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203529 septembre 2011 –Nous avons largement développé l’affirmation de la nécessité d’affronter le Système principalement, sinon exclusivement, en tant que tel et dans son entièreté, en suscitant et en appuyant ses dynamiques et ses situations internes d’autodestruction, sans le moindre souci de cohérence par rapport aux situations internes à lui-même, et découlant de l’activité de ces dynamiques internes. Il nous semble que nombre de nos lecteurs comprennent le sens de notre démarche lorsque nous la présentons. Il semble qu’il existe diverses interventions qui témoignent de cette position de compréhension de notre position, ou qui argumentent autour de cette position en pleine connaissance de cause. A la lumière de ces observations préliminaires, nous allons exposer notre analyse selon une logique qui développe cette idée radicale de la destruction du Système, en trois volets, successivement, selon les développements de cette idée : (1) qu’il est impératif de détruire le Système ; (2) que seul le Système peut se détruire lui-même ; (3) donc, qu’il est impératif de pousser le Système vers son autodestruction.
Il nous a semblé qu’il était utile d’exposer plus en détails cette démarche, son sens, ses modalités, sa finalité avec les références nécessaires, dont certaines des plus importantes doivent nécessairement se trouver hors du Système. Cette dernière idée, d’une importance centrale, rejoint, dans son esprit, celle de l’“inconnaissance” du Système, à propos de laquelle nous avons déjà publié divers textes (notamment le 13 juillet 2011, le 18 juillet 2011 et le 22 juillet 2011). En un sens, la situation hors du Système se traduit comme la situation “activiste” de l’inconnaissance. La nécessité où nous nous trouvons de soutenir les différentes dynamiques et situations internes du Système qui poussent à son autodestruction, sans souci de cohésion par rapport à ces dynamiques et à ces situations, se trouve largement, sinon décisivement alimenté par une position d’inconnaissance qui évite les engagements contraignants et trop “intérieurs” au Système.
Nous avons déjà signalé (le 1er septembre 2001) cette référence à René Guénon, où le métaphysicien recommandait d’éviter de “prendre parti” dans les querelles et polémiques du temps courant, pour ne pas aboutir à des engagements de circonstance qui finiraient par entraver ou contredire l’engagement fondamental. Ce que Guénon disait à propos du soutien de la cause de la Tradition se retrouve, par la même logique adaptée au cas, dans celui de l’inconnaissance comme méthode pour se tenir hors des rets du Système, – cette position ayant d’ailleurs sa place dans le Principe fondamental de la Tradition.
«Entre toutes les choses plus ou moins incohérentes qui s’agitent et se heurtent présentement, entre tous les “mouvements” extérieurs de quelque genre que ce soit, il n’y a donc nullement, au point de vue traditionnel ou même simplement “traditionnaliste”, à “prendre parti” suivant l’expression employée communément, car ce serait être dupe, et, les mêmes influences s’exerçant en réalité derrière tout cela, ce serait proprement faire leur jeu que de se mêler aux luttes voulues et dirigées invisiblement par elles ; le seul fait de “prendre parti” dans ces conditions constituerait donc déjà en définitive, si inconsciemment que ce fût, une attitude anti-traditionnelle.»
Ce territoire de l’inconnaissance ainsi déblayé nous invite à poursuivre plus avant dans la logique qui nous guide vis-à-vis du Système… Le mot est dit, au demeurant, qui invite à en dire plus de son identification et de la perception qu’on en a, – il s’agit du Système. Il faut noter en effet, pour expliquer que nous revenions régulièrement sur le sujet, que l’exploration du Système, de son identification et de sa description, est une tâche en constant développement. (Sa spécificité absolument unique, dans tous les cas unique du point de vue de notre monde à l’époque où il se trouve, justifie la majuscule comme un processus d’identification à coup sûr, – on sait de quoi l’on parle, et il n’y en a qu’un, – le Système.) Il nous paraît évident que le Système a achevé la mise en place de sa “spécificité majusculée” (ce qui lui vaut de passer de l’identification d’ “un système” à celle du “Système”) quasiment avec l’attaque 9/11, et à partir d’elle. La recherche de son identification et de sa description, en évitant ses manigances et ses manœuvres internes, en évitant de s’y engager, etc., marque effectivement une démarche renvoyant à l’inconnaissance. Nous cherchons moins à “connaître” le Système qu’à l’identifier et à le décrire dans ses manifestations subversives, pour déterminer notre propre action.
