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2261Les USA ont réussi un exploit significatif : faire sortir la Chine de ses gonds, c’est-à-dire de son habituelle position d’apaisement assortie d’un sourire énigmatique. Lors de la session du Conseil de Sécurité d’hier sur la Corée du Nord, les Chinois ont adopté une attitude extrêmement offensive ; ils ont littéralement tapé du poing sur la table, en convoquant les principaux acteurs de la crise pour exiger l’apaisement et affirmer comme une absurdité inacceptable toute possibilité de conflit, et toutes les manœuvres et déclarations de provocation qui risquent d’y conduire. Bien que cela concerne aussi bien les deux Corées que les USA, il est aussi éclatent qu’évident que ce discours était essentiellement sinon exclusivement adressé aux USA, dont la Chine ne cache pas une seconde qu’elle les considère comme le principal responsable de la montée de la tension.
Les Chinois ont été soutenus d’une façon très affirmée par la Russie, ce qui donne l’impression d’un bloc entièrement soudé Chine-Russie, avec pour la première fois la Chine pesant de tout son poids, de toute sa puissance, et menant ainsi une entreprise commune diplomatico-militaire. Les USA ont donc réussi au cours de cette séquence de plusieurs semaines (la crise de la Corée du Nord) où ils n’ont cessé de discourir et de gesticuler d’une façon menaçante vis-à-vis de la Corée du Nord à compromettre gravement et irrémédiablement, deux de leurs principaux objectifs stratégiques qui étaient éventuellement et successivement de séparer la Russie de la Chine pour isoler la Chine d’une part, d’embrigader la Chine dans leurs aventures géopolitiques (ici contre la Corée du Nord) d’autre part... On résume ici, en quelques points, le tracé significatif, la Longue Marche de la sottise-Système sous marque d’exclusivité mondiale Made In USA.
• Au départ de la séquence actuelle, il y a Trump 1.0, l’American Firster, celui d’avant février-mars 2017, qui veut imposer un protectionnisme contre les exportations chinoises, conseillé stratégiquement par une partie de son entourage, dont Bannon et éventuellement Flynn (qui était encore là) qui n’aiment pas particulièrement la Chine sans laquelle ils voient une concurrente directe des USA. De cette façon, la politique de rapprochement avec la Russie évoquée par Trump durant la campagne cadrait parfaitement, s’accompagnant par des pressions sur la Chine (voir les échanges sympathiques avec les dirigeants taïwanais en novembre 2016) : on espère détacher la Russie de la Chine et briser cette alliance Russie-Chine qui inquiète beaucoup, pour isoler la Chine tandis que la Russie ferait le “boulot” anti-Daesh au Moyen-Orient. A cette époque, l’idée de la Chine “menace n°1” du XXIème siècle est très tendance à Washington. (Cela n’empêche pas, bien entendu et entendu de manière stridente, l’antirussisme de faire rage et Trump d’être accusé d’être agent du KGB, voire de la Tchéka sinon de l’Okhrana. Il est toujours préférable d’avoir plusieurs sottises au feu qu’une seule en activité.)
• Le chrysalide Trump 1.0 se transforme en papillon Trump 2.0 et se découvre une rage antirusse absolument impitoyable. On s’esbaudit d’une grande joie et l’on se tape dans le dos fraternellement à Washington D.C. où l’on estime que le Deep State, dans une manœuvre subtile dont il a le secret, a fait rentrer The-Donald dans le rang. Il en résulte que l’on fait les yeux un peu plus doux à la Chine puisqu’on déteste désormais les Russes, la subtile manœuvre devenant alors de faire en sorte d’isoler la Russie pour rapidement lui régler son compte ; pour faire bonne mesure, on lui mettra des bâtons dans les chenilles de ses chars au Moyen-Orient, particulièrement en Syrie. (D’où la sublime manœuvre des Tomahawk au pays des merveilles.) On cria “victoire” il y a trois semaines, lors d’un vote du Conseil de Sécurité sur une motion-bidon du bloc-BAO concernant la dernière attaque chimique false flag en date, motion à laquelle la Russie mit son veto tandis que la Chine s’abstenait : le “front” Russie-Chine était brisé, et la Russie totalement isolée, si si on vous le dit !
