La crise iranienne : GW renoncera-t-il à la réalité ?

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La question de la crise iranienne est certainement, dans la période actuelle, l’une des plus fascinantes quant à son moteur et à ses motifs du point de vue des USA. Un article de H.D.S. Greenway, dans l’International Herald Tribune (The Boston Globe) d’aujourd’hui nous le dit dès son titre : «Renunciation of reality.»

Greenway pose cette question qui paraît fondamentale : Bush attaquera-t-il ou non l’Iran? Les hypothèses examinées pour percer ce mystère formidable qui demande des moyens terrifiants et des décisions politiques essentielles, qui devraient nous conduire à des faits géopolitiques essentiels, des faits objectifs aisément mesurables, nous conduisent au contraire à une étrange question. Il s’agit de la question de la réalité.

«I heard one of America's foremost experts on Iran, Gary Sick of Columbia University, say on National Public Radio that he didn't think war was on the way because he didn't believe that the White House had completely “renounced reality.” And there you have the nub of the question.

»Pessimists argue that the hallmark of the Bush presidency is the renunciation of reality.

»Bush turned his back on the ‘realists’ that made up his father's national security team. He ignored the Iraq Study Group's recommendations for de-escalation and containing America's failure in Iraq, as well as its recommendations for talks with Iran and Syria. Vice President Dick Cheney is still in denial about Iraq and is still talking about progress being made while the raveling of Iraq unfolds before him.»

Suivent à nouveau des considérations objectives sur les réalités politiques mais cette incursion dans la psychologie semble avoir fixé l’enjeu de la chose. Toutes les hypothèses et les analyses semblent effectivement soumises à cette étrange question : le président acceptera-t-il ou non la réalité ? — comme on dirait : acceptera-t-il ou non que l’Iran ait la bombe ?

La question porte sur le concept même de réalité. Elle revient à dire : Bush a le choix entre la réalité et quelque chose d’autre que la réalité, pour prendre une décision réelle de l’importance qu’on sait. Cette remarque implicite, dont on mesure la force extraordinaire et le caractère extraordinairement insolite, semble pourtant décrire ce qui est devenu une sorte de “facteur objectif” du débat autour de la crise iranienne aux USA. C’est une situation étrange, qui décrit un comportement général — la prise de décision dans une telle crise — où le fait de l’acceptation ou pas de la réalité semble effectivement être devenu un des aspects importants de la délibération stratégique.

L’esprit semble désormais accepter le mélange de la perception objective du monde et des supputations autour de la subjectivité extrême d’une psychologie malade. Tout se passe comme si un élément d’une extrême subjectivité était intégré dans le processus de la décision comme s’il était un élément complètement objectif.

Une sorte de “faut faire avec” très inédit, sans précédent, stupéfiant si l’on considère son importance et la place qu’il occupe dans la perception de l’événement.


Mis en ligne le 21 février 2007 à 05H43