On verra, en détaillant les situations diverses du Système, que nous nous trouvons dans une situation générale caractérisée par les extrêmes les plus absolus, par les paradoxes les plus complets. D’un côté, nous décrivons des caractères et des situations qui semblent rendre le Système invincible, – et c’est le cas, si l’on parle du Système de l’intérieur du Système, avec l’espoir fallacieux de le “changer” de l’intérieur, soit de le réformer, soit de le rendre vertueux, etc. D’un autre côté, nous décrivons des caractères et des situations qui promettent le Système, inéluctablement, à la destruction complète (à l’autodestruction), – et c’est le cas, si l’on observe le Système de l’extérieur, acharnés à aider à son autodestruction à partir d’une position extérieure qui permet d’embrasser l’entièreté de l’évolution du phénomène. Nous ne sommes pas dans une circonstance dont la raison seule peut rendre compte, – encore plus, une raison dont on sait combien elle est suspecte depuis qu’elle a succombé à la subversion du Système. (Voir “persiflage” et “déchaînement de la Matière”).
Il est inutile de s’expliquer à propos de cette contradiction, qui n’agace effectivement que notre raison subvertie et ceux qui préfèrent s’y soumettre. Nous sommes dans un domaine supérieur, où les exigences de cohésion de cette raison subvertie, selon ses conceptions propres et entachées du poids de son allégeance au Système, ne sont pas recevables. Voici donc une nomenclature des caractères du Système, notamment avec les contradictions qui le caractérisent…
• Le Système exerce une influence sur la pensée et le comportement par le biais exclusif, mais royal, de la psychologie. Diverses créations conceptuelles renvoient à ce phénomène, que ce soit le phénomène de groupthinking, que ce soit le phénomène dit “faith-based”, que ce soit bien sûr notre virtualisme, (ici dans sa définition originelle, le 10 septembre 1999). (Tous ces phénomènes ont naturellement une parenté très étroite entre eux.) En ce sens, le Système influe sur notre psychologie, directement et, au point de développement du phénomène où nous sommes, sans concurrence ni défense possibles si l’on n’a pas identifié la chose en tant que telle et si l’on ne se situe pas en dehors de lui grâce à la vertu de l’inconnaissance. De plus, il nous semble qu’il existe un contrat de facto entre le Système et sapiens, le premier offrant au second un simulacre au second en échange de l’allégeance de ce dernier ; cette question est importante, car le simulacre doit être de qualité, il doit “tenir”, comme un bon “scénar” du Hollywood de l’Âge d’Or ; il n’est pas assuré que ce soit toujours le cas, il est possible, sinon probable, que c'est de moins en moins le cas…
• Le Système est complètement fermé… Il est hermétique, selon cette définition de base que nous offrions le 20 mai 2011 : «Le Système qui régit le monde aujourd’hui est […] dans une situation de surpuissance extraordinaire, une situation de surpuissance que nous qualifierions d’hermétique dans le sens où cette situation est bouclée et inexpugnable… […] Lorsque nous disons que le Système est hermétique, nous soulignons par là que sa surpuissance s’exprime dans les deux voies essentielles de la puissance aujourd’hui. Il y a d’une part la puissance brute du système du technologisme, qui est si grande que rien ne peut être fait de structurant qui ne passe par les outils de cette puissance que contrôle, voire qu’engendre le Système, comme seule source de puissance matérielle et technique dans le monde. Il y a d’autre part la puissance d’influence du système de la communication, qui détermine la perception unique, et donc l’état de la psychologie. Cette formule idéale détermine l’hermétisme du Système, qui fait que rien n’est possible hors du Système.» L’hermétisme du Système est donc d’abord l’hermétisme du au souffle de sa surpuissance qui vous cloue sur place, qui fixe les moyens de son hermétisme autour de lui, comme une centrifugeuse créant une atmosphère qui lui est propre et séparant hermétiquement son monde des autres, et réduisant à néant toutes les tentatives antiSystème élaborées, rationnelles, construites à l’intérieur du Système lui-même, en utilisant nécessairement certaines de ses normes. Cette surpuissance sans égale soumet ou écrase sans pitié toute force et toute dynamique qui entrent dans son jeu et jouent selon des règles ; pour l’intelligence humaine, ces règles celles de la raison subvertie. Mais cet hermétisme de la force n’a rien prévu contre l’un ou l’autre “grain de sable” qui évite ce processus (on en verra plus loin)...