• Pendant ce temps, on s’activait concernant la Corée du Nord, décidés qu’on était à Washington D.C. de régler son compte à ce Kim-de-Corée, menace fondamentale contre toutes les civilisations, y compris notre contre-civilisation. On s’activa beaucoup, avec d’étranges manœuvres de la part du USS Carl Vinson, tandis qu’on s’employait diplomatiquement à convaincre la Chine de se mettre au côté des USA, voire, encore plus chouette, de régler toute seule son compte à la Corée du Nord. The-Donald et ses généraux qui le surveillent de près assurèrent que l’affaire était dans le sac lors du dîner Trump-Xi en Floride, le soir même où en fin de nuit à 10.000 kilomètres de là, les Tomahawk s’activaient contre la Syrie. A la nouvelle du tir, le sourire de Xi était plutôt, disons sans mauvais jeu de mot, devenu assez jaune mais nul dans la grande délégation US ni dans le chef du The-Donald ne s’attardait à s’en apercevoir. Bref, on s’en fout et tout le monde jugeait à Washington D.C. que ce coup de maître stratégique (Xi intégré dans le camp américaniste, déjà prêt à écouter les ordres) se développait à merveille.
• ... Jusqu’à cette séance d’hier vendredi au Conseil de Sécurité, où les ministres correspondants étaient venus suppléer à leurs ambassadeurs, rendant les interventions plus solennelles. Ainsi éclata, sur un ton extrêmement ferme et débarrassé de tout sourire, l’évidence que, pour les Chinois, non seulement il est bien entendu hors de question que la Chine assume seule une telle tâche de pression sinon d’agression sur la Corée du Nord, mais plus encore et décisivement pour le coup, il est hors de question pour la Chine que quiconque, et particulièrement les USA, envisage une politique de pression belliciste, sinon d’agression contre la Corée du Nord. (Cela, mis à part le cas extrême où l’action de la Corée du Nord irait d’elle-même, et dans ce sens, dans le sens d’une politique de pression belliciste et d’agression.) Bref, la Chine ne veut pas d’une Ukraine au centuple sur ses frontières, ni que les USA y viennent bombarder leur chaos habituel.
• Dans la circonstance, à ce même Conseil d’hier, les amis russes ont soutenu avec chaleur la Chine, tant dans ses buts que dans la méthode, y compris dans la fermeté extrême montrée à l’encontre des irresponsables du bloc-BAO. Hier, au Conseil de Sécurité habituellement manipulé par les trois du bloc-BAO (USA, UK et France), ce sont deux membres puissants et remarquablement soudés d’un bloc qu’on dirait antiSystème, Chine et Russie, qui ont mené la danse face aux pays du bloc-BAO paralysés, sinon stupéfaits par cette pression soudaine. Jamais Chinois et Russes n’ont paru aussi soudés sur une question de cette importance stratégique, et cette fois avec la Chine lançant cette dynamique pour les deux puissances, et les Russes suivant, fort satisfaits que, pour une fois répétons-le, l’entente des deux se manifestent dans ce sens. C’est évidemment un grand événement et une grande novation que les Chinois aient ainsi pris la position de pointe dans une affaire diplomatico-politique à très haut risque militaire ; ils ont franchi un palier important dans l’engagement des conflits de ce temps essentiellement provoqués par l’instabilité psychologique chronique et quasi-pathologique du bloc-BAO, USA en tête. De toutes les façons qu’on le considère, c’est une remarquable événement qui s’est produit vendredi à New York.
• ... Et ce “remarquable événement” est tout entier du à l’instabilité extraordinaire du pouvoir aux USA, désormais avec un président fantasque et les militaires assurant de facto le pouvoir. Ce n’est pas plus une combinaison gagnante que les autres (par exemple celle d’un président hésitant et retenu muselant ses généraux, comme Obama), notamment et décisivement parce qu’il n’existe plus aucune combinaison gagnante de quoi que ce soit dans un pouvoir structurellement aussi pourri, branlant, corrompu et impuissant qu’est le pouvoir censé conduire l’américanisme au service du Système. L’“élimination” de Trump 1.0 et sa transmutation en Trump 2.0 n’assurent nullement une politique belliciste affirmée et efficace, comme celle qu’on a connue au beau temps du jeune Bush et de ses superbes cavalcades afghane et irakienne. Elle ne fait qu’accroître le désordre en faisant de Trump un trublion irresponsable, sans capacité de diriger, – et d’ailleurs ne s’en préoccupant guère, – mais avec assez de pouvoir pour continuer ses “coups” d’homme-téléréalité qui aime bousculer le prime time, donc déstabilisant constamment et un peu plus une politique qui l’est déjà pas trop mal d’elle-même.
