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1361Nous avons battu un record, l’année dernière, qui est celui des émissions de gaz à effets de serre. Le Guardian consacre un article à cet nouvelle le 29 mai 2011, en la présentant avec la plus grande alarme. Il était attendu et espéré que la crise économique allait entraîner une réduction notable de la tendance à l’augmentation de l’émission des gaz à effets de serre à cause de la réduction et du freinage de l’activité économique ; et il est désormais montré statistiquement que ces prévisions étaient optimistes, que l’augmentation de l’émission des gaz à effets de serre s’est poursuivi à un rythme élevé.
Il s’agit par ailleurs d’un précieux enseignement sur la nature du Système et, par conséquent, sur la nature même de la crise. Voici quelques paragraphes de l’article…
«Greenhouse gas emissions increased by a record amount last year, to the highest carbon output in history, putting hopes of holding global warming to safe levels all but out of reach, according to unpublished estimates from the International Energy Agency. The shock rise means the goal of preventing a temperature rise of more than 2 degrees Celsius – which scientists say is the threshold for potentially “dangerous climate change” – is likely to be just “a nice Utopia”, according to Fatih Birol, chief economist of the IEA. It also shows the most serious global recession for 80 years has had only a minimal effect on emissions, contrary to some predictions.
»Last year, a record 30.6 gigatonnes of carbon dioxide poured into the atmosphere, mainly from burning fossil fuel – a rise of 1.6Gt on 2009, according to estimates from the IEA regarded as the gold standard for emissions data.“I am very worried. This is the worst news on emissions,” Birol told the Guardian. “It is becoming extremely challenging to remain below 2 degrees. The prospect is getting bleaker. That is what the numbers say.”
»Professor Lord Stern of the London School of Economics, the author of the influential Stern Report into the economics of climate change for the Treasury in 2006, warned that if the pattern continued, the results would be dire. “These figures indicate that [émissions] are now close to being back on a ‘business as usual’ path. According to the [Intergovernmental Panel on Climate Change's] projections, such a path ... would mean around a 50% chance of a rise in global average temperature of more than 4C by 2100,” he said. “Such warming would disrupt the lives and livelihoods of hundreds of millions of people across the planet, leading to widespread mass migration and conflict. That is a risk any sane person would seek to drastically reduce.”
»Birol said disaster could yet be averted, if governments heed the warning. “If we have bold, decisive and urgent action, very soon, we still have a chance of succeeding,” he said. The IEA has calculated that if the world is to escape the most damaging effects of global warming, annual energy-related emissions should be no more than 32Gt by 2020. If this year's emissions rise by as much as they did in 2010, that limit will be exceeded nine years ahead of schedule, making it all but impossible to hold warming to a manageable degree…»
On observera quelques autres faits qui sont également mis en évidence dans le texte.
• Les perspectives concernant le développement des stations électriques d’ici 2020 font une large place à la consommation d’énergie fossile. «About 80% of the power stations likely to be in use in 2020 are either already built or under construction, the IEA found. Most of these are fossil fuel power stations unlikely to be taken out of service early, so they will continue to pour out carbon – possibly into the mid-century. The emissions from these stations amount to about 11.2Gt, out of a total of 13.7Gt from the electricity sector. These “locked-in” emissions mean savings must be found elsewhere.»
• La catastrophe de Fukushima freine considérablement le développement du nucléaire, – pour des raisons qu’on peut évidemment juger comme tout à fait acceptables. La conséquence n’en est pas moins un renforcement de la consommation d’énergie alimentant les émissions de gaz à effets de serre et, par conséquent, une aggravation de la crise climatique et de l’environnement. Il s’agit bien entendu, avec cette “alternative” nucléaire-énergie fossile, d’un cas typique de l’enfermement crisique où se trouve le Système.
• Les négociations pour aboutir à des accords généraux de réduction des émissions de gaz à effets de serre sont dans un état de quasi-paralysie, à l’image de ce qui a émergé après l’échec de la conférence de Copenhague (décembre 2009).
