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3601• Comme à son habitude, la Chine a réagi au sommet Poutine-Biden, essentiellement par un éditorial de “Global Times”, la publication chargée officieusement de diffuser la pensée de la direction chinoise. • C’est une très violente attaque contre les USA de Joe Biden et de “son” sommet avec Poutine, dans ce qui est considéré comme une tentative de rompre l’unité entre la Russie et la Chine. • Il n’y a aucune langue de bois, aucun souci diplomatique d’atténuer l’attaque dans l’éditorial. • La Chine ne craint plus de désigner les USA comme son ennemi à mort.
La Chine n’en a pas fait des tonnes pour “saluer” le sommet Poutine-Biden, c’est-à-dire pour le dénoncer en vérité car elle n’y voit que des chausse-trappes et des coups bas. Elle ne pouvait trop le dire car si ces sentiments sont destinés à l’américaniste, il y avait tout même, également, leur allié Poutine. Les Chinois ne veulent pas que leur ami s’y méprenne et se sente trop désapprouvé ; après tout, il arrive à Xi de rencontrer le président des USA en exercice, – Biden pas encore, on verra ou bien c’est tout vu, – et Poutine ne s’en offusque pas à ces occasions. Les deux, Poutine et Xi, sont pour une approche diplomatique des choses, même quand c’est avec leur adversaire commun qu’ils prennent souvent (surtout le Russe) la précaution de nommer “partenaire” ; pour autant, le jeu des qualificatifs ne peut rien contre le constat grandissant que l’“adversaire-partenaire” se révèle toujours plus comme un bandit de grand chemin devenu chien-fou, et pour lequel le respect des engagements éventuels n’a aucun sens sinon celui de s’en moquer absolument.
A cette lumière des constats de l’évidence, l’éditorial de “Global Times” sur le sommet est révélateur. “Global Times”, tout le monde le sait, est la publication chargée officieusement de diffuser pour l’étranger la pensée de la direction chinoise. Cet éditorial du 18 juin 2021est d’une franche et extrême brutalité pour ce qui est de la partie Biden-USA. Il met en évidence l’intention des USA de séparer la Russie de la Chine, en proposant implicitement de prendre la Russie sous l’aile du “maître du monde” qu’ils prétendent être, pour la traiter en conséquence. Les propos de Biden à cet égard, qui sont rappelés et qui sont d’une netteté insultante (pour la Russie), sont également qualifié de « bêtises » par le journal chinois, et présentés rudement comme une « provocation » et une « une humiliation du peuple russe » ; cela revenant à « traiter l'un des pays les plus puissants du monde comme un idiot », – une « insulte[faite] à l’intelligence russe ».
“Global Times” joue sur du velours à cet égard. Il suffit, – et cela est dit avec une violence extrême, – de rappeler le traitement infâme que les USA firent subir à la Russie sortie dévastée de l’effondrement de l’URSS, dans les années 1990 pour éclairer ce que les USA prépareraient comme potion magique pour une Russie qui cèderait à leur extraordinaire stratégie d’une extraordinaire stupidité :
« Après la désintégration de l'Union soviétique, les États-Unis ont exercé une pression incroyablement brutale sur l’espace stratégique de la Russie.[...] Il y a rarement eu une pression unilatérale aussi vicieuse [de la part d’une grande puissance sur une autre] dans l'histoire. »
Mais l’on imagine sans grand effort que Poutine est au courant de tout cela et qu’il considère la tentative incroyablement grossière de la direction US emmenée par le sénile Biden avec un sourire un peu narquois, sinon un mépris à peine dissimulé. On ne lui fera pas l’insulte d’envisager l’hypothèse qu’il considère avec le moindre sérieux, ne serait-ce qu’une seule seconde, la “proposition” quasiment explicite de la bande à Biden.
« Il n'y a pas d’illusions à se faire et il ne peut pas y en avoir. »
Non, ce qui retient d’abord l’attention, se trouve résumé dans ces quelques faits :
• comment les USA en arrivent-ils à croire qu’une telle proposition, dite aussi stupidement par un vieillards sénile, puisse avoir le moindre écho sérieux, la moindre chance de réussite ? La seule réponse se trouve dans le constat et la mesure du cloaque sans fond où est tombée la pensée stratégique américaniste, sous la poussée d’une folie dégénérative dont nous instruisent chaque jour les événements intérieurs aux USA ;
• pourquoi les Chinois, même si d’une façon discrète et par un canal sécurisé, réagissent-ils d’une façon si brutale eux-mêmes, d’une brutalité qui est à mesure de celle qu’ils reprochent aux USA ? “La seule réponse” (bis) se trouve dans l’hypothèse que nous faisons que la Chine en est arrivée au point de juger que les USA se trouvent effectivement “dans un cloaque sans fond sous la poussée d’une folie dégénérative”, et que dans ce cas la brutalité s’impose parce qu’il ne reste plus que la brutalité.