Cette absurde crise nord-coréenne, qui traîne depuis de décennies, semble cette fois devoir être exploitée au maximum dans le sens de l’absurde par le pouvoir américaniste et le Système. Un magnifique résultat a donc été atteint : forcer la Chine à sortir de sa réserve immémoriale, celle qui en faisait un allié stratégique mais toujours avec une légère incertitude de la Russie, ce type d’incertitude dont on craint qu’elle se justifie au pire moment où l’on a besoin de l’autre. Washington D.C. voulait séparer décisivement la Chine et La Russie, il a réussi à les rapprocher décisivement, – “mission accomplished”, comme dirait l’autre, car les zombies-Système finissent toujours par se reconnaître entre eux. Tout cela ne signifie pas grand’chose du point de vue géopolitique qui joue sur le temps long et stable (Chine devient n°1 et prend la tête de la doublette Chine-Russie, ou pas nécessairement, USA perd une fois de plus du terrain en Asie, etc.), tant les événements évoluent, et à quelle vitesse ; cela signifie beaucoup dans le champ du renforcement constant du camp antiSystème dans ce tourbillon crisique où les rapports de force touyrbillonnent bien entendu, simplement par l’effet-repoussoir des actes du Système.
Ci-dessous, un texte d’Alexander Mercouris (TheDuran.com) qui nous brosse un tableau précis et révélateur de l’affirmation chinoise au Conseil de Sécurité de l’ONU, hier à New York. Le titre complet (que nous avons raccourci pour des raisons techniques) de son article est « Furious China hits back at US on North Korea during UN Security Council Session », avec ce sous-titre : « China makes clear that it will not support further sanctions against North Korea if there are no more nuclear tests, and that it wants direct talks between the US and North Korea to begin immediately and all further joint military exercises between the US and South Korea to end. »
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Even as US Secretary of State Rex Tillerson appeared to signal a softening of the US stance towards North Korea during today’s UN Security Council session, he came slap up against the reality of China’s refusal to pull the coals out of the fire for the US on the North Korean issue.
This came in the form of strong words from China’s Foreign Minister Wang Yi, who Reuters reports telling the UN Security Council session the following
“The key to solving the nuclear issue on the peninsula does not lie in the hands of the Chinese side. It is necessary to put aside the debate over who should take the first step and stop arguing who is right and who is wrong. Now is the time to seriously consider resuming talks”
This came hours after similarly tough language from Wang Yi at a press conference with German Foreign Minister Sigmar Gabriel, which the People’s Daily – the official newspaper of China’s Communist Party – reports in this way
“Chinese Foreign Minister Wang Yi took a tough position on the North Korea issue on Wednesday, saying that war on the Korean Peninsula is absolutely unacceptable.
“Wang made the remarks in a press conference after a Sino-German dialogue on cooperation with Sigmar Gabriel, the German vice-chancellor and foreign minister in Germany.
“‘Of course we believe that the continued nuclear tests violate UN Security Council resolutions, but carrying out non stop military exercises around the Korean Peninsula is clearly not in line with the spirit of Council resolutions,’ Wang Yi said. He added that it is imperative to return to dialogue as soon as possible.
“Wang Yi said that the goal of the Chinese side is firm; that is, to realize the denuclearization of the Korean Peninsula and establish a mechanism for peace on the Peninsula. He said China is willing to continue to play a constructive role to that end, but warned of the dangers of the situation. ‘As for the likelihood of war, even a one percent possibility of war breaking out is not acceptable,’ Wang Yi said. ‘The Korean Peninsula is not the Middle East. If war breaks out, the consequences would be unimaginable.’
“China has drawn a red line for the U.S., North Korea, and South Korea, that war on the Korean Peninsula is not allowed and that all consequences would be borne by the relevant countries should war break out.”
These words, which put the onus of avoiding war in the Korean Peninsula as much on Washington as on Pyongyang, and which speak of US military exercises and military movements in and around the Korean Peninsula as being as dangerous as North Korea’s ballistic missile and nuclear weapons tests, will infuriate Washington.