• Le Système est producteur absolument autonome de ses propres dynamiques, et il en a deux principalement : surpuissance et autodestruction. Les “dynamiques” ne doivent pas être confondues avec les deux ”outils” principaux du Systèmes, deux systèmes qui pourraient être aussi considérés comme des “sous-systèmes” : le système du technologisme et le système de la communication. De ce dernier, qui n’est pas un simple système mécanique de communication mais un système “animé” qui manipule la communication selon des “humeurs”, voire des “caprices” très divers, et selon des références désordonnées où l’effet (le sensationnel, l’apparence, etc.) joue un rôle considérable et souvent incontrôlable, on sait qu’il présente certains aspects de trahison du dessein général du Système ; nous le désignons souvent, pour cette raison, comme un Janus. Bien entendu, on observe que les deux dynamiques de surpuissance et d’autodestruction sont contradictoires, ce qui nous conduit plus loin à d’autres caractères du Système.
• Le Système est mauvais en soi. Pour nous, et sans hésitation possible, conformément à cette occurrence exceptionnelle qu’est cette phase de notre métahistoire où l’évidence des choses essentielles nous apparaît dans toute leur puissance, le Système est le Mal en soi, selon une définition métaphysique et nullement religieuse ou morale de la chose ; il constitue, à l’échelle du temps, la représentation métahistorique du Mal, produit de ce que nous nommons le “déchaînement de la matière”, – la matière fournissant la substance même du Mal, hors des limites temporelles. Comme tel, en tant que représentation du Mal, le Système ne figure pas comme élément de la métaphysique. (Cela renvoie à René Guénon, disant de la “contre-initiation”, qui est une des manœuvres hostiles à la Tradition : «Cette prétention [à être une initiation,] d’ailleurs, est forcément vaine, car le domaine métaphysique lui est absolument interdit, étant au-delà de toutes les oppositions»). Par conséquent, le Système ne peut être vraiment apprécié que du point de vue métaphysique puisqu’il s’agit du seul domaine où il n’exerce pas son influence subversive et surpuissante qui interdit un jugement libre. En fonction également du premier point ci-dessus et pour rappeler où nous situons sapiens par rapport à la substance du Mal, on peut admettre, à l’instar de Plotin, que le sapiens n’est pas ontologiquement un réceptacle du Mal, mais qu’il en reçoit une influence plus ou moins grande (par la psychologie) selon ses faiblesses propres et la proximité du Mal où le mettent ces faiblesses.
La référence de Plotin à laquelle nous nous rapportons est celle-ci, avec, dans la dernière partie de la citation, la situation où l’on peut inclure sapiens emporté par ses faiblesses : «Car on pourrait dès lors arriver à une notion du mal comme ce qui est non-mesure par rapport à la mesure, sans limite par rapport à la limite, absence de forme par rapport à ce qui produit la forme et déficience permanente par rapport à ce qui est suffisant en soi, toujours indéterminé, stable en aucun façon, affecté de toutes manières, insatiable, indigence totale. Et ces choses ne sont pas des accidents qui lui adviennent, mais elles constituent son essence en quelque sorte, et quelle que soit la partie de lui que tu pourrais voir, il est toutes ces choses. Mais les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi.»)
