La Comedia Prodi

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On sait que le sénateur suisse Dick Marty a rendu public le deuxième rapport de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe sur les prisons secrètes de la CIA en Europe. Ce deuxième rapport confirme et aggrave les diverses mises en cause du premier. La complicité de nombre de pays européens est désormais avérée, avec certains (Roumanie et Pologne) ayant abrité des camps de la CIA. L’état de l’Europe (sauf la France) est bien celui que l’on pensait : une vassale des USA, destinée à faire office de flic, de maton et de bourreau quand il importe. Bien dans la mentalité des dirigeants européens, tout ça, — “génération globalisation et libéralisme”, si l’on veut.

Dans son communiqué de presse, Marty indique notamment : «Un accord secret, conclu en octobre 2001 entre les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN, a posé le cadre qui a permis à la CIA d’incarcérer des “détenus de grande importance” en Europe.» Parmi ces pays de l’OTAN, l’Italie est un cas intéressant.

Le 8 juin, Le Figaro a publié une interview de Dick Marty. La première question concerne l’Italie.

LE FIGARO. — Comment expliquez-vous l'attitude du gouvernement italien dans l'affaire Abou Omar?

Dick MARTY. — Il est paradoxal que des membres de l'actuel gouvernement italien qui critiquaient leurs prédécesseurs lorsqu'ils étaient dans l'opposition soient désormais alignés sur les positions de l'ex-équipe de M. Berlusconi. Le gouvernement Prodi a en fait les mains liées. Il est tenu par des accords secrets passés avec les États-Unis après le 11 Septembre. Il prétend qu'il n'y a pas de secret d'État, mais il refuse de demander l'extradition des agents de la CIA impliqués dans l'enlèvement d'Abou Omar pour respecter les engagements de l'État italien.

Ces remarques de Marty sont tout à fait fondées et dépassent, pour l’Italie, le seul domaine de la CIA et de ses activités antiterroristes. Elles concernent les bases US en Italie et d’autres affaires italo-américaines, comme la participation italienne dans le JSF. Le climat régnant dans les services gouvernementaux et militaires à propos du JSF est surréaliste. Il s’agit d’un climat de censure et d’auto-censure sans précédent, que certaines sources jugent pire que du temps de Berlusconi. Il est absolument hors de question de mettre en cause, de quelque façon que ce soit l’engagement italien dans le JSF. Cela est d’autant plus remarquable que Prodi vient de la présidence de la Commission européenne où il a pu être mis au courant des conditions des engagements européens dans le JSF, et son cabinet dont on retrouve certains de ses membres au gouvernement italien de la même façon.

Le passé de Prodi fournit au reste une explication classique. Il a été impliqué dans l’affaire Aldo Moro et, plus généralement, dans nombre d’affaires de la nébuleuse Loge P2-réseaux Gladio. L’état de vassalisation de l’Italie représente aujourd’hui en Europe un cas absolument pathétique.

On peut donc sourire aux naïvetés diverses qui avaient accueilli l’arrivée de Prodi au pouvoir, en croyant à un changement sérieux de politique, — y compris la nôtre, de naïveté. Tous comptes faits et calculés au centime, Berlusconi était préférable à Prodi. Avec lui, aucun masque n’entravait notre compréhension de la grotesque inexistence politique de l’Italie.


Mis en ligne le 9 juin 2007 à 19H05