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317Il est intéressant de constater, dans la perception générale, la progression du phénomène, fondamental pour réaliser l’ampleur générale de la crise systémique, de connexion des crises systémiques spécifiques. On a déjà vu ce phénomène dans le cas de l’Irak et de l’économie US, étant admis que la guerre en Irak représente en elle-même la manifestation violente d’une crise systémique de l’appareil militaro-technologique US; on a vu également la connexion entre la crise du pétrole et les crises du dollar et de l’économie US. Ici, il s’agit d’une connexion établie entre la même crise du pétrole (crise du prix du pétrole) et l’invasion de l’Irak.
C’est The Independent qui publie notamment les appréciations du Docteur Mamdouh Salameh, expert des questions pétrolières, dans un long article consacré au “pétrole: une crise globale”, dans ses éditions du 25 mai.
«The invasion of Iraq by Britain and the US has trebled the price of oil, according to a leading expert, costing the world a staggering $6 trillion in higher energy prices alone.
»The oil economist Dr Mamdouh Salameh, who advises both the World Bank and the UN Industrial Development Organisation (Unido), told The Independent on Sunday that the price of oil would now be no more than $40 a barrel, less than a third of the record $135 a barrel reached last week, if it had not been for the Iraq war.
(…)
»Dr Salameh told the all-party parliamentary group on peak oil last month that Iraq had offered the United States a deal, three years before the war, that would have opened up 10 new giant oil fields on ‘generous’ terms in return for the lifting of sanctions. ”This would certainly have prevented the steep rise of the oil price,” he said. “But the US had a different idea. It planned to occupy Iraq and annex its oil.”
»Chris Skrebowski, the editor of Petroleum Review, said: “There are many ifs in the world oil market. This is a very big one, but there are others. If there had been a civil war in Iraq, even less oil would have been produced.”»
Effectivement, laissons les “si” de côté. L’intérêt ici est la publicité faite à une idée qui a déjà été exprimée à telle ou telle occasion, mais qui est réaffirmée avec des précisions alors que la crise du prix du pétrole explose. Cette démarche alimente la perception générale de la proximité grandissante des crises systémiques spécifiques, jusqu’à la perception de leur intégration, donc à la perception de l’existence d’une crise systémique centrale.
Face à notre principal adversaire, qui est le conformisme débilitant de l’esprit qui alimente le virtualisme de la vision officielle, le principal problème aujourd’hui est moins la compréhension du mécanisme des crises que l’acceptation et la prise en compte du fait de leur existence et, surtout, de l’existence d’une crise centrale. Cette réalisation est une condition sine qua non à toute possibilité de réaction, notamment au niveau institutionnel, à l’égard de cette crise centrale, – et, essentiellement, au-delà, à toute possibilité d’exploration des causes fondamentales de cette crise centrale. On comprend dans ce cas que tout ce qui concourt à ce renforcement comme cette déclaration sur le lien entre la crise du pétrole et l’Irak, est bienvenu.
On notera également, dans ce texte, ce qui nous paraît une révélation concernant une offre que Saddam Hussein avait faite aux USA trois ans avant l’attaque du printemps 2003 (« Iraq had offered the United States a deal, three years before the war, that would have opened up 10 new giant oil fields on ‘generous’ terms in return for the lifting of sanctions»). Bien entendu, les USA, fidèles à leur refus de tout compromis au nom de leur puissance, refusèrent. Il semble que ce refus soit venu de l’administration Clinton, ce qui confirmerait largement la continuité de la pensée américaniste, tout entière nourrie par la vanité pathologique (hubris) et l’aveuglement. Dans tous les cas, l’épisode renforce l’interprétation du rôle central et matriciel des USA dans la manufacture de toutes les crises actuelles.
Mis en ligne 26 mai 2008 à 11H44