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552115 mars 2023 (15H55) – Pour “illustrer” la crise bancaire qui s’est déclarée en plein jour aux USA, on avait choisi (moi-même y pressant) ce cas étonnant de la directrice à la “culture d’annulation” de la banque chargée temporairement de la fonction d’alerte de crise (‘Chief Risk Officer’ [CRO]) ; cela d’avril 2022 à janvier 2023 et elle continuant à préparer la Gay Pride et à écrire des articles sur les queers.
Là-dessus et pour poursuivre autant que justifier, s’impose à mes yeux ravis le fait qu’il ne s’agit pas d’un incident isolé mais bien d’une tendance générale, qui commence à faire du bruit. Paul Joseph Watson consacre un texte court mais révélateur sur cette “tendance” qui est déstructurante, – mais structurellement et non accidentellement déstructurante...
« Après que les autorités de régulation de l'État de New York aient fermé la Signature Bank dimanche, une série de vidéos de promotion de style-Woke produites par la banque est devenue virale, les critiques notant qu'il n'est pas étonnant que Signature Bank ait fait faillite si c'est ce sur quoi elle se concentrait.
» La fondatrice de Grit Capital, Genevieve Roch-Decter, a partagé les vidéos en demandant : “Est-il surprenant que Signature Bank se soit effondrée ?”. “Leur équipe de direction a dépensé des millions de dollars pour produire des vidéos musicales et des émissions de télévision [du style-Woke] sur eux-mêmes”, a-t-elle poursuivi, ajoutant : “Essayez de ne pas rugir de fureur en regardant cela”. »
On rappelle ce passage du texte précédent sur « Der Rattenfänger von Silicon Valley », où l’on justifiait le choix de l’épisode-Woke comme un des aspects les plus intéressants, si par l’un des plus importants de cette crise de la BSV. J’insisterais à ce point sur la dernière phrase de ce passage qui souligne le mélange détonnant de domaines de caractères structurels si complètement différents.
« Dans cette étrange aventure de la fonction du vigile [de la vigie] CRO de la BSV chargé de voir s’il ne voit rien venir et s’occupant essentiellement du sort des queers et des trans de la banque, on trouve absolument tous les ingrédients, des plus sordides aux plus-bouffes, de l’atroce crise terminale de la bouffonnerie américaniste. Plus encore, – et c’est, je crois, un aspect très important et caractéristique de notre folie, – on découvre l’étrange imbroglio qui fait dépendre des crises hautement techniques et résolument identifiées comme “crises” classiques (faillites bancaires), de poussées déconstructurationnistes accouchées par un réformisme sociétal ultra-extrémiste et effectivement hypermoderniste »
... Et l’on pourrait poursuivre en appuyant encore sur cette étrange dépendance de matières ultra-structurées du matérialisme le plus rude (la banque et la finance, – et l’on observe le même phénomène dans l’armée US), dépendant à un point inimaginable de matières utopiques lancées dans des folies complètes, acquises aussi bien au délire fétichiste et narcissique qu’à la fièvre du dérisoire monstrueux.
C’est notamment, et peut-être pour une part essentielle, que cette crise est devenue la GrandeCrise, avec tous les ingrédients possibles d’insaisissabilité et d’impossibilité de contrôle. Ainsi peut-on, doit-on même envisager des orientations, des dynamiques, des transmutations extraordinaires de “la Crise”, – des “crises” qui composent la GrandeCrise. Ceci en effet domine tout : la “crise”, dans sa notion classique, est elle-même totalement “en crise” ; elle ne se ressemble plus à elle-même ; même son imprévisibilité est devenue, pour l’événement lui-même, totalement imprévisible !
Bien entendu, le facteur de la communication est le principal, presque l’unique moteur de cette conception inique qu’est le ‘Woke’ (ou “l’annulation” de toutes choses, événements, individus, mémoires, structures, etc., qui ne répondent pas à l’impératif de l’égalitarisme fou qui a rendu fous tant d’esprits). La communication est le transmetteur dont la puissance et la vitesse empêchent l’esprit de se faire juge et critique en assurant son indépendance, faisant passer sans encombres les pires aspects des simulacres qui nous contraignent.