• Le Système est certainement de type anthropomorphique (soit système anthropotechnologique, soit système anthropotechnocratique, selon la nomenclature explorée par Jean-Paul Baquiast). Il est peut-être de type égrégore (selon Wikipedia : «Un égrégore (ou eggrégore) est, dans l'ésotérisme, un concept désignant un esprit de groupe, une entité psychique autonome ou une force produite et influencée par les désirs et émotions de plusieurs individus unis dans un but commun. Cette force vivante fonctionnerait alors comme une entité autonome. Le terme, apparu dans la tradition hermétiste, a été repris par les surréalistes, qui l'ont chargé d'un fort potentiel subversif.»). Mais dans tous les cas sans exception, et selon l’appréciation qu’il est source de tous les maux, le Système est une entité nécessairement conçu selon ce que nous nommerions, en sacrifiant à notre goût du néologisme, l’“inversionnisme” (développement systématique de l’inversion en toutes choses). Toute émanation du Système doit donc être considérée absolument d’une façon critique, en fonction d’une référence à son contraire. (Cette systématisation de l’“inversionnisme” peut et doit avoir des effets inattendus, qui s’insèrent dans la logique autodestructrice du Système. C’est surtout le cas pour le système-Janus de la communication qui finit par susciter, sous l’effet de l’inversionnisme, des productions contraires au dessein du Système, par réflexe inversionniste au second degré. Ainsi, le système de la communication, poussant et manipulant à fond l’Internet conçu au départ par le Système, suscite un formidable système subversif de l’ordre-Système grâce à ce moyen. C’est un des exemples nombreux de formation spontanée de systèmes antiSystème, cette production non conforme aux règles du Système puisque créée spontanément, sans se référer aux normes du Système, qui se joue de la puissance du Système, de son hermétisme, etc.)
• L’immense faiblesse du Système se trouve dans sa psychologie, qui se trouve dans la substance même du Mal, laquelle organise une vision déformée et naturellement invertie du monde, ce qui revient à un simulacre complet de la vérité du monde. (Le caractère central de l’“inversionnisme” du Système se trouve peut-être dans le fait que sa psychologie est elle-même invertie et produit nécessairement des actes et des pressions tous marqués par l’inversion, naturellement en un sens.) Pour être plus spécifique, nous dirions qu’à l’image de la psychologie de l’américanisme, la psychologie du Système est ainsi marqué par l’inculpabilité et l’indéfectibilité, qui sont des simulacres invertis de caractères psychologiques. (Rien d’étonnant, l’américanisme est la production principale du Système dans la narrative de notre histoire courante, production par essence subvertie et invertie, dans le sens où il n’a pas nécessité une action de subversion et une action d’inversion pour arriver à ces caractères, qui sont de la nature même de l’américanisme.) A côté d’être sa force dans les circonstances qui étaient encore favorables, cette psychologie est devenue un formidable handicap parce qu’elle déforme absolument la vérité d'un monde que le Système croit être complètement conforme à lui-même, conduisant à des erreurs systématiques, et des erreurs de plus en plus graves à mesure qu’augmente la puissance (la surpuissance) du Système, et cela devant aboutir donc à la surpuissance totale suscitant parallèlement l’autodestruction totale. On rejoint ainsi la logique du cycle de la Tradition, où la Chute précédant la renaissance se produit au moment de la surpuissance maximale du Mal. Il nous semble également que cette déformation de la psychologie, par les conséquences inverties qu’elle entraîne successivement, est une des causes fondamentales de l’existence du processus d’autodestruction, du transfert de la dynamique de surpuissance vers la dynamique d’autodestruction, du destin autodestructif inéluctable du Système.