Tout cela a également à voir avec les relations entre la Russie et la Chine. Les Russes ont également des moments d’une brutale critique des USA. Les deux “partenaires” stratégiques entretiennent ainsi, l’un vis-à-vis de l’autre et vice-versa, la défiance grandissante qu’il faut avoir vis-à-vis des États-Unis, quand l’un des deux partenaire se trouve exposé à des avances spasmodiques faites par les USA. Il s’agit de pures initiatives tactiques entre deux grandes puissances qui ont nécessairement des différences mais qui sont unis par la puissance extraordinaire des événements, dans tous les domaines de la Grande Politique, – de la stratégie à la culture et aux mœurs civilisationnels ; cette “extraordinaire puissance” étant effectivement contenue dans la course à la fois à la folie de la psychologie et à la déstructuration de la civilisation que suivent les USA, où le remplacement de Trump par Biden n’a fait que multiplier, aggraver, accélérer la dite-course.
Tactiquement d’ailleurs, et entre les deux “partenaires” stratégiques, il n’est pas assuré que Poutine n’ait pas goûté de provoquer chez l’ami chinois une réaction antiaméricaniste brutale, qui fera songer à la Chine qu’il est constamment nécessaire de renforcer ses liens avec la Russie, notamment économiques, parce que la Russie est toujours demandeuse à cet égard. Par exemple, les Russes ont dû apprécier qu’un éditorial du “Global Times” justifie totalement même si sans la désigner précisément l’annexion de la Crimée, par la nécessité, sinon la légitimité pour la Russie de riposter contre plus de deux décennie d’“oppression” brutale des USA exercée directement et indirectement, et bien entendu avec le soutien et l’appui des idiots utiles regroupés dans l’OTAN :
« De l’avis de nombreux observateurs neutres, la Russie s’est longtemps abstenue de réagir. Mais lorsque les États-Unis et l'Occident ont entrepris de couper le “cordon ombilical de l’Ukraine avec la Russie”, Moscou a choisi de riposter. »
Bien entendu, les experts en géopolitique peuvent continuer à s’interroger sur le triangle Chine-Russie-USA, et sur la possibilité que les USA parviennent à introduire un coin de discorde entre la Chine et la Russie. Il est de coutume chez l’être humain qui s’est choisi comme doctrine ultime de croire aveuglément et absolument en lui-même et de s’y sentir bien (“to feel good”), de s’attacher, lorsque tout s’effondre, aux détails de la chute pour ne rien voir de la chute.
Leur laissant donc ces détails, il reste à l’inconnaissanceà observer l’essentiel qui est cette monstruosité américaniste, comme déclencheuse et moteur de la chute, de l’Effondrement du Système. A cette lumière qui se moque des frivolités de la raison, la vigueur de la réaction chinoise concentrée dans la brutalité de cet éditorial indique combien la perception (dans ce cas, des Chinois) de la folie dégénérative américaniste ne cesse d’y percevoir toujours plus de signes de la finalité catastrophique de l’événement. Nous sommes vraiment très loin des manœuvres géopoliticiennes d’un Kissinger se prenant pour un Talleyrand postmoderne en allant voir Mao. Les Russes, eux, ont commencé à décompter les retombées du sommet, se comptant en choses promises, choses indues...
« “J'ai lu les évaluations des responsables américains, y compris les participants aux discussions, sur les résultats des discussions de Genève. Ils essaient de se positionner de telle sorte que tout se passe comme s’ils disaient : ‘Nous devons renvoyer le personnel de l’ambassade [renvoyé par les Russes], pour reprendre le travail de l'ambassade, nous devons obtenir de la Russie quelle réponde aux accusations liées à l'activité des hackers qui attaquent l’infrastructure américaine, et nous devons obtenir de la Russie qu’elle libère les Américains qui purgent des peines de prison.’ Ce n’est pas l’approche dont les présidents ont parlé. Je veux que ceux qui commentent les résultats du sommet de cette manière entendent ceci: ce ne sera pas une voie à sens unique”(Lavrov, vendredi après-midi).
Les temps sont simples, crus et cruels, conforme à l’homme qui se prend pour le maître du monde, conformément à l’observation de Cioran : « Défaire, dé-créer, est la seule tâche que l’homme puisse s’assigner, s’il aspire, comme tout l’indique, à se distinguer du Créateur. » Quant aux USA, et pour l’instant, ils sont en train de menacer la Chine d’“isolement”, Covid oblige ; il leur suffira d’appuyer sur le bouton adéquat dans le bureau ovale du “Master of the Universe”, et de signifier la chose par Tweeter : “Vous, Chinois, vous êtes désormais isolés du monde”.