C’est le même phénomène d’accumulations de simulacres avec leurs narrative respectifs, qui affecte la politique étrangère des États-Unis (la “politiqueSystème”, dit-on dans ces colonnes). Cela dure depuis des décennies mais, exactement comme on découvre ce que font précisément les banques-Woke, les vérités-de-situation commencent aujourd’hui à apparaître, occasionnant de fantastiques secousses absolument incontrôlables.
Un auteur conservateur américain (et nullement “américanistes” selon la signification symbolique du terme tel qu’on l’emploie ici), George O’Neill Jr., fait une description du phénomène en train de se produire sous le titre de « Mort d’un mythe ». J’en reprends ici un extrait significatif.
« Alors que nous assistons à l'effondrement de plusieurs narrative dominants, en particulier ceux qui entourent la guerre des États-Unis et de l'OTAN contre la Russie en Ukraine, les Américains devraient commencer à réévaluer leur compréhension du leadership national des États-Unis. La plupart des citoyens américains n'ont aucune idée de la grande disparité entre ce que leur gouvernement fait à l'étranger et les narrative qu'ils entendent de ses porte-parole. En conséquence, les Américains soutiennent involontairement toutes sortes d'opérations à l'étranger sans savoir, ou presque, ce qui s'y passe réellement. Pendant des années, ils ont été trompés par une campagne de propagande ininterrompue qui commence seulement à s'effondrer.
» Nous vivons les derniers soubresauts de l'hégémonie unipolaire des États-Unis sur une grande partie du monde. Tant que les citoyens ne commenceront pas à réaliser l'ampleur des tromperies politiques de leur gouvernement, il sera de plus en plus difficile de comprendre l'évolution de la position mondiale des États-Unis et de s'adapter aux effets de la perception de plus en plus négative de notre pays par de nombreuses personnes dans le monde.
» Depuis la Seconde Guerre mondiale, et en particulier après l'effondrement de l'Union soviétique, les États-Unis étaient la puissance mondiale dominante et inégalée. Au lieu d’être un gardien de la paix et un honnête “gendarme du monde”, les États-Unis sont devenus de plus en plus un tyran déstabilisateur. De nombreux dirigeants du monde entier ont hésité à dénoncer la nature de plus en plus destructrice de la politique étrangère américaine, de peur d'être sanctionnés. Mais à mesure que la stature et la puissance des États-Unis déclinent, de vastes régions du monde cherchent des arrangements pour se protéger de la prédation américaine.
» La plupart des Américains ne comprennent pas pourquoi de tels réalignements se produisent, grâce à un flux constant de propagande sur l’Amérique comme étant “la plus généreuse”, la “nation exceptionnelle”, une “nation qui met de côté ses intérêts au profit du monde”, une “source importante de bien” dans le monde en tant que “protecteur de l'ordre fondé sur des règles”, assumant toujours la lourde responsabilité de protéger le système international et les nations faibles contre les mauvais acteurs, ad nauseam. Selon plusieurs sources, les guerres provoquées par les États-Unis ont été directement responsables de la mort de plus de 10 millions de personnes depuis la Seconde Guerre mondiale. Les néoconservateurs se moqueront de ces faits et de leurs sources, mais la majeure partie du reste du monde comprend que c’est vrai. »
Il y a un état d’esprit volontaire qui apparaît aujourd’hui, dans une partie du monde activiste et antiaméricaniste américain, qui est une volonté de faire renaître un mouvement antiguerre aux USA, qui réunisse tout ce qu’il y a d’antiguerre dans le spectre politique, de la droite radicale à la gauche radicale. Si la première tentative n’a pas été un succès éclatant, elle a tout de même eu lieu et cela compte puisque rien dans ce sens n’avait plus eu lieu aux USA depuis le début des années 2000. Samedi, une nouvelle “marche de la paix” est convoquée à Washington, une marche pour tenter d’affaiblir décisivement le simulacre de la politiqueSystème. Son mot d’ordre est : « Paix en Ukraine, – pas d’argent, pas d’armements pour la guerre en Ukraine ».
