La crise iranienne sème le désordre chez les neocons

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La crise iranienne sème le désordre chez les neocons

La crise iranienne, effectivement crise en bonne et due forme, avec toutes les hypothèses de manipulation qui vont avec et qui se développent comme d’habitude en bon ordre, a d’intéressantes conséquences sur la cohésion des forces occidentalistes et américanistes qui, en temps ordinaire, activent ce type de crise et applaudissent bruyamment à son extension. On aura reconnu bien entendu les néo-conservateurs US et leurs alliés de la droite interventionniste, et, parallèlement, les Israéliens.

Daniel Luban, spécialiste avec Jim Lobe des situations dans les courants extrémistes interventionnistes US, nous donnent diverses indications sur cette situation ce 19 juin 2009. Le départ est donné avec la tendance, aussi bien de la droite interventionniste républicaine que chez certains neocons, reprochant à Obama son extrême prudence vis-à-vis des événements en Iran, notamment son absence d’engagement ferme aux côtés des partisans de Mousavi. (D’une façon générale, Obama est soutenu par une partie de la fraction modérée de l’establishment washingtonien et par les milieux iraniens dissidents dans la capitale US, voire conseillé à la plus extrême modération dans son attitude, – par exemple: «“What happens in Iran regards the people themselves, and it is up to them to make their voices heard,” Nobel Peace Prize-winning Iranian human rights activist Shirin Ebadi told the Washington Post on Thursday. “I respect [Obama's] comments on all the events in Iran, but I think it is sufficient.”»)

• Donc la première faction de la droite interventionniste jusqu’à certains neocons nous présente sans véritable surprise une attaque contre Obama pour ne pas assez soutenir les partisans de Mousavi…

«Leading the charge have been prominent congressional Republicans, such as Senator John McCain and Representative Eric Cantor, as well as neoconservative pundits such as Robert Kagan, whose Washington Post column on Wednesday argued that Obama’s “strategy toward Iran places him objectively on the side of the government’s efforts to return to normalcy as quickly as possible, not in league with the opposition’s efforts.” Similarly, influential neoconservative pundit Charles Krauthammer called the administration’s rhetoric “disgraceful” and claimed that Obama was offering “implicit support for this repressive, tyrannical regime.”»

• D’autre part, il y a une ligne beaucoup plus “réaliste” neocon, qui rencontre la ligne israélienne comme nous le suggérions le 15 juin 2009, qui est de favoriser le maintien de la ligne dure au pouvoir à Téhéran pour pouvoir maintenir la fiction d’un Iran comme “menace existentielle” contre Israël et justifier des mesures radicales contre ce même Iran, – jusqu’à une attaque militaire, bien entendu. Pour cette faction et pour la direction israélienne actuelle, les finasseries sur les nuances de la direction iranienne ne sont pas de mise, et une seule chose importe: la destruction du potentiel nucléaire iranien, éventuellement du régime. Tout ce qui concourt à renforcer l’argument pour cet objectif est bon, et un régime qualifié de “dur” à Téhéran va dans ce sens.

«Barring a drastic reversal resulting in outright regime change — which few experts believe is likely to occur — the U.S. would be likely to face a similar strategic calculus on the nuclear issue whether Mousavi or Ahmadinejad is president.

»It is because of this that some neoconservatives have suggested that an Ahmadinejad victory would be preferable, since his confrontational stance would make it easier to rally popular support for harsher measures — such as sanctions or ultimately military force — against Tehran. “If I were enfranchised in this election… I would vote for Ahmadinejad,” Middle East Forum president Daniel Pipes said earlier this month. “I would prefer to have an enemy who’s forthright and obvious, who wakes people up with his outlandish statements.”

»This line of thought is echoed by many in Israel, where Prime Minister Benjamin Netanyahu and his Likud party have historically had close ties with U.S. neoconservatives. On Tuesday, Meir Dagan, head of the Mossad intelligence agency, told the Knesset that “[I]f the reformist candidate Mousavi had won, Israel would have had a more serious problem because it would need to explain to the world the danger of the Iranian threat, since Mousavi is perceived internationally arena as a moderate element.”

»For those who view any continued Iranian nuclear progress as an intolerable threat to Israeli or U.S. interests, a reformist victory that stopped short of regime change might therefore be the worst possible outcome, since it would preserve what neoconservatives view as an intrinsically totalitarian and expansionist regime while undercutting support for hawkish anti-Iran policies.»

• Enfin, une ligne encore plus radicale est celle tenue par Michael Ledeen. Pour lui, une seule issue est acceptable, – “regime change”, c’est-à-dire le renversement de la République islamique. L’originalité de Ledeen est qu’il pense que Mousavi n’est pas ce qu’on en fait ici et là, mais qu’il est déjà entraîné par le mouvement populaire et qu’il devient un dynamiteur potentiel du régime à cause de cela. Cette position, très solitaire chez les neocons, a conduit Ledeen à prendre violemment à partie certains de ses compères neocons.

«Ledeen also attacked as “embarrassingly silly” the views of Danielle Pletka and Ali Alfoneh, two fellow neoconservatives at the American Enterprise Institute (AEI). In a Tuesday op-ed in The New York Times, Pletka and Alfoneh had dismissed the opposition movement as “little more than a symbolic protest” that had been “crushed” by the Iranian Revolutionary Guard Corps (IRGC). For Ledeen, by contrast, “The most powerful leaders in Iran are facing a life and death showdown” and Mousavi’s aim is to bring down the Islamic Republic itself.»

Ainsi, le désordre washingtonien, notamment chez les neocons vaut bien celui de Téhéran. C’est une situation intéressante, qui ne s’est jamais présentée auparavant, sur un cas aussi essentiel, depuis que les neocons tiennent le haut du pavé de l’incitation idéologique maximaliste à Washington. Que ce soit l’Afghanistan, l’Irak, les “révolutions de couleur”, l’opposition à Poutine, le réseau anti-missiles, la crise géorgienne, etc., et l’Iran jusqu’à l’élection du 12 juin, les neocons et leurs amis de la droite interventionniste, accompagnés fermement par la droite likoudiste et associés à Tel Aviv sauf lorsque les intérêts directs d’Israël risquaient d’être contrariés (notamment sur les rapports avec la Russie), ont toujours parlé d’une seule voix et dans le même sens, suivant une même ligne et au quart de tour. Cette fois, on se bagarre ferme et les consignes volent dans tous les sens. On pourrait peut-être commencer à considérer, voire à concevoir que cette division spectaculaire et bruyante chez ceux qui furent jusqu’ici unis par une conception idéologique de fer et son application sans faillir dans un but commun représente un fait méritant réflexion pour juger précisément de la situation en Iran, ses tenants et ses aboutissants.


Mis en ligne le 19 juin 2009 à 15H01