On comprend qu’avec le Système nous n’avons affaire à rien de ce qui est d’habitude identifié à l’historiographie courante, ni même l’objet de la moindre allusion et même possibilité d’allusion de la part de celle-ci. (Cette historiographie officielle, historiographie-Système, est une production du Système, certes, depuis que le Système a affirmé son empire universel et subverti la raison conductrice de la modernité, qui est elle-même son idéologie officielle de fer autant que son faux nez.) Avec le Système et lorsqu’on le considère pour ce qu’il est, alors qu'on se trouve soi-même en position d’inconnaissance, il n’est question ni d’Empire, ni d’hégémonie, ni de géopolitique, ni de rapports de puissance, etc., qui sont les thèmes habituels de l’historiographie-Système pour monter son simulacre d’Histoire. Ces thèmes sont faits pour conduire la connaissance, dans ce cas complètement intégrée au Système (cette connaissance-là qui est écartée par l’inconnaissance), sur des voies qui écartent absolument toute mise en cause, voire toute identification du Système en tant que tel. Dans cette classification, nous mettons d’ailleurs l’historiographie soi disant contestataires de certaines thèses officielles, mais en fait complice de ces thèses, selon un jeu de vase communicants entre “la majorité au pouvoir” et l’“opposition de Sa Majesté” ; la même remarque vaut pour nombre de mouvements qui s’affirment antiSystème mais continuent à utiliser pour leur contestation du Système les mêmes instruments de la soumission au Système (notamment, la raison pervertie par le Système).
Notre conception est conduite par une toute autre vision de l’Histoire. Cette vision est largement connue de ceux de nos lecteurs qui ont été intéressés par la consultation de divers textes qui l’exposent, avec des liens explicatifs divers, notamment dans la rubrique La grâce de l’Histoire et dans la rubrique DIALOGUES (en plus d’autres textes dans les rubriques d’actualité du site). Nous n’y reviendrons donc pas, nous bornant à observer que le résultat de cette vision nous conduit, aujourd’hui, à privilégier effectivement l’existence d’une force massive et hermétique, le Système, qui tient toutes les activités humaines après les avoir mises à son service ; le Système qui nous conduit, dans le cadre d’antagonisme nécessaire et que nous appelons nécessairement, à privilégier comme principale force manipulable, y compris par les “extérieurs” à lui-même (les dissidents qui opposent l’inconnaissance au Système), le système de la communication… Comme on l’a vu, ce système de la communication est un facteur en pleine dynamique d’inversion par rapport à la dynamique générale du Système, et il produit donc, dans certains cas, des effets massifs antiSystème, dans le cadre de structures mouvantes, se formant spontanément selon les circonstances en systèmes antiSystème effectifs et fonctionnant dans ce sens. De même, encore en fonction de ce contexte, cette principale dynamique historique pouvant susciter des effets antiSystème malgré son appartenance partielle au Système par certains de ses composants (le système de la communication) est de type psychopolitique ; pour cette raison, nous disons que nous sommes passés de l’ère géopolitique à l’ère psychopolitique.
Cette situation s’est effectivement complètement installée dans le passage des années 2008-2010, où un certain nombre d’événements, tous autant événements de crise, ont complètement réduit à une fonction subalterne et complètement accessoire ce que l’on jugeait auparavant (sous l’influence du Système) comme la dynamique centrale animant l’Histoire, c’est-à-dire la géopolitique. Il s’ensuit que les notions de rapports de puissance, de regroupements de nations, d’organisations internationales en forme de regroupements de puissances, etc., ont subi une profonde transformation et ne mènent plus désormais l’analyse et le raisonnement. (C’est ce que nous avons présenté le 13 septembre 2011 et dans dde.crisis du 10 septembre 2011, comme le phénomène de “la dissolution du monde”.) On peut dire que le Système a atteint dans cette situation nouvelle sa dynamique maximale de surpuissance, mais aussi, en même temps, sa dynamique maximale d’autodestruction, et que le rapport entre les deux dynamiques a basculé. Le mouvement d’inversion a affecté essentiellement la dynamique de surpuissance qui s’est retournée pour s’accoler à la dynamique d’autodestruction et la renforcer d’autant.