Simulacre pour simulacre : nous ne devons pas séparer les grotesques activités des banquiers-Woke qui accélèrent la chute bienvenue de leurs établissements-Système, des non moins grotesques narrative des apprentis-Orwell de Washington-Bruxelles, qui ont trouvé comme arguments pour leur activisme bureaucratique type-“des armes pour la paix”, des montages extravagants inspirés directement par les narrativistes du système de l’américanisme.
Les principales puissances visées par les simulacres du Système se trouvent elles-mêmes confrontées à la nécessité de réagir avec la plus grande fermeté. C’est notamment le cas de la Chine, dont son nouveau ministre des affaires étrangères a eu, dans sa première conférence de presse ès qualité (mardi), des mots d’une force inouïe pour dénoncer la politique des USA, – décrits et interprétés ici par Alexander Mercouris :
« Je dois dire que je n’ai jamais vu un officiel chinois de ce niveau parler de la politique des États-Unis de cette façon... Voici ce qu’il a dit en substance : “La situation devient de pire en pire... La façon dont nous évoluons fait que nous nous dirigeons vers un conflit qui sera catastrophique pour nos concitoyens et pour l’humanité... C’est une chose que la Chine ne veut absolument pas mais la façon dont les États-Unis agissent fait que c’est vers cela que nous allons....” En fait ce que dit le ministre, c’est que les Etats-Unis se dirigent désormais vers une guerre avec la Chine... »
Les américanistes standards prennent-ils cette sorte de déclaration pour du simulacre, comme eux-mêmes le pratiquent ? Le problème est peut-être qu’ils ne savent pas qu’ils pratiquent eux-mêmes un simulacre, peut-être même ignorent-ils ce qu’est un simulacre. Cette sorte d’interrogation devrait de moins en moins intéresser les Chinois, au profit d’une position de force de plus en plus affirmée. L’étrange comportement des américanistes, qui représentent l’hybris en bout de course, lorsqu’il laisse éclater sa colère alors que ses forces se réduisent comme peau de chagrin, constitue un énigme qui intéresse de moins en moins les Chinois. Eux qui sont les maîtres d’une philosophie et d’un comportement que je tendrais à juger énigmatiques, semblent de plus en plus portés à renoncer à comprendre les USA au profit d’une affirmation grandissante de fermeté.
Et les Russes ? On pourrait dire qu’ils précèdent un peu, – guerre ukrainienne oblige, – les Chinois sur la voie de la prise de conscience de l’inutilité de chercher un arrangement avec les USA. L’observateur extérieur et indépendant, – dont je suis, après tout, – ne peut sans aucun doute pas tout savoir ; mais il peut conjecturer, travailler à partir d’hypothèses qui lui semblent plus acceptables que d’autres.
Qui peut repousser absolument, dans le champ de nos observations, qu’il y a eu vraiment une (première) “attaque de décapitation” comme dit Helmer, d’un bunker de commandement où se trouvaient des officiers de l’OTAN, par un missile hypersonique ‘Kinzhal’ ? Qui peut écarter vraiment qu’il y a eu volontairement élimination d’un drone MQ-9 ‘Reaper’ de l’USAF par deux Su-27, hier en Mer Noire ? Les Russes peuvent très bien, eux aussi, jouer du simulacre comme leur “partenaires” devenus “adversaires”. Je serais tenté de croire qu’en cette occasion (le MQ-9), c’est plus le côté US que le côté russe qui nous dit la vérité-de-situation ; parce, comme les Chinois, mais un peu en avance, les Russes auraient décidé de durcir leurs réactions, – discrètement mais fermement. Les Russes auraient alors utilisé l’art du simulacre, – ils en connaissent un bras, type-‘maskirovska’, – en retournant leurs méthodes contre leurs adversaires. Est-ce la bonne perception ?
