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765La crise financière qui flirte désormais avec les paroxysmes financiers et boursiers globalisés relève d’abord, au premier regard, de domaines techniques financiers et économiques qui nous sont, nous à dedefensa.org, particulièrement étrangers et dont nous nous méfions considérablement. La très caractéristique incapacité des spécialistes à prévoir ou à ne pas prévoir ces crises ne cesse de nous frapper, nous consolant aisément de n’avoir pas les capacités de les prévoir ou de ne pas les prévoir, comme les autres, — et de nous tromper par conséquent d’une façon régulière.
L’intéressant petit texte publié dans le Times de Londres d’aujourd’hui nous renforce dans notre sentiment. Il en effet significatif de commencer un texte d’analyse dont le titre est «In retrospect the crisis was inevitable» par le constat que personne, il y a trois mois encore, ne semblait rien connaître de l’élément technique principal de la crise…
«It seems hard to believe that just three months ago, most people had never heard of “sub-prime”, let alone knew what it was. Yet the failure of thousands of low-income Americans to meet the interest payments on their sub-prime mortgages has precipitated one of the biggest crises in financial markets in recent history.»
Cela écrit, il est bien entendu que cette crise était inévitable, comme la raison nous le fait savoir rétrospectivement, et que, bien entendu encore, «the fear is that the worst may yet be to come…»:
«In retrospect, the crisis was inevitable. American families on low incomes were lent money way beyond their means with interest payments that were ratcheted up after the initial “teaser” rate expired.»
Pour autant, nous ne sommes toujours pas en territoire connu malgré que les éléments de la crise sont connus et que la crise est désormais bien identifiée parce qu’elle est bien engagée. La terra incognita, comme toujours, c’est la psychologie. L’analyse du Times nous renseigne à cet effet, en citant le dernier élément et chronologiquement le plus récent, qui est la surprise constatée après l’“injection” de sommes importantes dans le circuit financier par la BCE et la Federal Reserve :
«In this environment of confusion and panic selling, with rumours of hedge funds going bust and banks sitting on billions of dollars in sub-prime losses, it is not surprising that the European Central Bank intervened this week, pumping more than €150 billion (£100 billion) of cash into the banking system to ward off fears of a global credit crisis.
»But the reaction has been surprising. Rather than the markets being calmer, investors have become even more spooked, fearing that the ECB and the US Federal Reserve, which followed suit, would intervene in this way only if it knew something that the rest of us didn’t.
»As one City source put it yesterday: “It’s like there’s some sort of black box in the middle, some sort of nervousness that the banks have yet to come clean on what the problems are. To be honest, no one is quite sure who’s lost what.”»
Le constat est effectivement psychologique et tient au climat politique tel qu’il s’est développé avec la globalisation. Ce climat politique s’est constitué autour du développement de l’individualisme, de la perte des identités nationales et de la dépréciation des organismes publics comme acteurs impartiaux au service du bien public, de la pratique généralisée de la manipulation de l’information au service des arguments partisans des uns et des autres, des acteurs publics comme du secteur bancaire dans ce cas. Le résultat est que l’intervention des grands organismes centraux dépendant en principe de ces pouvoirs publics n’est plus générateur de la confiance dans l’impartialité des instruments politiques. D’où la réaction du public : s’il y a intervention, ce n’est pas curatif, comme annoncé et comme il serait normal de penser, mais c’est préventif, en fonction de facteurs d’aggravation ou de détonation qui sont dissimulés à ce même public. Le résultat n'est pas l'apaisement mais l'inquiétude renouvelée avec le renforcement du soupçon. La psychologie est aujourd’hui totalement individualiste et se nourrit du soupçon systématique et de l’absence complète de considération pour le pouvoir politique de type régalien (dont devraient dépendre ces organismes type BCE et Federal Reserve, — et dont ils ne dépendent plus en vérité, — globalisation oblige). Le marché règne, c’est-à-dire la concurrence, le soupçon, l’ivresse et la peur, — et, au bout du compte, l’absence de références respectables (ce qui signifie : “dignes de respect”). La crise de confiance est celle de l’irrespect parce que plus rien n’est aujourd’hui respectable.
Mis en ligne le 11 août 2007 à 13H50
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