En fonction des caractères du Système qu’on a cités plus haut et de la situation historique que l’on vient de décrire, il est manifeste qu’une seule position est acceptable, qui est contre le Système, sans restriction aucune, à mesure de ce qu’il est lui-même le Mal, sans restriction aucune. Comment se situer dans ce contexte, si l’on ne veut pas se soumettre au Système, sinon en dehors du Système ? Cela ne signifie pas “physiquement” en dehors du Système, ni “opérationnellement”, ni rationnellement en dehors de lui ; cela signifie intellectuellement (l’intellect) et spirituellement (l’esprit) en dehors de lui. Comme ces deux dernières fonctions contrôlent et orientent les deux premières, ni l’opérationnalité ni la raison ne courent le risque d’être subverties par le Système, ou si elles l’ont été elles doivent être débarrassées, purifiées de cette subversion par cette position “en dehors”.
Il en découle naturellement que la seule mission qu’on se puisse assigner à soi-même est d’aider à la destruction du Système par tous les moyens possibles, qui sont essentiellement ceux de la communication par leurs effets sur la psychologie, parce que la psychologie est la voie par laquelle tout peut arriver. Il s’agit bien “d’aider” à cela, puisque le Système lui-même est irrésistiblement engagé dans cette voie, et qu’il l’est avec toute sa surpuissance qui est sans égale au monde, mais qui s’invertit elle-même pour servir de moteur ultime à la tendance à l’autodestruction. Il s’agit donc de frapper, et frapper encore sur le clou déjà en place, exactement comme Nietzsche philosophait, – la “philosophie à coups de marteau”. Il n’y a aucune place pour le désespoir là-dedans, parce que le désespoir est essentiellement un sentiment qui naît du Système, qui ne s’explique et ne se comprend, et ne se justifie, que si l’on est à l’intérieur du Système, prisonnier de lui. La but doit être la destruction complète, sans rémission, sans aucune réserve ; Systema delenda est, aurait dit le vieux Caton.
Comment peut-on concevoir cette destruction ? Nous pensons qu’elle opère de deux façons. La première est un mode opératoire subreptice de destruction, qui échappe à nos sens, du moins directement et grossièrement comme on attend d’une destruction de cet ordre ; elle échappe à nos sens et à notre compréhension quant à son évolution, comme des ultras-sons qu’entendent les chiens nous échappent ; et elle échappe à nos sens et à notre compréhension quant à sa situation, comme la masse de l’iceberg nous apparaît réduite à sa seule partie émergée ... (Un exemple est celui de la “dissolution du monde”) … La seconde est indirecte, par des actions d’influence et de modification très fortes sur nos propres psychologies, nous conduisant à des situations et à des actions antiSystème. Ce second aspect est essentiel parce qu’il implique que l’orientation et la perception mêmes de la psychologie humaine constituent des moyens d’intervention de l’être humain dans le processus d’effondrement du Système, – cela impliquant par conséquent que sapiens a effectivement un rôle conséquent, réfléchi, tactique, spirituel, etc., à jouer dans cette immense partie. A côté de ce constat et à partir de lui se pose la question essentielle de savoir si une évolution de la psychologie et de la perception qui l’alimente ne constituerait pas en elle-même un moyen important, voire essentiel, d’accélération et de réalisation de l’effondrement du Système. (D’où notre intérêt constant pour ce thème de la psychologie.) Notre propre subversion par le Système a jusqu’ici été un des moyens principaux pour ce Système d’obtenir notre soutien, et cela s’est fait par notre psychologie qui est donc devenue un champ de bataille privilégié ; et le processus inverse, en mode d’“inversion vertueuse” dans ce cas, pouvant être envisagée au travers de cette question soulevée précédemment. A la lumière de ces propositions hypothétiques, l’usage en “mode-Janus” du système de la communication est tout à fait indiqué et il est absolument essentiel. Il s’agit d’utiliser, en pleine lucidité, en sachant parfaitement ce que l’on fait, les outils du Système contre le Système, notamment selon l’enseignement évident de sagesse du stratège chinois Sun Tzu.