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Le président américain Joe Biden a fait de son mieux pour creuser un fossé entre la Chine et la Russie lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine. Biden a déclaré: « La Russie est dans une situation très, très difficile en ce moment » et la Russie « est écrasée par la Chine ». Il a également déclaré que la Russie a « une frontière de plusieurs milliers de kilomètres avec la Chine. La Chine va de l'avant… cherchant à être l'économie la plus puissante du monde et la plus grande et la plus puissante armée du monde. Vous [la Russie] êtes dans une situation où votre économie est en difficulté. »
Biden peut se sentir gêné de dire des bêtises comme celle-ci lors de la rencontre face à face avec Poutine, car s’il le faisait, Poutine le réfuterait très probablement aussitôt. Une telle provocation sans fondement est une humiliation du peuple russe, traiter l'un des pays les plus puissants du monde comme un idiot.
Quel pays écrase stratégiquement la Russie ? Quelle est la source des difficultés économiques de la Russie ces dernières années ? Un grand nombre de faits nous montrent l’évidence à cet égard. Les États-Unis ont causé des vagues de dommages à la Russie et Biden veut simplement rejeter la faute sur la Chine.C’est une illusion qui n'est possible que pour celui qui est dans un état d’autisme et de narcissisme politiques graves.
Après la désintégration de l'Union soviétique, les États-Unis ont exercé une pression incroyablement brutale sur l’espace stratégique de la Russie.L’OTAN s’est étendue vers l'est pour inclure tous les anciens pays du Pacte de Varsovie et a avancé sa position jusqu’aux trois États baltes qui étaient sous l'influence directe de l’Union soviétique. L’espace stratégique de la Russie a été presque entièrement dévoré par l'OTAN, et la politique des États-Unis pour étouffer la Russie était extrême. Il y a rarement eu une pression unilatérale aussi vicieuse entre les grandes puissances dans l'histoire.
De l’avis de nombreux observateurs neutres, la Russie s’est longtemps abstenue de réagir. Mais lorsque les États-Unis et l'Occident ont entrepris de couper le « cordon ombilical de l’Ukraine avec la Russie », Moscou a choisi de riposter.
Les difficultés économiques de la Russie résultent directement des sanctions communes imposées par les États-Unis et d'autres pays occidentaux. Selon les statistiques russes, les États-Unis à eux seuls ont imposé plus de 90 sanctions à la Russie. Avec les sanctions européennes, il y a actuellement plus de 400 individus russes et plus de 500 entités sur la liste noire occidentale. Le volume des échanges entre la Russie et l'Europe en 2013 était d'environ 410 milliards de dollars, mais il est tombé à 219 milliards de dollars en 2020. Les sanctions américaines et européennes ont eu un impact sur les industries énergétiques et militaires de la Russie et ont coupé les canaux de financement classiques de la Russie. En outre, les États-Unis et l'Europe ont également affaibli le rouble, entraînant sa forte dépréciation.
En raison de l'incertitude relativement grande dans l'environnement des affaires russe, des capitaux russes continuent à quitter le pays tandis que les investisseurs occidentaux hésitent à entrer sur le marché russe.
La frontière terrestre sino-russe est certes longue mais c'est une frontière incontestée et hautement pacifique. Les gens des deux côtés de la frontière partagent des échanges économiques actifs. La Chine et la Russie sont des partenaires de coopération stratégiques et leur confiance mutuelle repose sur une base politique solide. Face aux questions provocatrices des journalistes américains, Poutine a répondu clairement que Pékin n’était pas une menace pour Moscou et que la Chine était une nation amie.Plus important encore, il a déclaré qu’en raison de la nature et du niveau des relations sino-russes, la Russie n'est pas « alarmée » par le développement de la Chine.
Le commerce annuel entre les États-Unis et la Russie ne dépasse que 20 milliards de dollars, tandis que le commerce sino-russe dépasse les 100 milliards de dollars. Alors que les États-Unis imposaient un blocus de haute technologie à la Russie, la coopération de haute technologie sino-russe est devenue de plus en plus active. Les deux pays ont récemment publié une feuille de route pour une station internationale de recherche lunaire. Le mois dernier, les dirigeants des deux pays ont lancé le projet de coopération sino-russe dans le domaine de l'énergie nucléaire par liaison vidéo. La Chine a importé 83.57 millions de tonnes de pétrole brut de Russie en 2020 et les deux pays se sont mutuellement soutenus en matière de sécurité énergétique.
Il y a trop de faits qui révèlent les menaces et la pression des États-Unis contre la Russie. L'accusation de Biden selon laquelle la Chine « écrase » la Russie est complètement faussaire. La communication face à face entre les dirigeants russes et américains aide les deux parties à gérer leurs différends, et la Chine s’en félicite. Pour autant, il conviendrait que Biden et son administration n’attendent pas trop de l’idée stupide de faire exploser les relations sino-russes. Le partenariat stratégique global Chine-Russie a été abondamment et victorieusement testée et il est devenu une ressource stratégique commune irremplaçable pour les deux pays. D'un côté, Poutine a reconnu le caractère constructif de la rencontre avec Biden mais d'un autre côté, il a également a déclaré qu'il ne se faisait aucune illusion sur les relations avec les États-Unis : « Il n'y a pas d’illusions à se faire et il ne peut pas y en avoir. »
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