Underlining Wang Yi’s words, and confirming that they carry the full authority of China’s leadership, is a strongly worded commentary in the People’s Daily. This too appears to put as much blame for the current crisis on Washington as on Pyongyang
“The DPRK disrupted the nuclear non-proliferation regime and went against resolutions adopted by the UN Security Council. Meanwhile, the U.S. and South Korea pose a military threat to the DPRK, and seek further sanctions to and isolation for it.”
More to the point, the commentary in the People’s Daily now sets out clearly what China’s proposal to end the crisis is
“Force will lead nowhere; dialogue and negotiations remain the only solution. It is imperative that all relevant parties consider China’s proposal: the suspension of nuclear tests by the DPRK and the termination of joint military exercises by the U.S. and South Korea.
“More strong words and military confrontations will benefit neither the U.S. nor the DPRK. If both sides can send positive signals to each other, the issue might just have a chance at resolution.”
(bold italics added)
In other words, far from being willing to consider further sanctions against North Korea, what China wants is the US to engage North Korea forthwith in direct talks and to suspend immediately its joint military exercises with South Korea in return for North Korea ceasing to engage in any further nuclear tests.
US-South Korean joint exercises have been ongoing for decades. The US has consistently rejected North Korean demands to end them. China however is now formally and publicly backing those North Korean demands.
That Tillerson was dismayed by Wang Yi’s tough words is confirmed by his response as reported by Reuters
“We will not negotiate our way back to the negotiating table with North Korea, we will not reward their violations of past resolutions, we will not reward their bad behavior with talks”
Wang Yi however received strong support from his Russian ally, with Russian Deputy Foreign Minister Gennady Gatilov reported by Reuters to have addressed the UN Security Council as follows
“Russian Deputy Foreign Minister Gennady Gatilov cautioned on Friday that the use of force would be “completely unacceptable.”
“‘The combative rhetoric coupled with reckless muscle-flexing has led to a situation where the whole world seriously is now wondering whether there’s going to be a war or not,” he told the council. “One ill thought out or misinterpreted step could lead to the most frightening and lamentable consequences.’
“Gatilov said North Korea felt threatened by regular joint U.S. and South Korean military exercises and the deployment of a U.S. aircraft carrier group to waters off the Korean peninsula.
“China and Russia both also repeated their opposition to the deployment of a U.S. anti-missile system in South Korea. Gatilov described it as a ‘destabilizing effort,’ while Wang said it damaged trust among the parties on the North Korea issue.”
These arguments between Tillerson, Wang Yi and Gatilov in the UN Security Council, and the toughly worded commentary in the People’s Daily, illustrate the folly of the confrontational course the Trump administration has followed towards North Korea over the last few weeks.
Instead of isolating North Korea from China, and getting China to impose tougher sanctions on North Korea, China – exactly as I predicted – is blaming the US as much as North Korea for creating the crisis, and is not only resisting US demands for further sanctions, but is actually increasing its support for North Korea.
The commentary in the People’s Daily did notice the change in Washington’s stance from threatening war towards seeking a diplomatic solutions following the White House briefing of the Senate on Wednesday
“[D]espite the existence of tensions on the peninsula, a war is by no means imminent. Although U.S. President Donald Trump and his government did blast the DPRK for its nuclear program and ballistic missiles, and although the DPRK fought back with strong words and actions, there are still encouraging signs. In recent days, the DPRK hasn’t conducted any new nuclear tests. And on April 26, the U.S. secretary of state, secretary of defense and director of national intelligence made a joint statement, claiming that negotiation is still on the table.”
Tillerson’s words at the UN Security Council session show that the issue is no longer whether the US is prepared to talk to North Korea – as I have discussed previously, his words clearly show that he realises the US has no choice but to do so – but rather the Trump administration’s need after all its bragging and bellicose talk of the last few weeks for some fig-leaf in the form of sanctions from China in order to save face before it does so.
It seems that the Chinese – furious at being pressured by the US, and at having President Xi Jinping’s words continuously misrepresented by the Trump administration – are for the moment in no mood to provide this fig-leaf.
As for the North Koreans, the fact that they sense that the advantage has passed to them is shown by one telling fact: their ambassador – obviously by pre-arrangement with the Chinese – didn’t bother to turn up to the UN Security Council session today. With China’s support for North Korea hardening, the North Koreans obviously decided that his presence at the session wasn’t needed, and that his presence would only cause embarrassment to their Chinese ally.