Le dernier point que nous devons aborder, qui englobe toutes les questions qui brûlent les lèvres (que va-t-il se passer avec l’effondrement du Système ? Qu’y aura-t-il ensuite ? De quelle catastrophe s’agit-il ? etc.), concerne l’avenir après le Système, autant que la cause de l’effondrement du Système au-delà de son mécanisme d’autodestruction qui n’en est que la description. Il s’agit d’un territoire inexploré par la raison humaine, au stade de subversion où se trouve cette raison, et, à cause de cette subversion d’elle-même, d’un territoire dont l’exploration et la description lui sont interdites dans son état actuel. La raison humaine s’est privée progressivement, depuis la Renaissance, des références métaphysiques qui formaient une part importante et essentielle de l’activité de l’esprit humain jusqu’à cette période. La raison humaine est, aujourd’hui, littéralement amputée de la part la plus haute de son intelligence, celle par laquelle elle pourrait éventuellement recevoir l’éclairage de l’intuition. Elle est aveugle sur l’essentiel et rendue de plus en plus folle par l’accessoire (notamment la crise générale du Système que la raison subvertie tente de comprendre d’une façon fractionnelle, en la dénaturant absolument de ce fait ; qu'elle tente de résoudre à mesure, sans le moindre espoir de succès et au contraire en accentuant son aveuglement et la certitude de l’échec, – tout cela, qui explique la progression de sa folie). Cette situation changera à l’aune de l’évolution de la psychologie qu’on a envisagée.
Par conséquent, la seule évolution qui importe pour l’essentiel aujourd’hui est celle qui presse la psychologie, parce que, par ce biais seul peut venir une réforme radicale de la raison humaine, une transmutation de cette raison à mesurec de son évasion hors du carcan subversif où l’a enfermée le Système. L’orientation de cette transmutation se fera nécessairement à l’aide de la métaphysique retrouvée, puisque c’est le seul domaine de la pensée où le Système ne peut exercer son emprise maléfique. (Comme on l’a vu plus haut, nous acceptons complètement l’affirmation que par sa nature maléfique, le Système ne peut figurer en aucune façon dans la métaphysique.)
Le plus ardu à appréhender dans cette crise qui est à la fois la Chute et la fin du Cycle (et Chute parce que fin du Cycle), c’est effectivement l’idée de la relativité des événements terrestres qui se placent tous dans le cadre de contrainte du Système, à côté de l’importance essentielle de la révolution psychologique qui est en train de se faire. La pression physique de ces événements est en effet considérable. Il s’agit de la subir sans perdre l’essentiel de notre conviction, de tenir contre l’apparente puissance terrifiante de ces événements, pour mieux en distinguer les fissures qui s’élargissent en failles béantes. C’est en cela, sans aucun doute, que l’on peut identifier cette époque qui s’est ouverte en 2008-2010, – époque très différente de 2001-2008 qui a réalisé les œuvres majeures de déstabilisation et de déstructuration, – comme celle de l’héroïsme pur. A côté de tous les aspects d’une extraordinaire bassesse où le Système qui gouverne encore les restes des époques révolues voudrait nous entraîner avec sa chute et son autodestruction, se dresse désormais pour ceux qui ont choisi de refuser de déchoir à mesure de cette pente fatale un défi psychologique qui relève effectivement de l’héroïsme ; il s’agit de tenir et de se tenir prêt pour ce qui surgira une fois accomplie la Chute.
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