La Chine, en remerciement à la globalisation et à nos “valeurs”

Bloc-Notes

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

 342

Les critiques contre la Chine, l’invasion de ses produits dans le monde occidental, devraient paraître comme un signe indubitable de la paranoïa occidentale. C’est l’Occident qui a voulu cette évolution chinoise depuis la fin du maoïsme et le règne de Deng Tsiao Ping, au début des années 1980. La Chine a suivi les préceptes de la globalisation, nous avons donc la Chine dans le grand marché de la concurrence.

Mais, plus encore, nous avons la Chine de plus en plus socialement dévastée, exactement de cette même manière conforme aux effets déstructurants de la globalisation. C’est ce qu’illustre une rapide dépêche d’AFP du 5 décembre:

«The number of juvenile criminals in China has more than doubled over the past decade, as broken homes and a decline in social values have spurred youth delinquency, state media said Wednesday.

An estimated 80,000 youngsters would commit crimes this year, up from 33,000 in 1998, the China Daily said, adding that as the number of young offenders had grown, their average age had fallen.

»“Offenders' average ages have become younger, and they are committing new types of crime and forming larger gangs,” the newspaper quoted Liu Guiming, deputy secretary general of the Chinese Society of Juvenile Delinquency, as telling a seminar in Beijing. “They even commit crimes without specific motives, often without thought.”

»The types of crimes committed by juveniles – defined in China as youths aged between 14 and 18 – ranged from robbery to intentional injury and rape, the paper said.

»Broken homes seemed to be the main factor behind the explosion in youth delinquency, it said, quoting Beijing's Haidian District Court as saying 59 percent of underage criminals came from broken families and had often experienced domestic violence.

»A major cause of concern is the growing number of migrant workers – numbering anywhere between 100 million and 200 million – who leave their rural homes to seek work in the cities.

»Their children are often left behind, poorly supervised and run an especially large risk of falling into crime, according to the paper.»

Le seul véritable mystère de cette évolution et de ces divers constats est celui qui caractérise cette question: comment des esprits normaux, assez bien informés comme, on le suppose, doivent l’être ceux des élites occidentales, peuvent encore arguer en faveur du système de la globalisation en le présentant comme vertueux? (Admettons que la question conduit à cette autre question : “esprits normaux”, est-ce l’expression juste?) Non seulement ce système est injuste, niveleur, inégalitaire, destructeur de la nature et des conditions de vie mais il est aussi destructeur de toute stabilité sociale, de toute stabilité psychologique, il pousse à l’inculture, aux valeurs prédatrices, à l’individualisme le plus déstructurant, le plus aveugle et le plus cruel. Il n’y a rien qui puisse être porté au crédit de la globalisation car rien ne montre que les apports de plus en plus rares qu’on peut prétendre bénéfiques du progrès soient liés à ce mouvement et n’auraient pu être réalisés dans d’autres circonstances. La destruction des structures sociales de la Chine avec le désordre potentiel qui menace représentent un danger aussi grand, et peut-être bien plus grand encore que la concurrence commerciale de ce pays, qui est en train d’inonder nos pays et d’y détruire ce qu’il reste de cohésion sociale et économique.

Le cas de la globalisation résume tout ce qui a précédé de maléfique. Il constitue une sorte de “perfect storm” de ce qu’il peut y avoir de maléfique dans l’activité humaine. Que la chose continue à être soutenue et vantée par les élites mondiales est la marque d’une clarté étonnante de la fin d’une civilisation et de la pathologie collective de ces élites qui y président. Le spectacle nous en est offert, chaque jour, en grandeur et en temps réels, par les moyens de la communication. Au moins, nous saurons pourquoi et comment nous sommes au bout de nous-mêmes.


Mis en ligne le 6 décembre 2007 à 12H44