Au terme de son observation des colères chinoises, le brave et excellent Mercouris, qui pèse chaque mot pour entretenir son art de la diplomatie dans le commentaire, laisse finalement éclater ce qui nourrit à la fois sa stupéfaction et son exaspération
« On dit qu’on devrait attaquer la Russie, qu’on devrait attaquer la Chine, il y a même au fait un article aujourd’hui dans le ‘Daily Telegraph’ [...] qui dit que nous devrions attaquer l’Iran également... Vous voyez, nous devrions attaquer partout, attaquer tout le monde, attaquer de toutes les façons.... C’est extrêmement préoccupant, c’est une situation très dangereuse et elle montre bien que les directions politiques, ici en Europe et aux USA, deviennent désespérées parce qu’elles sentent combien leur positon s’affaiblit, que leur position de suprématie s’effrite, et chaque faction en remet pour le conflit qui l’intéresse... »
Il est vrai que les acteurs américanistes et américains eux-mêmes ne savent plus où ils en sont, effectivement à force de menacer tout le monde de toutes les sanctions divines et globalisées. Par exemple, Mercouris s’exclame sur la fin de son commentaire diplomatique :
« C’est vraiment le pire moment que le Speaker de la Chambre, Kevin McCarthy, pourrait choisir pour aller à Taïwan ! »
Kevin McCarthy ? N’a-t-on pas écrit qu’il est “l’ennemi de Z.” à Washington, qu’il est tenu par le petit groupe opposé à la guerre en Ukraine ? Certes, mais il y a parmi les anti-“guerre en Ukraine” des partisans d’un affrontement, ou simulacre d’affrontement avec la Chine ; et McCarthy, qui craint que sa position contre l’Ukraine lui mette à dos les caciques républicains (les RINO, “Republicans In Name Only”), entend rouler des mécaniques avec Pékin et faire aussi bête que Nancy Pelosi avant lui.
Et d’ailleurs, si l’on veut une complication de plus, un nœud gordien de plus, sait-on que certains adversaires de la guerre en Ukraine, – certains populistes partisans extrémistes de Trump, sont (justement) partisans de boucler la frontière Sud avec l’armée pour interdire l’immigration, de déclarer les cartels de la drogue “groupes terroristes”, ce qui donnerait aux forces US le droit “légal” (“légalité US”, veux-je dire car c’est-à-dire...) d’entrer au Mexique poursuivre les terroristes, – un droit de suite si l’on veut.
AMLO, quant à lui, se contente de dire que la consommation de Fentanyl, qui transforme les citoyens US en Woke-zombies, est un problème de la société et du système de l’américanisme, beaucoup plus que le problème des cartels. Le président mexicain a enchaîné sur les menaces de certains élus républicains à la suite de l’assassinat de deux touristes US par les cartels au Mexique (depuis, les cartels se sont excusés !), pour lancer ses menaces à lui : “Continuez à nous menacer et je donne la consigne aux électeurs US d’origine mexicaine de voter contre vous !”... Si vous voulez, une sorte de ‘révolution de couleur’ à l’envers, une ingérence électorale, un ‘Mexicogate’ comme il y a eu un ‘Russiagate’.
Ainsi les USA nous imposent-ils, dans leur chute sans fin, de faire une complète réévaluation de la notion de “crise”, – cette notion est elle-même “en crise”, – la crise “est en crise” et, du fait des USA et de leurs poisons divers, de la Woke-folie à l’art de l’ingérence sous toutes ses formes et à l’enrobement du tout dans une prodigieuse production de simulacres, nous ne savons plus ce qu’est une crise, quand elle commence, quand elle s’arrête, quand elle est passagère ou quand elle est Grande, – et ainsi les États-Unis inventèrent-ils la GrandeCrise.