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1124L’Union européenne, ou “l’Europe” si l’on veut, évolue avec la crise géorgienne de plus en plus vite vers une position où elle se trouve confrontée à ses problèmes les plus fondamentaux. Il est important de garder à l’esprit tous les éléments historiques pour comprendre cette évolution. Un point important est mis en évidence par Mary Dejevsky, dans un remarquable article qu’elle publie aujourd’hui dans
«The trouble is that while the “old” Europeans left past enmities at the door when they joined the EU – that was the whole point of joining – too many of the “new” Europeans saw the EU, like Nato, as a means of pursuing old quarrels from a new position of strength. Recent recriminations in “new” Europe about who did what under communism demonstrate how much is still not resolved. For these countries, the prospect of a new Cold War is ever-present quite simply because, for them, the old Cold War is not yet at an end.
»In 2000, Jacques Chirac's fears about EU enlargement drew reproaches of condescension and worse. The official US and British view was preferred; that these countries would form a “bridge” to Russia. Over time, though, M. Chirac looks more right than wrong. Popular European opposition to the Iraq war was less effective than it could have been because of divisions between “old” and “new” Europe that were well exploited by the US. As Iraq faded as an issue, EU efforts to reach a realistic and mutually beneficial relationship with Russia were repeatedly thwarted by a chorus of "new" Europeans warning of the worst.
»There are many reasons why the EU should review relations with Russia, most of which predate the recent conflict over South Ossetia. A mutual – yes, mutual – interest in reliable energy sales and supplies is one. Moscow's relations with the ethnic Russian populations living within the EU is another; and the permanent demarcation of post-Soviet borders, which requires a resolution of the so-called “frozen conflicts” such as South Ossetia, is a third.
»That discussions on all these issues are coloured by the very particular experience of the “new Europeans” is a good part of the explanation why no solutions are being reached. Alas, that failure is now water under a premature enlargement that has proved more of a block than a bridge.»
Cette vision, qui est implicite dans nombre d’esprit mais qui s’éclaire lorsqu’elle est transcrite dans un texte écrit, représente un point très important, qui relève de l’Histoire elle-même. Elle implique que l’élargissement à l’Est doit être perçu, dans la réalité des choses de préférence à la sentimentalité, comme une trahison de l’esprit des “Pères Fondateurs” de l’Europe auxquels nos éminences aiment tant se référer.
Certes, l’idée de l’Europe était fondamentalement une idée pacificatrice, par là entendant que la réunion au sein d’une même organisation de ses membres empêcherait désormais des conflits entre eux. C'était l'essence même de la pacification de l'Europe après un siècle et demi d'horribles conflits. Comment ce principe pouvait-il s’appliquer aux pays de l’Est puisqu’on les faisait entrer dans une organisation dont leur principal adversaire, passé et oppresseur, potentiel pour le présent ou perçu comme tel et ainsi de suite, s’en trouvait écarté? De quelle logique politique s’agit-il là, de la part de tous nos diplômés des universités et instituts de sciences politiques? C’est évidemment le contraire qui arriva: en entrant dans l’UE sans la Russie, tous ces pays apportaient avec eux une agressivité anti-russe qu’ils ne se tenaient absolument plus tenus de brider puisqu’ils faisaient désormais partie d’un ensemble aussi majestueux et respectable que l’UE, que personne n’oserait affronter jugeaient-ils, y compris et surtout la Russie. (Pour l’OTAN, bien sûr, ce fut la même chose, faut-il le dire, car les intentions initiales des partisans occidentaux de l’élargissement ne furent nullement anti-russes et l'on aboutit à l'exacerbation du sentiment anti-russe.)
Dit autrement, la sécurité après leur libération du communisme des anciens pays de l’Europe communiste, et la nôtre par conséquent comme le montre la crise géorgienne, dépendaient de leur maintien hors des blocs occidentaux, ou de leur intégration dans ces blocs en même temps que la Russie. Mais cette formule ne permettait certainement pas, mon Dieu non, tous les beaux discours que nous écoutâmes sans les entendre et tous les superbes communiqués que nous lûmes les yeux fermés. On comprend qu’elle n’ait jamais été considérée sérieusement.
Mis en ligne le 2 septembre 2008 à 13H11
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