La CIA joue perso

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Une tribune de Robert Novak sur la CIA, à partir de sources parlementaires républicaines, confirme que l’agence de renseignement a proclamé unilatéralement son indépendance. La publication de la NIE 2007 montrait effectivement cette tendance et le commentaire de Novak du 24 décembre dans le Washington Post confirme le propos en l’élargissant à d’autres affaires. Dans la polémique sur la destruction de bandes vidéo d’enregistrement d’interrogatoires de prisonniers, le cas est similaire; comme il l’est également à propos de l’attaque israélienne contre un objectif syrien en septembre. Dans tous ces cas, la CIA agit indépendamment, dit ce qu’elle veut à qui elle veut. Selon l’expression employée, la CIA “is flying solo».

«Outrage over the CIA's destruction of interrogation tapes is but one element of the distress Republican intelligence watchdogs in Congress feel about the agency. “It is acting as though it is autonomous, not accountable to anyone,” Rep. Peter Hoekstra, ranking Republican on the House intelligence committee, told me. That is his mildest language about the CIA. In carefully selected adjectives, Hoekstra calls it “incompetent, arrogant and political.”

»Chairman Silvestre Reyes and other Democrats on the intelligence committee join Hoekstra in demanding investigation into the tape destruction in the face of the administration's resistance, but the Republicans stand alone in protesting the CIA's defiant undermining of President Bush. In its clean bill of health for Iran on nuclear weapons development, the agency acted as an independent policymaker rather than an adviser. It has withheld from nearly all members of Congress information on the Israeli bombing of Syria in September. The U.S. intelligence community is deciding on its own what information the public shall learn.

(…)

»Republicans also complain that the National Intelligence Estimate concluding that Iran has shut down its nuclear weapons program was a case of the CIA flying solo, not part of the administration team. Donald M. Kerr, principal deputy director of national intelligence, said on Dec. 3 that the intelligence community “took responsibility for what portions of the NIE Key Judgments were to be declassified.” In a Dec. 10 column for the Wall Street Journal, Hoekstra and Democratic Rep. Jane Harman, a senior member of the intelligence committee, wrote that the new NIE “does not explain why the 2005 NIE came to the opposite conclusion or what factors could drive Iran to ‘restart’ its nuclear-weapons program.” (Six days later on “Fox News Sunday,” Harman called the NIE “the best work product they've produced”'')

(…)

»In a June 21 address to the Society for Historians of American Foreign Relations, Hayden unveiled the “CIA's social contract with the American people.” Hoekstra's explanation: “The CIA is rejecting accountability to the administration or Congress, saying it can go straight to the people.”»

Robert Novak est très bien informé, essentiellement dans les milieux républicains dont il est proche. On constate sans surprise que cette attitude de la CIA est essentiellement dénoncée par les républicains, nullement par les démocrates qui ont au contraire apprécié et soutenu l’affaire de la NIE 2007 et qui voient dans la CIA un allié de poids pour contrer l’aventurisme de Bush sans avoir eux-mêmes à se mouiller. Il s’agit d’une situation byzantine, où les pouvoirs s’affrontent selon leurs intérêts, sans aucune référence de service public. C’est une atmosphère un peu semblable à celle qui existait dans les “années-Watergate”, de 1973 à 1975, mais avec la différence essentielle que l’existence de ce qui était perçu comme la “menace soviétique” était capable de ressouder certaines solidarités et empêchait des oppositions et des défections sérieuses dans les réseaux extérieurs d’alliance US. D’autre part, l’exécutif, même du temps du Watergate, ne s’était pas aussi complètement discrédité qu’il l’est aujourd’hui.

Dans ce cas, la “dissidence” actuelle de la CIA représente un facteur particulièrement important de la situation washingtonienne. Elle l’est d’autant plus qu’elle se combine à une “dissidence” de facto de pans importants de l’appareil militaire. Elle donne dans tous les cas une image saisissante de la situation du pouvoir washingtonien.


Mis en ligne le 26 décembre 2007 à 13H56