• Le fait principal à émerger finalement est bien que l’“opportunité” (sic) de la crise économique, devant passer par une réduction de l’activité économique, donc par un freinage des pressions alimentant la crise climatique, n’a pas donné l’effet escompté… «Another telling message from the IEA's estimates is the relatively small effect that the recession – the worst since the 1930s – had on emissions. Initially, the agency had hoped the resulting reduction in emissions could be maintained, helping to give the world a “breathing space” and set countries on a low-carbon path. The new estimates suggest that opportunity may have been missed.»
Ici, sur ce dernier point, nous trouvons un enseignement principal et général de la situation évolutive de la crise du Système, en fonction des caractères du Système qui font de l’événement de sa propre crise un cas sans précédent ni parallèle. Le fait est que, pour une cause technique ou l’autre, ou pour diverses causes techniques, la profonde crise financière et économique n'a pas ralenti l’aspect le plus négatif et le plus destructeur de l’activité de l’économie de force. Au contraire, cette même “profonde crise économique et financière” a parfaitement “rempli son rôle” au niveau des aspects de l’activité de l’économie de force qu’on a coutume de juger comme positifs, en ralentissant fortement ces aspects par un effet dévastateur et destructeur (destruction d’emplois, accroissement vertigineux des inégalités, accroissement de l’instabilité économique, etc.).
Les “causes techniques” du phénomène ne nous intéressent pas, d’abord parce que les querelles didactiques du type “querelle sur le sexe des anges” sur le bien fondé de l’identification et de l’analyse de ces causes nous emporteraient dans une perte de temps fort préjudiciable en permettant aux économistes de s’abîmer avec délice dans leur pratique favorite qui est de dissimuler leur incompétence derrière l’exploration rationnelle de l’incompétence de la nature du monde dans son entêtement à ne pas suivre leurs prescriptions ; ensuite et surtout, la démarche d’identification et d’analyse de ces “causes techniques” signifierait que nous souscrivons à la démarche utopique et absurde, sinon absolument subversive, de tentative de réforme du Système, signifiant par là que le Système n’est pas entièrement mauvais (comprendre les défauts de la machinerie du Système pour réformer le Système). Nous préférons développer les jugements fondamentaux que nous portons sur le Système en observant plus simplement que sa tendance générale, en accentuation et en accélération systématiques, alimente la recherche également systématique de la destruction, de l’instabilité, etc. Cette étonnante “performance” de réussir à préserver les effets les plus négatifs de l’activité expansionniste de l’économie du Système au cœur de la crise la plus grave depuis la Grande Dépression, au cœur d’une crise dont la manifestation fondamentale est en général de freiner brutalement “l’activité expansionniste de l’économie du Système”, voilà qui constitue selon nous un signe indubitable du caractère maléfique du Système, – cela jugé non d’un point de vue technique, économique ou n’importe quoi, mais bien d’un point de vue métaphysique. L’évolution décisive du Système qu’on doit normalement attendre de la conception “progressiste” de la marche des choses (dito, le Progrès), cela par rapport à la Grande Dépression pour le cas considéré, est donc que le Système ne cesse de s’améliorer dans ses capacités de destruction. Sans doute sommes-nous proches d’une sorte de perfection technique à cet égard.
Ce caractère maléfique montrant désormais son aspect absolu est bien le trait fondamental du Système, qui, à lui seul, substantive le Système, le fait exister, le fait vivre, dans le but désormais unique de la destruction. Le Système, – il s’agit donc bien de la “source de tous les maux”. La seule possibilité restante d’échapper au Système est aussi radicale que la menace de destruction que le Système fait peser sur l’univers : c’est la destruction du Système par lui-même, sa tendance massive, quasiment aussi absolue que son caractère maléfique, à l’autodestruction. Cette tendance massive à l’autodestruction est alimentée fortement par la connexion chronologique, avec cette accélération de la crise des conséquences environnementales de l’activité économique du Système s’ajoutant à l’état crisique général de l’activité politique du Système, entre les aspects universels des effets de la crise du Système et l’aspect interne de cette crise. Le résultat est une contraction dramatique de la crise générale et son eschatologisation systématique (perte de contrôle par le sapiens, si ce contrôle existe encore).
Mis en ligne le 31 mai 2011 à 08H43
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