La Commissaire, l’Holocauste et la stratégie de la communication

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Il y a bien de la confusion autour de la déclaration de la Commissaire (suédoise) Margot Wallström, vice-présidente et assez lourdement chargée de la stratégie de la communication à la Commission européenne. L’affaire suscite la question de savoir de quelle communication il s’agit.

Un passage du discours de Wallström, le 8 mai à Terezin, en Tchéquie, avait suscité des réactions mitigées. Le passage revenait à assimiler les adversaires d’une Europe supranationale à des responsables potentiels d’un nouvel holocauste. Le passage incriminé disait (selon la version publiée par le Financial Times): « Yet there are those today who want to scrap the supranational idea. They want the European Union to go back to the old purely inter-governmental way of doing things. I say those people should come to Terezin and see where that old road leads. »

• Le Daily Telegraph du 9 mai avait été le premier à réagir en dénonçant cette attaque excessive et grossière contre les “eurosceptiques”.

• Le 10 mai, à une session du Parlement européen, des parlementaires la critiquèrent pour ce passage. Wallström réagit en affirmant que la presse britannique (le Telegraph) mentait parce qu’elle n’avait pas prononcé les phrases qu’on lui attribuait.

• Entre-temps, le passage controversé a été supprimé du texte de Wallström tel qu’il apparaît sur son site Internet.

• On trouve dans le discours d’autres passages qui pourraient porter à controverse, — un, dans tous les cas, qui affirme effectivement que l’UE est une “organisation supranationale”, au sein de laquelle “les nations partagent leur souveraineté”, — ce qui est faux en théorie et encore plus en pratique, et, de toutes les façons, un objet central de polémique, puisque pour nombre d’Européens ce n’est certainement ni l’état actuel des choses ni l’état désirable des choses. Le passage dit ceci: « We also came to this terrible point in our history through nationalistic pride and greed, and through international rivalry for wealth and power. It was precisely to put an end to such rivalry that the European Union was born – the first ever supranational organisation in which sovereign nations voluntarily share their sovereignty. »)

• Le porte-parole de Wallström, interrogé sur la disparition du passage incriminé, a expliqué qu’elle l’avait fait retirer parce qu’elle n’avait pas eu le temps de prononcer son discours en entier (selon EU Observer: « …Wallström had removed the controversial passage because she did not have enough time to use the full text of her speech. »). L’explication du porte-parole est imprécise et porte à confusion puisqu’il n’est pas explicitement dit que le passage incriminé n’avait pas été prononcé, mais simplement que le “full text” n’avait pas été dit. De toutes les façons, l’accusation de mensonge lancée par Wallström contre la presse britannique est elle-même un mensonge doublé d’hypocrisie puisque le passage incriminé se trouve effectivement dans le texte original du discours et que l’accusation de mensonge de la Commissaire s’appuie sur l’argument fallacieux que ce passage du texte n’a pas été dit (cela restant à prouver).

• On notera, pour nous rassurer sur notre destinée au cœur de l’État supranational, que, selon sa qualification officielle, Wallström, qui est en charge de la stratégie de communication, a comme tâche « to make citizens see the advantages of the draft treaty ».


Mis en ligne le 14 mai à 14H00