à reconnaître l’indépendance du Kosovo si celle-ci est proclamée unilatéralement après les derniers entretiens prévus dans la première décade de décembre. Le Times écrit:

«The United States and most of the European Union will recognize Kosovo if the Balkan province declares independence from Serbia in early December, when last-ditch negotiations end, United States and European officials said Monday.

»The officials spoke as Serbian and Kosovo Albanian diplomats prepared to sit down this week at the United Nations for talks billed as part of a final effort to get agreement on the issue of Kosovo’s independence. Its future status has fueled a confrontation between the West and Russia, which has threatened to veto any Security Council resolution approving independence for Kosovo.

» “The game plan is set,” said a senior European diplomat who spoke on the condition of anonymity because of the delicacy of the matter.

»The talks end on Dec. 10. “If there is no sense then that Serbia and Kosovo can agree on the province’s future, then Kosovo will make a unilateral declaration of independence,” he said, adding that “the U.S. will recognize that independence and the Europeans, as far as they can remain united, will follow too.”

»On Monday, Secretary of State Condoleezza Rice said in an interview with Reuters: “There’s going to be an independent Kosovo. It’s the only solution that is potentially stabilizing for the Balkans rather than destabilizing for the Balkans.”

»Illustrating the thorniness of the issue for European nations, President Nicolas Sarkozy of France said in an interview last week that Europe must stay united on Kosovo, but that Russia’s position must be taken into account as well.

»“Kosovo’s independence is unavoidable in the long term,” he said, adding that Russia’s president, Vladimir V. Putin, “must understand that no one wants to humiliate him.”»

Il est probable que Poutine parlera en détails de cette affaire à Sarkozy, lors de la visite de ce dernier en Russie (les 12-14 octobre). D’une façon générale, il y a une réelle inconscience, du côté occidental, des conséquences probables d’une probable indépendance du Kosovo. «Les Européens vivent encore à l’heure de la guerre du Kosovo pour cette affaire-là, dit encore notre source. Ils ont le souvenir de Russes très accommodants, pour ne pas dire plus. Cela, c’est fini. La réaction russe risque d’être brutale. Une nouvelle crise grave pourrait s’ouvrir en Europe, d’autant que tout le monde reconnaît en privé que les conditions actuelles au Kosovo sont catastrophiques par rapport à ce qu’on en attendait, avec une direction kosovar très douteuse et incontrôlable.»


Mis en ligne le 25 septembre 2007 09H39